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La transformation numérique va bien au-delà des technologies

Par Laurent Delattre, publié le 14 novembre 2018

Selon Gartner, les institutions financières classiques sont amenées à disparaitre d’ici 2030 si elles ne changent pas radicalement de modèle. Une analyse qui vaut pour tous les secteurs…

À trop se focaliser sur l’implémentation des nouvelles technologies, les entreprises oublient que pour être compétitif dans une société numérique, c’est toute leur organisation, leur culture et leur façon d’aborder le business qu’elles doivent changer. C’est du moins ce que laisse entendre la dernière étude « 2018 CEO Survey » du Gartner. Portant sur l’univers financier, le cabinet d’analyse estime que d’ici 2030, 80% des organisations financières traditionnelles seront confrontées à une chute drastique de leurs activités, qu’elles deviendront une commodité ou qu’elles continueront à exister de fait, mais sans réellement jouer un rôle sur le marché.
Dans un monde où les plateformes digitales globales, les Fintech et autres acteurs disruptifs ne cessent de gagner des parts de marché – utilisant les technologies pour faire évoluer les modèles économiques – les entreprises traditionnelles vont devoir se battre pour rester pertinentes. « La transformation digitale restera un mythe tant que les mentalités, les processus et les organisations des entreprises n’évolueront pas », ajoute David Furlonger, vice-président et analyste au Gartner en charge de cette étude.

Si l’étude porte uniquement sur le secteur financier, les remarques valent aussi pour toutes les entreprises. Inutile d’aller chercher très loin pour comprendre ce que le Gartner entend réellement. Il suffit en effet de constater à quel point la majorité des entreprises traditionnelles peinent sur une « simple » réorganisation de leurs équipes IT quand elles cherchent à mettre en place la philosophie DevOps. Fières d’avoir implémenté une usine logicielle qui « techniquement » marche à la perfection, elles en oublient que DevOps est d’abord une nouvelle façon de travailler ensemble qui suppose un changement radical des mentalités. Alors si une évolution qui ne touche qu’une infime partie de l’entreprise est si dure à réaliser, que dire d’une transformation globale qui toucherait l’ensemble des collaborateurs, du service RH à la direction financière sans oublier le marketing, le commercial, etc. ?

« La plus grosse erreur commise par les institutions financières est de trop mettre l’accent sur les technologies », poursuit David Furlonger. Selon l’analyste, elles devraient s’intéresser davantage à l’élaboration d’une stratégie digitale et fixer un objectif à atteindre et après, mais seulement après, se donner les moyens techniques d’y parvenir. Là encore, la remarque vaut aussi pour toutes les entreprises : les technologies ne sont qu’un moyen, pas une fin en soi. Disposer du système d’information le plus up-to-date de la planète ne compensera pas une organisation qui manque de vision à long terme, empêtrée de surcroit dans ses strates hiérarchiques qui ralentissent la prise de décision. Il est urgent de transformer son organisation pour survivre dans la société numérique…

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