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PFUE : à quand un bilan environnemental du cloud à l’échelle européenne ?

Par La rédaction, publié le 16 décembre 2021

Comment réduire notre empreinte numérique et arbitrer les “move to cloud” actuels sans données environnementales fiables ? Il est urgent d’inciter les grands acteurs du numérique à fournir des données environnementales fiables et normalisées aux Etats comme aux entreprises utilisatrices.

En France, la loi visant à “renforcer la régulation environnementale du numérique” [1] a été adoptée le 13 décembre. Elle contraint les acteurs français du numérique à mettre à disposition de l’ARCEP les données lui permettant de calculer l’empreinte numérique du pays. Les acteurs internationaux du cloud, dont les GAFAM, sont exemptés de cette obligation. Difficile dans ces conditions d’aboutir à un bilan représentatif.

Le 1er janvier 2022, la France prendra la présidence de l’Union Européenne (PFUE). C’est l’occasion rêvée d’exiger de tous les acteurs du cloud, GAFAM compris, qu’ils fournissent les données permettant de calculer l’empreinte environnementale [8] du numérique des pays membres et des organisations privées et publiques partout en Europe.

Plus des ¾ des particuliers et 90 % des professionnels utilisent le cloud tous les jours

En France et en Europe, le numérique professionnel et grand public repose de plus en plus sur les plateformes des GAFAM et des autres grands fournisseurs “cloud”. 76 % de nos concitoyens [3] et plus de 90 % des entreprises [4] utilisent le cloud quotidiennement. 

La migration vers le cloud est une priorité absolue pour ⅔ des entreprises [5]. Cette décision n’est pas motivée par le respect de l’environnement. Cependant, dans la perspective où toute entreprise devra bientôt rendre des comptes très précis, c’est mettre les entreprises et les DSI en difficulté s’ils n’ont pas cette visibilité : comment engager ces projets coûteux, longs et assez difficilement réversibles, sans données d’impact transparentes et complètes ?

Les acteurs du cloud avancent des chiffres séduisants : ce serait dommage de s’en priver s’ils sont fiables. Mais ce serait une catastrophe collective de lancer ces grands travaux si c’était pour les regretter après. C’est pourquoi il est indispensable pour l’économie numérique de disposer au plus vite de ces données normalisées.

Donner les moyens aux pouvoirs publics et aux entreprises en Europe d’évaluer l’impact du cloud

La France peut jouer un rôle déterminant dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne (PFUE) en exigeant que l’ensemble des acteurs du numérique, sans exception, fournissent aux autorités européennes, aux pays membres, et aux entreprises les données permettant aux obligés de remplir leurs obligations légales, dans un cadre objectif et transparent, validé par le régulateur.

Au delà d’une situation plus juste pour les acteurs français et européens du numérique qui sont déjà, pour certains, soumis à cette contrainte [6], c’est une condition incontournable pour permettre aux Etats membres de l’UE, aux entreprises privées et publiques, et aux collectivités territoriales [7], d’évaluer sur une base objective l’intérêt (ou pas) de migrer leurs systèmes d’information dans le cloud pour réduire leurs impacts environnementaux.

C’est pourquoi nous demandons à l’Etat français de mettre ce sujet sur la table lors de sa présidence de l’Union Européenne.

 

Frédéric Bordage, fondateur, GreenIT.fr

Alain Buzzacaro, Group CTO, L’OCCITANE International

Marie-Anne Clerc, DSI, Malakoff Humanis

Julie Delmas-Orgelet, experte ACV, DDemain, membre de NegaOctet

Aurélien Déragne, co-créateur, La Fresque du Numérique

Fabrice Flipo, chercheur et professeur, Institut Mines-Telecom

Yvain Mouneu, co-créateur, La Fresque du Numérique

Gauthier Roussilhe, doctorant RMIT (Europe) et Centre de Recherche en Design (ENS Saclay, ENSCI)

Nicolas Siegler, Directeur Général Adjoint en charge des systèmes d’information, Maif 

 

[1] Proposition de loi visant à renforcer la régulation environnementale du numérique par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/DLR5L15N43509

[2] Loi n° 2021-1485 du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044327272

[3] Digital Report 2021, We Are Social et Hootsuite, avril 2021, statistiques France. https://wearesocial.com/fr/blog/2021/04/digital-report-avril-2021-les-dernieres-donnees-de-notre-etat-des-lieux-du-digital-dans-le-monde/

[4] The Cloud in 2021: Adoption Continues, O’Reilly, novembre 2021, https://get.oreilly.com/ind_the-cloud-in-2021-adoption-continues.html

[5] Etude Next Pathway Research, janvier 2021, https://blog.nextpathway.com/next-pathway-research-65-percent-of-companies-report-cloud-migration-is-a-top-priority

[6] C’est le cas notamment des opérateurs télécoms en France dans le cadre de l’article 13 de la loi AGEC.

[7] sommées en France de produire une stratégie numérique responsable au 1er janvier 2025. Cf. Art. 35 REEN, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000044327312 

[8] L’empreinte environnementale du numérique ne se limite pas aux émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Elle est calculée selon la méthode de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) et prend en considération plusieurs indicateurs d’impacts environnementaux préconisés par la Commission Européenne tels que l’épuisement des ressources abiotiques (ADP), le réchauffement global (GWP), l’eutrophisation (Eut), l’acidification (Acid), etc.

 

 

 

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