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Gianmaria Perancin (USF) : « En tant qu’ancien arbitre de football, j’aime que les règles soient claires ! »

Par Thierry Derouet, publié le 27 octobre 2023

Pour évoquer la migration complexe vers S/4HANA, l’incompréhension persistante des augmentations tarifaires, l’inquiétude vis-à-vis de la stratégie tout cloud et d’autres sujets à propos des utilisateurs de SAP, Gianmaria Perancin, président de l’USF, l’association des utilisateurs francophones de l’éditeur de Walldorf, est notre invité de la semaine.

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Gianmaria Perancin occupe la présidence de l’USF, qui représente les utilisateurs des solutions SAP en France et en Suisse romande. Avec 450 adhérents, dont des entreprises et des administrations publiques, l’USF totalise près de 3700 membres. Une grande partie de ces membres provient du CAC 40 et du SBF 120. Gianmaria Perancin est également à la tête du SUGEN, le SAP User Group Executive Network. Ce réseau international rassemble différentes associations d’utilisateurs de SAP et vise à consolider les demandes de ces utilisateurs auprès de SAP à l’échelle mondiale.

Il est important de noter que l’USF maintient une indépendance financière vis-à-vis de SAP, ce qui lui garantit une liberté de parole absolue. Cette voix des utilisateurs est notamment recueillie lors de la convention annuelle de l’USF. Gianmaria Perancin nous partage, dans cet entretien, les retours d’expérience collectés lors de cette récente convention.

Un débat commun : le débat entre le cloud et le « on-prem »

Gianmaria Perancin, lors de son interview, a évoqué les défis auxquels sont confrontées différentes régions en matière de solutions SAP. Bien que des problématiques comme la transition vers S/4HANA et le choix entre le cloud et les solutions “on-prem” (sur site) soient répandues à travers le monde, certaines spécificités régionales se démarquent. Dans les pays latins et latino-américains, la priorité est mise sur la “localisation”, c’est-à-dire l’adaptation des systèmes pour respecter les réglementations locales. Par contre, l’innovation et l’exploration de l’intelligence artificielle sont davantage à l’ordre du jour dans les pays nordiques et anglo-saxons. Toutefois, une constante demeure : les questions de coûts, qui préoccupent toutes les régions sans exception.

Des hauts et des débats avec SAP

Dans cette vidéo, notre intervieweur a souligné que, depuis leur dernier entretien il y a deux ans, les relations entre l’USF et SAP semblent avoir pris un tournant plus tendu. En réaction, Gianmaria Perancin reconnaît que les relations avec SAP connaissent des hauts et des bas. Actuellement, l’un des sujets de friction majeurs est la stratégie de SAP axée entièrement sur le cloud. Il cite l’avis du club utilisateur allemand, le DSAG (Deutschsprachige SAP-Anwendergruppe), qui prône une stratégie “cloud first” mais s’oppose à une approche “cloud only”. La raison est que bon nombre des clients historiques de SAP continuent d’utiliser des solutions “on premise”. Ces entreprises, satisfaites de leurs systèmes actuels, ne ressentent pas l’impératif de passer intégralement au cloud. L’USF sollicite de SAP une démonstration claire des avantages d’un tel passage au cloud, en insistant sur le fait que cette transition doit apporter une réelle plus-value métier, et non se limiter à un simple changement technique.

L’USF attend mieux de SAP

Au sujet de la hausse de 5 % des tarifs de maintenance imposée par SAP, évoquée dans un éditorial de l’USF, Gianmaria Perancin note que si d’autres éditeurs ont réclamé des augmentations plus conséquentes, cette hausse de 5 % en France est attribuable à l’inflation. Cependant, il pointe du doigt l’absence de transparence de SAP concernant les services ou les améliorations que les clients obtiendront en retour de cette augmentation, engendrant des doutes légitimes. Si SAP se limite à offrir des mises à jour réglementaires et des correctifs sans apporter une valeur ajoutée concrète, l’USF exprimera son mécontentement. Il fait aussi référence à la récente sortie d’une nouvelle version de S/4HANA par SAP, tout en critiquant le délai entre l’annonce de l’augmentation et la présentation de cette mise à jour. M. Perancin exprime son inquiétude face à l’instabilité supplémentaire introduite par SAP dans un contexte mondial déjà précaire. Il souligne l’importance pour SAP d’être un partenaire stratégique fiable, en étant réactif face aux interrogations et en clarifiant ses plans d’action.

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À la question de la compréhension des tarifs de SAP, en particulier les différences entre le « pay as you go », le « platform engagement agreement » et la « souscription pure », Gianmaria Perancin explique que le « pay as you go » est un système où l’on paie à l’unité, souvent utilisé pour des tests ou des solutions temporaires. En revanche, les deux autres options impliquent un engagement plus long. Il souligne que SAP ne communique pas toujours clairement ces différences aux clients avant la signature d’un contrat. Certains membres de l’USF ont été surpris par des changements inattendus après avoir choisi une option. Gianmaria insiste sur l’importance de règles claires dès le départ pour établir une relation saine. Il pense que SAP doit améliorer sa communication, en particulier entre son siège à Waldorf et ses unités locales, car il y a parfois des lacunes d’information. Il mentionne avoir découvert des informations que même certains commerciaux de SAP ne connaissaient pas, ce qui est préoccupant.

Bleu et SENS comme partenaires souhaitables

Gianmaria Perancin confirme que SAP oriente clairement sa stratégie vers le cloud. Il observe que, bien que des offres cloud existent, elles sont souvent associées aux géants du secteur, posant des problématiques de localisation en Europe et plus particulièrement dans les pays latins. En Allemagne, une initiative avec Arvato, qui semble s’appuyer sur Azure, offre des perspectives intéressantes. Cependant, de telles avancées ne sont pas encore visibles en France. L’USF encourage SAP à explorer des alternatives comme Bleu ou SENS, qui reposent sur des plateformes déjà connues de SAP, à savoir Azure et Google Cloud Platform. M. Perancin espère que cela pourrait inciter plus d’entreprises à se tourner vers le cloud. Il évoque également OVH, une société d’hébergement qui supporte des solutions SAP, mais qui ne correspondent pas vraiment à la vision “cloud” de SAP. En conclusion, il met en avant les défis auxquels est confronté le secteur public en ce qui concerne le cloud, notamment en raison de réglementations strictes en matière de sécurité et de conformité. Actuellement, il s’interroge sur le nombre d’organismes publics capables d’adopter les solutions cloud de SAP étant donné ces contraintes.

L’USF sollicite SAP pour qu’il se penche davantage sur les enjeux de conformité et de sécurité liés à ses solutions cloud, notamment pour les institutions publiques françaises. Bien que l’accord ait été donné par SAP France pour travailler sur ce sujet, la progression est freinée par des contraintes de temps et de disponibilité, notamment parce que Gianmaria Perancin et d’autres membres de l’USF exercent leurs fonctions à titre bénévole. L’importance de collaborer étroitement avec le directeur juridique de SAP France est mise en avant pour avancer efficacement sur ces questions. Par ailleurs, M. Perancin évoque le cas de certaines entreprises utilisant SuccessFactor dans les centres de données de SAP. Ces entreprises ont été surprises d’apprendre que leurs données seraient transférées chez AWS à Francfort, générant des inquiétudes sur la conformité. De tels incidents renforcent la réticence des entreprises françaises vis-à-vis du passage au cloud.

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