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Les approximations de Montebourg

Par La rédaction, publié le 30 novembre 2012

« Alcatel-Lucent pâtit aussi du désamour des opérateurs français »

En incriminant indirectement Free et en accusant le gouvernement Fillon d’avoir déstabilisé Alcatel-Lucent par l’introduction d’un quatrième opérateur mobile, Arnaud Montebourg a-t-il eu raison ? Certes, la forte pression concurrentielle subie par les opérateurs figure parmi les causes des maux d’Alcatel-Lucent en France, laquelle pression se répercute ensuite sur les équipementiers télécoms.

Pour bâtir son réseau cellulaire, Free Mobile a opté en 2010 pour Nokia Siemens, en difficulté sur le marché hexagonal et qui a cassé ses prix pour conquérir ce contrat. Mais l’irruption de Free n’est pas la seule raison des difficultés d’Alcatel-­Lucent. Il pâtit aussi d’un ­dés­amour de la part des opé­rateurs français qui préfèrent, pour des raisons techniques, se tourner vers Ericsson ou Huawei.

Devenus des références mondiales en matière d’innovation dans la téléphonie mobile 3G et 4G, avec des antennes-­relais plus économes en énergie et multitechnologies en radio, le Suédois et le Chinois engrangent les succès, tel le contrat remporté avec Bouygues Telecom. Et, si Orange a retenu Alcatel-Lucent pour son réseau 4G sur la région marseillaise, rien ne dit que ce choix sera confirmé sur d’autres régions. De même, SFR viendrait aussi de préférer Nokia Siemens à Alcatel-Lucent, pour remplacer des antennes-relais.

Il faut enfin comprendre que pour Alcatel, l’Hexagone n’est plus aussi stratégique, ne représentant qu’une fraction des 30 % des revenus réalisés en Europe. Son centre de gravité pen­che de plus en plus vers l’Asie. Enfin, Alcatel-­Lucent continue de mal digérer la fusion franco-américaine survenue en 2005. L’action du groupe se traîne, les pertes trimestrielles sont légion et l’équipementier « brûle » de la trésorerie, d’où la nécessité de cessions régulières d’activités apportant de l’argent frais. Où s’arrêtera cette spirale « descendante » ? La réponse ne se trouve pas forcément dans la concurrence exacerbée du marché français des opérateurs mobiles. 

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