La Generation Z est en quête de liberté et la chasse aux freelances IT est lancée.

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La chasse aux freelances IT s’organise

Par François Jeanne, publié le 20 juin 2022

Alors que les talents à recruter manquent cruellement aux DSI, le nombre de freelances augmente régulièrement. La chasse aux freelances IT s’intensifie. Les plateformes historiques qui les mettaient en relation évoluent donc pour traiter des volumes inédits. La promesse : une présélection des profils et les facilités du portage commercial. Suffisant pour rassurer définitivement les départements juridiques sur ce nouveau sourcing de talents ?

Augmentation de capital pour LeHibou, avec 6 M€ levés pour soutenir une croissance en Europe. Changement de nom pour Club Freelance qui devient Mindquest, et assume ainsi son rôle de portage commercial auprès des entreprises, voire de cabinet de recrutement. Témoignages d’entreprises clientes chez Comet (Société Générale, Stime, etc.) pour relater leurs nouvelles façons de recruter et de fidéliser les indépendants.

Les plateformes, qui jouaient jusqu’ici un rôle d’intermédiaires entre quelques experts recherchés et les DSI, changent de braquet face à l’explosion du phénomène freelance. « Nous voyons arriver des professionnels plus jeunes sur ce marché », constate par exemple Christophe de Becdelièvre, CEO chez LeHibou. « Nos clients planifient aujourd’hui des recrutements en volume », relate Ronan Cloarec, managing director chez Comet.

Et cela fonctionne : à raison de 15 à 20 % facturés aux entreprises sur le TJM (tarif journalier moyen) du freelance, les plateformes connaissent des croissances spectaculaires : +82 % et 31 M€ de CA en 2021 pour Le Hibou, +65 % et 40,6 M€ de CA pour Comet, par exemple.

Un phénomène difficile à mesurer

Il est pourtant difficile de quantifier précisément le phénomène. Tout comme le nombre d’indépendants. Les acteurs font donc un mix de statistiques d’origine américaine, de chiffres de la Dares ou encore de leur intuition que la période actuelle ne peut que renforcer l’envie d’un certain nombre de professionnels de choisir ce statut.

La somme de tout cela ? « Sur les 800  000 journées x hommes sous-traitées chaque jour, entre 40 % et 60 % sont confiées à des indépendants », estime Ronan Cloarec. « Nous devrions finir par flirter avec les chiffres américains, c’est-à-dire 50 % de freelances dans la profession, complète Melchior du Boullay, group general manager de Mindquest. Il y a déjà eu une croissance de 25 % du nombre de professionnels entre 2020 et 2021. »

On pourra y voir plusieurs explications. Côté offre, des verrous ont sauté avec la pandémie et le constat que travailler à distance n’était pas si difficile, pour l’indépendant comme pour le client. L’envie de quitter la ville et de mieux concilier vie perso et vie pro, en gagnant toutefois bien sa vie, fait le reste. Côté demande, une vraie pénurie des talents, alimentée par une « grande démission » qui touche en particulier les ESN – 23,5 % de turn-over au niveau mondial chez Capgemini…

Au final, un vrai effet boule de neige : il est plus facile de s’imaginer une vie de freelance dans l’IT aujourd’hui, car le travail ne risque pas de manquer, du moins dans l’immédiat.

Une relation à inventer

Et à l’inverse, du côté des DSI et des recruteurs, impossible de négliger une telle source de compétences ? « Nous sommes aujourd’hui sollicités par de grandes entreprises. Les réticences, notamment juridiques, s’atténuent face à la nécessité de staffer les équipes sur des projets toujours aussi nombreux », confirme Ronan Cloarec.
« Nous sommes aujourd’hui capables de nous engager sur des équipes plus importantes, et de proposer des remplacements rapides en cas de défection d’un indépendant », confirme Melchior du Boullay.

Reste que le mouvement n’en est qu’à ses débuts, et est largement tu par des entreprises encore mal à l’aise avec le recours à ces non-salariés. Il leur faudra aussi apprendre à se comporter avec des « collaborateurs » qu’elles ne tiennent ni par le salaire à la fin du mois, ni par la promesse d’une carrière qu’ils ont choisi de se construire eux-mêmes…
Toute une politique RH à revoir ?

 


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