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Les mines d’or du numérique

Par La rédaction, publié le 26 avril 2013

Notre époque est à l’aube d’une série de mutations technologiques comme l’humanité en a connu moins d’une dizaine (métier à tisser, imprimerie, machine à vapeur, électricité…)

Ruiné, ce bon vieux Lord Keynes ! L’ampleur quasi historique des déficits et des dettes des Etats interdit en effet toute relance de l’activité par la dépense publique. Dépassé, ce cher Milton Friedman, maître à penser des banquiers centraux obsédés par la lutte contre l’inflation ! Les taux d’intérêt ont beau être quasiment nuls dans tous les grands pays et les banques centrales peuvent encore se faire violence pour gonfler leurs bilans d’actifs de plus en plus douteux, rien n’y fait : le crédit ne repart pas. Rien n’est plus difficile que de vouloir faire boire un âne qui n’a pas soif.

On l’aura compris : les grands leviers de la politique économique, qui permettent en temps normal de rythmer la marche des affaires, sont hors d’usage. Comment, dès lors, relancer la croissance ? Si l’on arpente le Panthéon des économistes, tendance Schumpeter, le chantre de l’entrepreneur et de l’innovation, c’est l’économie d’en haut, celle de la finance globalisée, qui a plongé l’économie d’en bas dans la crise. Qu’à cela ne tienne ! C’est l’économie d’en bas qui remettra à flot celle d’en haut.

Un scénario tout sauf utopique : notre époque est en effet à l’aube d’une série de mutations technologiques comme l’humanité en a connu moins d’une dizaine (roue, métier à tisser, imprimerie, machine à vapeur, électricité, information…). La première mutation sera énergétique, nous entraînant vers un modèle plus économe et plus intelligent (smart grids, productions décentralisées…) ; la deuxième sera industrielle, avec l’arrivée de nouveaux robots aux capacités décuplées par rapport à celles de leurs ancêtres. La troisième mutation portera sur l’analytique, qui exploitera les nouveaux territoires explorés par le big data, cette capacité à traiter des masses d’informations gigantesques afin de leur donner du sens. Un marché estimé à 23,8 milliards de dollars d’ici à 2016, selon le cabinet IDC.

Enfin, un quatrième bouleversement devrait intervenir. Il sera serviciel, s’appuyant sur des objets devenus intelligents. En 2020, 50 milliards d’entre eux seront ainsi reliés par Internet. Pour le moment, on entrevoit à peine la multitude de nouveaux services sophistiqués qui pourront être rendus, notamment aux personnes. D’ores et déjà, il suffirait que chaque famille consacre l’équivalent de trois heures par semaine à payer ces nouveaux services pour que soient créés deux millions d’emplois à temps plein.

Et qui irriguera ces mutations ? Le numérique, bien sûr. Si la France sait surfer sur la vague, ce secteur pourrait assurer le quart de la croissance au cours des prochaines années, sans compter l’énorme bond en avant de productivité que son utilisation provoquerait dans toutes nos administrations abruties de paperasses. L’effet d’entraînement serait d’autant plus puissant que la France a du retard : la moitié seulement des PME ont un site Internet, et le taux d’acclimatation aux nouvelles technologies est inférieur de 30 % à la moyenne européenne. C’est maintenant qu’il faut mettre les bouchées doubles. Car à trop attendre, c’est le décrochage qui sera au bout de la route.

Emmanuel Lechypre, journaliste de BFM Business

Emmanuel Lechypre, journaliste de BFM Business

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