Meta Connect 2024

Newtech

Meta accélère sur l’IA et la réalité mixte

Par Thomas Pagbe, publié le 30 septembre 2024

Même si la conférence Meta Connect a traditionnellement un fond très grand public, l’édition 2024 était suffisamment riche en innovations et en IA pour interpeler les DSI. Voici ce qu’ils doivent retenir de cet évènement riche en démonstrations et en visions d’avenir…

Lors de la conférence annuelle Meta Connect 2024 qui se tenait la semaine dernière, Mark Zuckerberg a dévoilé une série d’annonces majeures qui pourraient transformer le paysage technologique et influencer les stratégies des directeurs des systèmes d’information (DSI).
Du lancement de nouveaux modèles d’IA générative à l’introduction de lunettes de réalité augmentée révolutionnaires, Meta semble déterminé à façonner l’avenir du numérique dans les foyers comme dans les entreprises.

Voici ce qu’il faut retenir des annonces phares de Meta Connect 2024 et de leur impact potentiel pour les DSI.

Meta lance ses modèles Llama 3.2 avec des restrictions européennes

Si on parle beaucoup d’OpenAI, de Google, de Microsoft, d’Anthropic ou de Mistral AI, il ne faut pas oublier pour autant Meta et son laboratoire FAIR à qui l’on doit bien des innovations en matière d’IA à commencer par la référence absolue des modèles open source : Llama.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Meta a sérieusement accéléré le rythme des itérations. En six mois, l’éditeur a lancé Llama 3 faisant faire un saut spectaculaire aux IA open source, puis Llama 3.1avec l’introduction d’un modèle frontière avec 405 milliards de paramètres et désormais LLama 3.2 qui une nouvelle fois fait faire un bond significatif à l’IA générative avec des modèles multimodaux en open source très prometteurs mais aussi des modèles ultra-optimisés pour une exécution locale.

Les nouveaux modèles LLama 3.2 11B et 90B dits « Vision » sont multimodaux et peuvent désormais analyser et interpréter textes, sons et images.

Les nouveaux modèles ultralégers Llama 3.2 1B et 3B sont pensés pour une inférence en local sur des terminaux portables ou des dispositifs Edge. Ils sont d’ailleurs optimisés pour les processeurs ARM de Qualcomm et Mediatek qui animent la plupart des smartphones Android.

Ces modèles peuvent aisément être « fine-tunés » avec TorchTune et déployés localement avec TorchChat. Ils sont d’ores et déjà disponibles sur Llama.com et sur le hub d’Hugging Face mais également sur les services MaaS de Microsoft (Azure AI), de Google Cloud (Vertex AI et Model Garden), d’AWS, de Databricks et sur la plateforme AI Factory de Dell.

Pour les DSI,ces nouveaux modèles Llama 3.2 offrent des possibilités pour développer des applications IA – hébergées dans leurs propres datacenters ou dans le cloud – plus sophistiquées, notamment en traitement du langage naturel et en vision par ordinateur mais aussi des applications IA moins coûteuses et extrêmement rapides (avec des réponses quasi instantanées) grâce aux petits modèles. On notera au passage que malgré leur taille réduite, les modèles 1B et 3B embarquent les protections intégrées du système Llama Guard 3 pour une IA responsable et sûre.

Si les modèles 1B et 3B sont conformes aux règlementations européennes, l’utilisation des modèles multimodaux à des fins commerciales est en revanche interdite aux entreprises européennes en raison « d’absence de règles cohérentes » (selon les termes de Meta). On sait que l’entreprise est l’une des rares grandes entreprises mondiales, avec Apple, à ne pas avoir signé l’AI Act européen.

Meta AI fait de l’ombre à ChatGPT aux US

Meta AI, l’assistant conversationnel aux multiples capacités de Meta compte désormais 500 millions d’utilisateurs mensuels. Il est vrai qu’il bénéficie d’une intégration à Facebook et Instagram qui contribue à son succès.
L’IA reste néanmoins indisponible en Europe, et aucune évolution n’est annoncée de ce point de vue.

Ce qui n’empêche pas Meta de continuer à multiplier les fonctionnalités. L’éditeur a ainsi lancé Meta AI Voice, permettant des interactions vocales avec l’assistant sur des plateformes comme Messenger, Facebook, WhatsApp et Instagram. Les utilisateurs peuvent désormais avoir des conversations naturelles et recevoir des réponses vocales, enrichissant l’expérience utilisateur. De quoi faire de l’ombre à la récente fonctionnalité vocale temps réel d’OpenAI sur ChatGPT Plus, qui elle aussi est pour le moment interdite d’Europe.

Par ailleurs, Meta AI peut désormais analyser, éditer et transformer des images en réponse à des commandes textuelles simples. Que ce soit pour modifier une tenue ou changer l’arrière-plan d’une photo, les capacités sont vastes. Une fonction “Imagine” permet la création de photos et images à partir de simples invites textuelles.

Dans un même ordre d’idées, Meta a annoncé des avancées en matière de traduction automatique avec synchronisation labiale. Les vidéos peuvent désormais être doublées en temps réel en différentes langues, tout en synchronisant les mouvements des lèvres, améliorant ainsi la communication transfrontalière.

Même si ces fonctionnalités sont pour l’instant indisponibles en Europe, il est utile de les mentionner parce qu’elles démontrent à quel point le potentiel de l’IA générative est en train de se démocratiser – notamment à travers les réseaux sociaux de Meta. Les utilisateurs s’attendront donc rapidement à retrouver un tel potentiel dans les IA mises à disposition par leur entreprise.

Meta AI Studio : personnalisation des chatbots

L’outil Meta AI Studio permet désormais de créer des chatbots personnalisés qui reflètent le style conversationnel de l’utilisateur ou de l’entreprise. Avec l’ajout de représentations visuelles réalistes, les chatbots deviennent plus engageants, bien que cela soulève des questions sur les deepfakes et la sécurité.

Reste que Meta AI Studio, comme l’ensemble des technologies Meta AI, n’est pas disponible en europe.

11 casques Quest 3S pour le prix d’1 Vision Pro d’Apple

L’une des grandes surprises de cette édition 2024 est l’annonce et le lancement du Quest 3S, une version simplifiée du casque autonome de réalité mixte Meta Quest 3. Meta a donc choisi cette année de mettre ses efforts sur une plus grande popularisation des technologies de réalité mixte. Le Quest 3S offre les mêmes capacités de réalité mixte et performances que le Quest 3, mais avec des optiques de la génération Quest 2 et 128 Go de stockage interne, pour un prix de 329,99 €.

Même si les vidéos de présentation mettent en avant les usages ludiques et multimédias, le Quest 3S est positionné par Meta comme un appareil de “Spatial Computing” capable d’exécuter jusqu’à six applications simultanément, comme YouTube et un navigateur. Mark Zuckerberg le décrit d’ailleurs comme pouvant faire tout ce qu’un ordinateur généraliste peut faire, mais en immersion dans une réalité mixte. La sortie du Quest 3S et les améliorations apportées à Horizon OS marquent la fin de la commercialisation du Quest 2 et du Quest Pro.

Même si le Quest 3 semble plus adapté aux usages d’entreprise par son optique plus élaborée, les efforts de Meta pour faire des casques de réalité mixte réactifs et accessibles font de l’ombre à Apple et son Vision Pro.

Hyperscape : immersion virtuelle en haute fidélité

Meta lance Hyperscape, une application VR permettant de recréer et d’explorer des espaces réels en haute-fidélité via les casques Quest 3 et Quest 3S. Les utilisateurs peuvent scanner une pièce avec leur téléphone et la vivre en VR, ouvrant de nouvelles perspectives pour le télétravail et la collaboration virtuelle.

Projet Orion : les lunettes AR de prochaine génération

Enfin, et à la surprise générale, Meta a teasé Orion, ses premières véritables lunettes de réalité augmentée, équipées d’affichages holographiques, d’assistants IA et d’interactions mains libres. À plus d’un titre, les lunettes Orion rappellent furieusement le casque Hololens de Microsoft avec sa flopée de capteurs et sa projection holographique. Mais Meta semble non seulement avoir réussi à miniaturiser ces technologies pour les intégrer dans des lunettes mais également à avoir étendu significativement le champ de vision très limité sur les Hololens.

Ces technologies pourraient non seulement transformer les usages numériques grand public – certains y voient même la fin des smartphones – mais elles pourraient aussi profondément révolutionner les environnements de travail, offrant des espaces virtuels collaboratifs immersifs sans s’encombrer d’un casque.

Malgré les railleries, malgré les réprimandes européennes, malgré les investissements risqués, force est de reconnaître que Meta non seulement continue d’avancer mais surtout continue de faire avancer ces technologies phares que sont l’IA générative et la réalité augmentée. Avec une volonté marquée de rendre ces technologies toujours plus accessibles et moins onéreuses… Ce qui n’est pas forcément le cas de ses concurrents.

À LIRE AUSSI :


À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights