Les entreprises françaises manquent de maturité sur la Data ce qui impacte leur capacité d'innovation

Data / IA

Les entreprises françaises sous-exploitent encore leurs données

Par Marie Varandat, publié le 06 octobre 2022

Selon une étude réalisée par Splunk, plus une entreprise est mature sur la gestion de sa data, plus ses profits augmentent et plus elle est capable d’innover. À la traîne dans ce domaine, les entreprises françaises semblent encore avoir du mal à capitaliser sur l’ensemble de leur patrimoine de données.

Les entreprises matures sur la gestion de ses données lanceraient neuf nouveaux produits sur le marché chaque année, contre seulement trois pour celles qui n’exploitent pas pleinement leurs informations. Résultat, elles enregistrent une augmentation moyenne de 9,5% de leurs bénéfices bruts. Plus innovantes, ces entreprises prennent aussi de meilleures décisions, ce qui leur permet de devancer leurs concurrents sur le marché selon une étude mondiale de Splunk, en collaboration avec Enterprise Strategy Group.

Réalisée de mai à juin 2022 auprès de 2 000 responsables IT, leaders de la sécurité et décideurs métier dans neuf pays (Australie, France, Allemagne, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Singapour, Royaume-Uni et États-Unis), cette étude dénonce également le retard français sur l’exploitation de la data.

Une maturité qui augmente progressivement

Pour arriver à ces conclusions, Splunk a classé les entreprises selon trois principaux degrés de maturité en fonction de six critères : capacité à classer, agréger et gérer la qualité des données ainsi que les compétences d’analyse, les outils d’analyse et la supervision des données.

Premier constat, le nombre d’entreprises entrant dans la catégorie des Leaders (excellence dans les six critères) n’a pas bougé entre 2021 et 2022 : il est toujours estimé à 9%.

Le nombre d’entreprises en situation intermédiaire (3 à 5 critères), a lui, en revanche, fortement augmenté : il est passé de 35% en 2021 à 42% en 2022.

Côté « Beginners » (de 0 à 2 critères), on constate logiquement une baisse : 50% en 2022 contre 56% en 2021.

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Autrement dit, la maturité sur la gestion des données augmente globalement même si la moitié des entreprises interrogées n’en sont encore qu’au stade de débutantes selon la classification retenue par Splunk. La stagnation du nombre de leaders illustre la difficulté de passer à l’échelle et l’importance de la marche à franchir pour passer du stade intermédiaire au stade supérieur.

L’étude Splunk classe la maturité Data des entreprises en trois catégories en s’appuyant sur six critères ; classification, agrégation, qualité, analyse, outils BI & ML, supervision.

Autre information parlante de l’étude, les entreprises les plus matures sont aussi celles qui subissent le plus de pression face à la croissance exponentielle du volume d’informations: 67 % des leaders de l’innovation orientée données affirment ressentir une forte pression contre seulement 41 % des organisations de niveau intermédiaire et 15 % des débutantes. Dit autrement, l’explosion des volumétries est un moteur pour encourager les entreprises à accélérer l’innovation orientée données.

Des démarches et des difficultés spécifiques à chaque secteur

Si le besoin de mieux gérer ses données touche l’ensemble des entreprises, l’étude constate en revanche de grandes disparités dans les investissements selon les secteurs d’activités.

Globalement, toutes les entreprises cherchent à innover pour mieux fidéliser leurs clients en leur proposant des services à valeur ajoutée. De ce côté-là, rien de nouveau sous le soleil. Le secteur de la Finance mise sur l’IA et le ML : 79% des organisations ont adopté ces technologies, soit 12% de plus que la moyenne, tous secteurs confondus (67%). La coordination des équipes data reste pour ce secteur le principal challenge à relever.

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Dans le retail, un des secteurs les plus avancés avec 10% de « Leaders » et l’un des plus sensibles à l’expérience client, la priorité est donnée à des produits toujours plus innovants et aux revenus issus de la monétisation des données. Là encore la coordination des équipes reste un point d’achoppement (34%), suivie par un cycle d’innovation considéré encore comme trop long (31%).

Également très avancé avec 11% d’organisations classées Leader, le secteur de la santé se focalise sur la structuration de ses données et adopte largement l’IA et le ML pour innover. Contrairement au retail et à la finance, la coordination des équipes n’arrive qu’en troisième position dans les difficultés rencontrées, ce secteur étant encore confronté à beaucoup de scepticisme sur la valeur des données : 36% des responsables ne voient pas en quoi les données peuvent favoriser l’innovation !

Sans surprise, le secteur de l’industrie préfère se focaliser sur leur chaine logistique (54%) et sur l’opérationnel (49%). Là encore la coordination des équipes data reste un point sensible (31%) mais ces entreprises seraient aussi confrontées à des problématiques de format et de qualité des données, probablement héritées des données collectées par les réseaux OT encore peu ou pas intégrés à l’IT.

Parmi les autres secteurs étudiés dans le cadre de l’étude, il convient de souligner que le secteur public se distingue également avec une démarche très particulière : 20% des organisations consacrent plus d’un quart de leur budget IT aux solutions data et aux compétences nécessaires pour étudier, analyser et exploiter les données, soit un montant largement supérieur à la moyenne intersectorielle qui est de 8 %.

La donnée est un moteur d’innovation qui permet d’améliorer les services. Les priorités évoluent en fonction de la maturité des entreprises mais également en fonction de leur secteur d’activité.

Un patrimoine encore sous-exploité en France

L’étude a également cherché à mesurer le pourcentage de données exploité par les entreprises et dans ce domaine, on ne peut que regretter le retard accusé par les organisations françaises, tous secteurs confondus : seulement 9% de nos entreprises estiment exploiter 71% à 80 % de leurs données. Au Royaume-Uni, en Australie et en Inde, le pourcentage s’élève respectivement 15 %,17 % et 18 %.

Quelles nouvelles technologies les leaders adoptent-ils pour soutenir leurs efforts d’innovation en matière de données?
La technologie la plus mature se révèle être l’analytique dans le cloud (en mode SaaS donc). Elle est sans surprise la plus répandue. Suivent l’IA/ML, le edge computing et l’observabilité qui, tous, se trouvent dans différentes phases d’adoption accélérée.

C’est d’autant plus regrettable que comme le souligne Ammar Maraqa, directeur stratégique de Splunk, « l’innovation orientée données vous donne un avantage énorme. Les organisations qui investissent massivement dans la collecte et l’utilisation de leurs données disposent d’une visibilité complète sur leurs systèmes numériques et leurs performances commerciales, ce qui facilite leur adaptation et leur réponse en cas de perturbations, de menaces de sécurité et d’évolutions des conditions de marché. »


Pour en savoir plus :

The Economic Impact of Data Innovation 2023
The Economic Impact of Data Innovation 2023 – Industry Insights


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