L'USF et l'éternel grogne des utilisateurs SAP

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«J’ai besoin de construire une maison, SAP arrive avec une voiture!»

Par Thierry Derouet, publié le 21 novembre 2023

De retour de la convention annuelle de l’USF, organisée cette année à Nantes, le président de l’association des utilisateurs francophones de SAP, Gianmaria Perancin est revenu sur les motifs d’une grogne persistante.

Depuis février 2020, lorsque Christian Klein, PDG de SAP, a accordé un délai supplémentaire pour migrer d’ECC vers S/4Hana, c’est un peu toujours la même histoire entre le club des Utilisateurs de SAP Francophones (USF) et l’éditeur de Waldorf.

Grogne sur les évolutions tarifaires. Grogne sur le manque d’experts pour les accompagner. Grogne sur une innovation chez SAP qui ne passe désormais plus que par le cloud.

Fort de ses 3 700 membres venant de 450 entreprises et institutions publiques, l’USF n’arrive désespérément pas à faire de SAP un partenaire.

Ancien arbitre de football, le président de l’USF, Gianmaria Perancin, dit toujours vouloir privilégier la pédagogie, l’application de règles claires et la prise de décisions rapides. Mais voilà, avec SAP le compte n’y est pas !

Pour la deuxième année consécutive, l’éditeur va augmenter le taux des redevances de support pour ses offres on-premise : il s’alourdira au 1er janvier 2024 de 5 %.

En échange, pas de valeur métier, souligne notre interlocuteur, expert SAP chez EDF. Selon lui, l’éditeur s’est éloigné de cette préoccupation, plus enclin à pousser ses utilisateurs vers le cloud et bientôt l’IA.

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L’USF devrait-elle être perçue comme trop conservatrice lorsque Gianmaria Perancin reconnaît que la migration vers le cloud de SAP traîne des pieds ? « Certainement pas », explique-t-il. Car selon lui, comment ignorer le fait qu’obtenir la certification SecNumCloud est actuellement hors de portée pour ceux souhaitant adopter l’offre Rise de l’éditeur ? Et d’espérer que les offres de S3NS (Thales / Google Cloud) ou Bleu (Orange / Capgemini / Microsoft) puissent, dans un futur proche, offrir des garanties aux utilisateurs préoccupés par le non-respect du RGPD de la part d’hyperscalers américains soumis à des lois d’extraterritorialité.

Pour les membres de l’USF, la migration vers le cloud ne se résume pas à un simple défi technologique. C’est d’abord une dette technique colossale qui ne peut être reprise que par des experts de chacun des domaines portés par SAP.

Bien que Gianmaria Perancin reconnaisse que cette transition offre une opportunité de repenser les processus, encore faut-il aussi convaincre des métiers que cette transformation est désormais inéluctable.

Et si l’USF ne veut pas pour le moment entendre parler de Joule (voir encadré), c’est que… ce n’est pas le moment ! Et de regretter que SAP semble aujourd’hui bien plus motivé à répondre aux sirènes des marchés financiers en parlant d’IA générative qu’à apporter du soutien à ses utilisateurs pour passer au cloud.

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Annoncé par SAP fin septembre, l’assistant d’IA générative Joule sera progressivement intégré à tous les modules de l’ERP, des RH aux finances, en passant par la chaîne logistique, l’approvisionnement et l’expérience client.

L’IA entre également de plain-pied dans les outils de développement de l’éditeur. Nouveau venu dévoilé à l’occasion de TechEd 2023, SAP Build Code se superpose à l’environnement de développement low-code SAP Build annoncé au TechEd précédent pour « favoriser la coopération entre les experts-métier ».

Les développeurs ont aussi droit à AI Foundation, portail à partir duquel ils pourront créer et exposer des extensions et applications alimentées par l’IA (générative ou non). Reste que, pour profiter de SAP Build et de l’IA, il faut être sur la version cloud de l’ERP…


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