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Gouvernance

L’IT est-elle soluble dans le digital ?

Par La rédaction, publié le 02 octobre 2016

La transformation digitale relance la question du rôle et de la place des directions des services informatiques auprès des métiers. Elle soulève un paradoxe : malgré la complexité inhérente aux technologies de l’ère numérique, les métiers sont de plus en plus prompts à lancer des initiatives digitales intégrant de moins en moins la DSI dans leurs choix. Alors que l’informatique n’a jamais été aussi stratégique pour la croissance de l’entreprise, elle est menacée d’exclusion des opérations digitales. Nous sommes convaincus du rôle essentiel de la DSI pour participer à la transformation digitale. Pour ce faire, celle-ci doit déterminer la valeur qu’elle peut apporter à l’entreprise et aux métiers. La DSI a en effet un rôle central à jouer, ne serait-ce que pour satisfaire aux nouvelles exigences de sécurité imposées par le digital ; de cohérence et de compatibilité des nouvelles technologies avec les systèmes existants. Comment concilier réactivité et sécurité, innovation et cohérence ? Comment arbitrer entre contrôle et décentralisation ? Sur ce dernier point, plusieurs approches sont possibles et dépendent de la maturité des technologies, des capacités et compétences du département IT et, bien sûr, de l’activité de chaque entreprise. Certaines technologies pourront ainsi être pilotées par l’IT et d’autres par les métiers.

Quel que soit l’arbitrage, les technologies digitales revisitent les relations entre les métiers et les DSI. Elles imposent de nouveaux compromis et de nouveaux modes de collaboration où les méthodes agiles ont toute leur place. Les DSI deviennent alors dans cette configuration de véritables partenaires, des intégrateurs et une force de proposition avec un rôle de conseil.

En premier lieu, les initiatives digitales engagées par les métiers peuvent conduire à un ensemble complexe de technologies souvent incompatibles entre elles et donc susceptibles de freiner de potentielles synergies, faisant, in fine, grimper les coûts. Les DSI peuvent établir des standards de base clairs et homogènes afin de sécuriser et harmoniser l’architecture digitale tout en préservant la souplesse et l’autonomie indispensables à l’innovation. Pour cela, il est essentiel que la DSI développe sa compréhension des technologies digitales et travaille étroitement avec les métiers. Les innovateurs comme Amazon mettent en place des équipes communes afin de partager la vision de chacun, s’entendre sur des grands principes directeurs et laisser ensuite chacun poursuivre ses objectifs de façon autonome.

Un second axe prometteur pour les DSI consiste à intégrer les nouvelles expériences et données clients nées des applications digitales dans le « patrimoine » existant de l’entreprise afin de réaliser pleinement la valeur du digital. Pour ce faire, les DSI doivent développer leurs compétences sur des technologies telles que l’automatisation des processus robotisés ou les référentiels de stockage de données, les Data Lakes. L’objectif final est d’offrir aux clients une expérience fluide de bout en bout. Le DSI a un rôle clé à jouer pour permettre ces parcours clients intégrés.

Enfin, beaucoup d’entreprises sont confrontées à la coexistence complexe des technologies digitales agiles en constante évolution et leurs architectures historiques. L’enjeu pour les groupes est d’implémenter rapidement ces nouvelles technologies, ce qui n’est parfois pas une chose aisée. Or, pour apporter de la flexibilité, de nombreuses solutions existent reposant sur le cloud comme les plateformes d’intégration comme un service (iPaaS), ou encore des outils hybrides permettant l’intégration des environnements du cloud avec les ordinateurs centraux. Les DSI auront également à relever le défi de la gestion des énormes volumes de données (structurées et non structurées) produits par ces nouveaux processus d’intégration. Elles devront investir des champs de compétences tels que le Master Data Management. Elles devront enfin conseiller l’entreprise non seulement sur ses choix technologiques, mais également sur les processus de gouvernance pour la gestion de ces données massives dans toutes les géographies où l’entreprise est implantée.

On le voit bien, la transformation digitale appelle une implication forte de ses équipes afin d’assurer dans les meilleures conditions le déploiement agile des nouvelles technologies. Pour ce faire, la DSI — qui a eu parfois tendance à se percevoir comme un fournisseur de services à l’entreprise —, doit se repositionner, redéfinir sa valeur et collaborer avec les métiers à travers des équipes multidisciplinaires. 

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