Nutanix NEXT 2023 avait lieu à Chicago mi mai avec au menu du multicloud unifié, du PaaS universel et du Kubernetes partout

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Nutanix .NEXT 2023 : Ce que les DSI doivent en retenir…

Par Laurent Delattre, publié le 16 mai 2023

Changement de stratégie pour Nutanix qui élève sa vision sur la couche PaaS, se focalise un peu plus sur Kubernetes et nous ressort le bon vieux thème indémodable du « Run Anywhere » des années Sun et Java… Voici ce que vous devez retenir de Nutanix .NEXT 2023.

Quand on tourne en rond sur l’infrastructure et le IaaS, l’avenir se construit sur les couches supérieures. Tous les fournisseurs de Cloud, VMware compris, ont entrepris une telle évolution (sauf peut-être Microsoft qui historiquement voyait Azure d’abord par le PaaS avant de développer son IaaS).

Et Nutanix, qui lui aussi se présente comme un acteur du cloud, privé et hybride, emprunte la même voie mais avec différentes approches à plus ou moins long terme qui ont été au cœur des annonces de la conférence Nutanix .NEXT 2023. Des annonces qui toutes convergent vers une même réalité et portent aujourd’hui une nouvelle initiative nommée « Project Beacon » sur laquelle nous reviendrons en fin d’article.

Voici les grandes annonces à retenir de cette édition 2023 de Nutanix .NEXT qui s’est tenue la semaine dernière à Chicago…

Nutanix brise la règle d’or ancestrale de l’hyperconvergence

Le principe de base de l’hyperconvergence a toujours été d’offrir des briques combinant “compute et stockage” et de pratiquer un scale-out consistant à ajouter ces briques combinées chaque fois qu’il fallait plus de ressources.

Certes, depuis quelques années, l’hyperconvergence avait plus ou moins assoupli cette règle d’or avec de purs nœuds de stockage.

La dernière évolution de Nutanix Cloud Platform officialise l’existence de nœuds de stockage haute performance mais également la mise à l’échelle indépendante des nœuds de stockage et des nœuds de calcul (compute) exécutant les VM (que ce soit sous Nutanix AHV ou VMware ESXi).


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Les bases de données sont l’une des raisons de ce sacrifice de la règle d’or d’origine du HCI. Le débordement dans le cloud en est une autre. En permettant aux entreprises de faire évoluer indépendamment Compute et Stockage, l’éditeur leur offre un vrai moyen d’optimiser l’utilisation des cœurs et donc des licences établies en fonction du nombre de cœurs. À l’heure où les entreprises se focalisent sur l’optimisation des coûts, la manœuvre stratégique a du sens. Elle permet aussi à Nutanix de s’aligner sur la concurrence puisque cette indépendance des nœuds de compute et stockage est une fonctionnalité déjà implémentée sur VxRail HCI (via Dynamic AppsON) et sur l’offre dHCI Alletra de HPE.

Et puisque l’on est dans les évolutions de la plateforme existante, signalons que Nutanix a également profité de cet événement pour annoncer une innovation dans la brique de stockage Nutanix Objects. Celle-ci intègre désormais le support direct de Snowflake de sorte que les clients Snowflake Data Cloud peuvent désormais analyser les données stockées dans Nutanix Objects sans transfert et avec l’assurance que les données restent bien en local. Pratique quand ces données ont un caractère confidentiel ou sont soumises à des restrictions de conformité.

Une console pour les gouverner tous…

De plus en plus rares sont les entreprises à n’utiliser qu’un seul cloud pour toutes leurs ressources et tous leurs workloads. Le multicloud hybride est une réalité qui rime avec souplesse et conformité. Mais c’est une réalité IT complexe qui soulève bien des défis quotidiens de gestion des coûts, de gestion des accès et de cybersécurité. Dans sa quête à un retour vers une IT simple au quotidien, Nutanix propose une nouvelle console centralisatrice pour piloter clouds publics, datacenters « on-prem » et ressources Edge comme un tout cohérant, avec une gestion fédérée des identités et des accès et un modèle d’exploitation uniforme.

Dénommée Nutanix Central, et très inspirée de sa fameuse console Prism Central, cette console unifiée veut redonner de la visibilité sur vos workloads et ressources disséminées on-prem’, dans les clouds et dans les Edges et vous permettre de monitorer et gérer l’ensemble comme un tout unique, comme un système d’information global et cohérent.

Nutanix Central est l’une des clés de la nouvelle stratégie de Nutanix pour un modèle opérationnel universel du cloud dans toute sa diversité.

Des services unifiés

Dans sa quête d’unification des environnements multicloud hybrides, Nutanix avance un autre pion : Unified Data Services.

L’idée est séduisante : offrir des services de données qui s’adaptent aussi bien à l’univers Kubernetes qu’à l’univers traditionnel des VMs et ceci que l’on soit dans une configuration « on prem » ou dans une configuration hybride avec une infrastructure Nutanix Cloud Platform étendue sur AWS ou Azure.

Pour la concrétiser, Nutanix développe deux nouvelles briques : NDK et MST. Ces deux briques s’appuient sur NCI (Nutanix Cloud Infrastructure).

NDK, pour Nutanix Data Services for Kubernetes apporte des fonctionnalités avancées de gestion du stockage, des snapshots et des scénarios de Disaster Recovery à l’univers Kubernetes que celui-ci soit implémenté via NKE (Nutanix Kubernetes Engine, ex Karbon), Red Hat OpenShift, etc.

Avec sa brique NDK, Nutanix veut offrir à l’univers Kubernetes des services de données similaires à ceux des VM et qui s’appliquent aussi bien On-Prem que dans les clouds.

MST, pour Multicloud Snapshot Technology, permet d’exécuter des Snapshots directement vers les stockages objets des Clouds publics (compatibles S3) favorisant ainsi la mobilité des données à travers les différents clouds mais également la mise en place de nouveaux scénarios de sauvegarde et restauration.  

Dans un même ordre d’idée, la nouvelle technologie de snapshot multicloud de Nutanix permet de placer les snapshots directement dans les services de stockage objets des Clouds.

Vers un PaaS vraiment universel ?

Le pionnier de l’hyperconvergence a longtemps prôné la nécessité de rendre l’infrastructure invisible en masquant sa complexité et en la rendant hyper agile grâce au « software defined ». Puis il s’est présenté – et c’est une réalité – comme une vraie plateforme de cloud privé (pour construire chez soi avec l’agilité du cloud) puis comme une vraie plateforme de cloud hybride avec Nutanix NC2 (Cloud Clusters) avant finalement d’adopter un regroupement de ses briques sous l’appellation Nutanix Cloud Platform.


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Désormais, tout comme VMware l’a fait avec Tanzu, Nutanix veut apporter sa vision de la simplicité et de l’agilité sur les couches supérieures. Project Beacon est sa nouvelle grande initiative à long terme qui doit guider l’évolution des produits Nutanix sur les années à venir. Avec un objectif : Écrire les applications une fois pour les exécuter partout… ça vous rappelle quelque chose ? « Write Once, Run anywhere »… Le slogan de Java inventé par Sun en 1995… L’informatique est un éternel recommencement et c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe… Bon avec une différence de taille : la donnée n’est pas oubliée dans l’affaire, bien au contraire.

Avec Project Beacon, Nutanix veut construire une offre PaaS centrée sur la donnée qui ne soit attachée à aucun fournisseur (rappelons que finalement, chaque Cloud Public a sa propre offre PaaS avec ses propres technologies). Nutanix a déjà des composantes « PaaS » dans son offre actuelle, intimement liées à son AOS. Mais avec Project Beacon, Nutanix veut « démontrer que nous pouvons offrir nos apps et services de données directement sur n’importe quelle infrastructure d’hyperscaler » si l’on en croit les propos de Lee Caswell, VP Product & Solutions marketing chez Nutanix.

Pour Rajiv Ramaswami, le CEO de Nutanix, Project Beacon veut “permettre aux entreprises de profiter pleinement des avantages du multicloud hybride au niveau des données de l’application et pas seulement au niveau de l’infrastructure (NDLR comme c’est actuellement le cas avec NC2).

Avec Project Beacon, Nutanix développe un PaaS universel, basé sur Kubernetes et centré sur les données.

Tout n’est pas encore très clair ni probablement très défini dans cette initiative pluriannuelle, mais l’idée semble de fournir aux développeurs une seule API et une seule console, en s’appuyant sur Kubernetes, pour fournir un environnement de services PaaS simple et cohérent. Histoire que les développeurs n’aient plus à rebâtir, repenser, reparamétrer leurs Workloads chaque fois qu’ils changent d’environnements d’exécution et reconstruire les dépendances, les sécurités, les règles de gouvernance et de SLA.

Nutanix devrait démarrer sa démarche avec Era ou plutôt NDS (Nutanix Database Service) puisque c’est son nouveau nom officiel. Aujourd’hui, sa solution « Database as a service » fonctionne sous Nutanix Cloud Platform (comprenez AOS). Pour l’utiliser dans le cloud AWS ou Azure, il faut donc aussi y déployer Nutanix Cloud Platform via Nutanix NC2 par exemple. Avec Project Beacon, cette solution « Database as a service » pourra être déployée directement sur AWS, Azure et n’importe quel autre fournisseur

Ne nous y trompons cependant pas. Project Beacon est aussi pour Nutanix – comme Tanzu l’est aussi chez VMware – une façon d’accepter la victoire à long terme de Kubernetes comme plateforme d’infrastructure universelle et de rester pertinent dans ce futur monde « tout Kubernetes ».

Au final on retiendra que Nutanix semble avoir réenclenché la marche « Avant » après une période de flottement de plusieurs mois où les rumeurs de rachat (notamment par HPE qui a toujours nié être en contact ou par IBM) se sont multipliées.

L’éditeur s’est enfin trouvé une stratégie à long terme vers un monde cloud universel qui ne renie pas les VM mais construit son avenir sur Kubernetes avec cette même volonté de rendre l’IT beaucoup plus simple, véritable marque de fabrique de l’éditeur depuis ses origines. Une stratégie qui reste également guidée par l’idée d’apporter d’abord des fonctionnalités qui résolvent des problèmes très concrets du quotidien des DSI et des administrateurs de SI.

De quoi rassurer ses clients actuels – qui apprécient justement cette approche – mais aussi séduire des clients VMware en pleine interrogation alors que la fusion VMware-Broadcom nage dans un flou qui n’est pas pour rassurer des inquiétudes grandissantes de responsables informatiques plus que sceptiques.

Un nouveau Boss pour la filiale française

Nutanix annonce le retour d’un ancien pour prendre la direction de la Nutanix en France. Guillaume André (venu de SCC, NetApp et dernièrement MongoDB) est nommé General Manager de Nutanix pour la France et l’Afrique du Nord-Ouest. Son retour chez Nutanix à 40 ans (il avait quitté la société en 2022 après y être entré en 2017) est évidemment une petite surprise. “Nutanix est une société avec un ADN fort en termes de conquête de nouveaux marchés, qui ne laisse pas indifférent tant au niveau de son offre technologique que de sa culture et de ses équipes, qui sont tournées vers la satisfaction des clients et partenaires” explique l’intéressé. Son expertise en gestion, en informatique et en partenariats fait de lui le candidat idéal pour soutenir la croissance de Nutanix.
Guillaume André succède à Bruno Buffenoir.


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