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Les prévisions du Forrester pour 2022…

Par Laurent Delattre, publié le 04 janvier 2022

Deviner ce qui attend les DSI dans les mois à venir est un exercice de style obligatoire en début d’année pour tout cabinet d’analystes. Après celles du Gartner, voici les prédictions 2022 du Forrester.

Le Forrester s’est livré à un grand nombre de prédictions regroupées par thématiques. Parmi cette multiplicité de prévisions et d’anticipations, nous en avons retenu 12 à caractère plus stratégique que technique. Douze prévisions qui devraient, selon nous, retenir l’attention des DSI car elles ont un impact direct ou indirect sur leurs stratégies…

1- Les DSI passeront de la transformation numérique à la transformation centrée sur l’humain.

Ce n’est pas la première fois que le cabinet d’analyse évoque la fin d’une première phase de transformation numérique. Les entreprises qui l’ont déjà bien entamé découvrent que le chemin ne fait que commencer. Si certains évoquent une transformation 2.0, Forrester lui voit plutôt un changement de focus avec une transformation désormais centrée sur l’humain pour mettre en œuvre des initiatives qui fusionnent étroitement l’expérience client (CX) et l’expérience employés (EX).
Par ailleurs, Forrester prédit que 10 % des dirigeants tech donneront également la priorité aux investissements dans les partenariats stratégiques et les pratiques d’innovation à un rythme trois fois supérieur à celui de leurs concurrents.

2 – Une pénurie des talents technologiques créera de larges lacunes jusqu’à ce que les nouveaux modèles de sourcing se généralisent.

À la rareté des talents dans certains domaines IT (data-science, cybersécurité, quantique, kubernetes…), viennent désormais s’ajouter pour les DSI le phénomène de la « Grande Démission » (qui ne touche pas que les USA, mais impactent également l’Europe) et la difficulté à séduire des nouveaux profils générationnels plus intéressés par la flexibilité de l’emploi et l’image de l’entreprise que par le salaire.
Selon Forrester, « les entreprises du secteur des technologies de l’information sont confrontées à un taux d’attrition de 13,8 %, ce qui reflète la lenteur de l’évolution vers des stratégies de recrutement adaptées à l’avenir. Les entreprises adaptées à l’avenir utiliseront des architectures basées sur le cloud et les plates-formes et adopteront des solutions low-code/no-code pour réduire leurs besoins en compétences techniques les plus avancées ».

3- L’accélération rapide et forcée de la technologie aggravera la dette technologique de 60 % des entreprises.

C’est l’un des effets de bord de l’accélération de la transformation numérique. En accélérant le développement de nouvelles expériences hybrides, en multipliant les nouveaux projets dans le cloud, les entreprises ont également aggravé la dette technique. Et le problème va devenir flagrant en 2022.
Selon Forrester, « pour 55 % des entreprises dans le monde, le fait de privilégier la vitesse sur la maintenance entraînera une augmentation de la dette technologique, ce qui compromettra davantage leur capacité à moderniser leur organisation informatique ».

4- La stagnation des modèles opérationnels (les xOPS) va handicaper les projets de transformation : 50% de ces derniers n’atteindront pas leurs objectifs.

DevOps, AIOps, MLOps, etc… Les modèles opérationnels se multiplient mais leur impact organisationnel et culturel est tel que leur mise en œuvre prend souvent plus de temps qu’espéré. Il en résulte une relative stagnation qui impacte le bon déroulement des projets de transformation. Cette stagnation freine les capacités d’innovation. Les DSI doivent accélérer leur adoption de l’Agile et de DevOps, leur maîtrise de l’open source, accroître l’autonomie des équipes en créant des équipes produits multidisciplinaires.

5- Seulement 10% des DSI auront des objectifs alignés aux revenus de l’entreprise

La performance des équipes IT continue d’être mesurée selon d’anciens critères. Et la performance des DSI reste trop souvent mesurée sur les économies IT réalisées plutôt que sur l’augmentation du CA qu’elle a favorisé. Ce n’est pas nouveau, mais apparemment ce n’est pas en 2022 que ça changera…

6- Le Greenwashing va diminuer, les entreprises embauchant des CSO (Chief Sustainability Officer)

En 2021, seulement 34% des consommateurs accordent du crédit aux déclarations des entreprises lorsqu’elles revendiquent investir pour réduire leur empreinte écologique.
Pour passer des vœux pieux aux initiatives concrètes, le nombre d’entreprises européennes créant un poste de Chief Sustainability Officer va croitre de 25% en 2022. Les relations entre CSO et DSI promettent d’être mouvementées…

7- En 2022, les entreprises européennes vont investir entre 2,4 et 3,3 milliards d’euros dans l’automatisation pour stimuler la productivité.

Selon Forrester, « en 2021, les entreprises européennes ont investi dans des outils d’automatisation de la productivité des employés, tels que l’automatisation des processus numériques, les plateformes décisionnelles numériques, l’optimisation de la main-d’œuvre et l’automatisation des processus robotiques (RPA). En 2022, cette tendance se poursuivra, notamment dans les secteurs à bas salaires, dont le commerce de détail et l’hôtellerie ».

8- Le nombre d’applications liées au mode de vie et gérées par les banques va doubler en raison de l’ouverture des marchés financiers.

« L’Open Finance »… Ou l’idée de partager plus d’informations entre les entreprises financières (comprenez les banques et les startups de la Fin Tech) et les autres entreprises… Une vision d’abord au service des banques de plus en plus intéressées par le style de vie de leurs clients et les opportunités d’offres croisées. Cette tendance ne sera pas sans conséquences sur les DSI que ce soit en termes de développement d’apps « Lifestyle » et de sécurité.

9- Une attaque par ransomware va frapper un important marché financier, obligeant un cyber-assureur à se retirer.

Les DSI l’ont déjà constaté en 2021, les cyber-assureurs sont de plus en plus frileux. Les contrats sont de plus en plus exigeants et contraints. Les grandes crises ransomwares de 2020 et 2021 ont laissé des traces. D’autant que même des ESN et entreprises spécialisées en cybersécurité en ont été victimes.
Selon Forrester, « une attaque par ransomware se produit toutes les 11 secondes, et les demandes d’extorsion ont augmenté de 300 % en un an, ce qui a mis à mal une activité autrefois très rentable. Enhardis par les succès passés, les cybercriminels vont poursuivre leurs attaques. Au moins l’un des dix premiers « cyber-assureurs » cessera de souscrire de nouveaux contrats en 2022 ».

10- L’adoption des containers dépassera la barre des 50%

Le pourcentage de développeurs déclarant que leur organisation utilise des conteneurs est passé de 33 % en 2020 à 42 % en 2021. Dans le même temps, l’utilisation du serverless est passée de 26 % en 2020 à 32 % en 2021.
En 2022, plus de la moitié des entreprises déclareront avoir adopté des développements « cloud-native ». Mais pour Forrester, « plus important encore, les entreprises vont bien davantage pratiquer « replatforming » et « refactoring » pour fonder leurs stratégies sur le cloud-native plutôt que de le superposer à leurs plans existants ».
Les DSI vont dès lors s’intéresser encore un peu plus à des technologies comme les Data Clouds, Spark, Kubeflow for ModelOps, Ray on K8s (distributed ML), EdgeX 2.0, AWS MAP for Mainframe, erc.

11- Google Cloud n’atteindra pas ses objectifs de domination mais c’est sans importance…

En 2018, Google s’était fixé 5 ans pour s’imposer comme n°2 voire n°1 du cloud public… Selon la rumeur, le géant envisageait même de jeter l’éponge s’il ne parvenait pas à cet objectif. En 2022, GCP restera en troisième position et l’écart est trop grand avec Azure pour être comblé en un an. Mais ça n’a plus guère d’importance. Les parts de marché de GCP continuent de croître, une croissance favorisée par la tendance multicloud. Et ce business est déjà rentable. GCP pousse dans toutes les directions et sa stratégie Anthos lui ouvre de nouvelles portes.

12- La guerre du Cloud public n’est pas terminée…

Bien au contraire. Entre les acteurs locaux et européens boostés par les volontés souveraines des états européens, des réglementations toujours plus sévères pour des clouds de confiance, et des hyperscalers qui multiplient les clouds verticaux pour mieux adresser les marchés, tout porte à intensifier la compétition entre les acteurs. En espérant au passage que les principes de Gaia-X s’imposeront de façon universelle pour fluidifier les approches multicloud et la mobilité des workloads d’un cloud à l’autre… Et, non, ce n’est pas gagné…

 

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