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Pour Gartner, l’AI PC s’impose mais on ne sait toujours pas pourquoi…
Par Laurent Delattre, publié le 28 août 2025
Les AI PC s’imposent rapidement sur le marché selon Gartner. Pour autant, rien ne prouve pour l’instant que leurs usages réels s’imposent déjà. Les ventes reflètent davantage le parc de machines sur les étales des vendeurs que des besoins IA identifiés et exprimés par les DSI…
Les AI PC s’installent durablement : Selon Gartner, ces machines pèseront 31 % du marché mondial d’ici fin 2025, avant de passer la barre de la moitié en 2026.
Okay… Mais le chiffre ne veut pas dire grand-chose… Et le terme AI PC non plus !
Au-delà du slogan, un AI PC est un ordinateur doté d’un accélérateur dédié aux tâches d’IA (NPU) et d’un socle logiciel apte à faire tourner ces charges en local. Le problème, c’est que tous les PC dotés d’un NPU ne sont pas forcément des « Copilot+ PC », cette sous-catégorie beaucoup plus exigeante à laquelle sont spécifiquement réservées les nouvelles fonctionnalités IA de Windows 11. Microsoft impose en effet un NPU d’au moins 40 TOPS, 16 Go de RAM et 256 Go de stockage pour activer ses fonctions IA natives (Windows Copilot Runtime, modèles embarqués, effets Studio, AI Setting Search, Windows Semantic Search, etc.).
Autrement dit : tous les AI PC ne sont pas des Copilot+ PC et c’est ce qui fausse la perception du marché et la lecture de l’étude du Gartner.
Ce que dit Gartner — et ce que cela change
Dans sa dernière étude, l’analyste évalue 77,8 millions d’AI PC en 2025, soit 31 % du marché mondial des PC. Le cabinet anticipe une majorité d’AI PC dès 2026. La dynamique tient autant à la nouvelle offre matériel/logiciel qu’au calendrier de fin de support de Windows 10, qui accélère les plans de renouvellement.
« La question pour les entreprises n’est plus ‘faut-il’ acheter un AI PC ? mais ‘lequel’ ? », explique ainsi Gartner.
Concrètement, la photographie de Gartner confirme deux réalités : le label AI PC va devenir standard dans les appels d’offres, la valeur d’usage dépendra surtout de la puissance NPU et de l’intégration au runtime Copilot+.

AI PC ≠ Copilot+ PC : pourquoi la distinction compte
Car beaucoup d’AI PC sortis en 2024 et 2025, et donc aujourd’hui présents aux catalogues des constructeurs, embarquent un NPU aux performances très inférieures à 40 TOPS exigées par Microsoft : ils peuvent accélérer des IA locales légères (bruit vidéo, transcriptions, mini retouches), mais ils sont insuffisants pour la plupart des modèles IA génératifs et n’activent pas les fonctions Copilot+ toujours plus nombreuses de Windows 11 ni les optimisations énergétiques associées.

À l’inverse, les vrais PC estampillés « Copilot+ PC » (à base de Snapdragon X et de certaines puces nouvelle génération Intel/AMD) dépassent ce seuil et ouvrent l’accès aux scénarios IA temps réel (traduction live, upscaling, résumés locaux, etc.) sans passer par le cloud.
Dit autrement, l’étude du Gartner – qui ne fait pas la différence entre AI PC et Copilot+ – n’apporte pas grande information sur la concrétisation des besoins d’IA locale dans les entreprises. Les DSI qui acquièrent les AI PC non Copilot+, acquièrent simplement des PC récents et moins onéreux pour assurer leur migration Windows 11 et non des capacités IA. Il y a même fort à parier que les NPU de toutes ces machines AI PC non « Copilot+ » ne soient tout simplement jamais utilisés.

L’étude éclaire néanmoins par des chiffres une nouvelle réalité du marché des PC sous Windows : « Le choix d’un AI PC diffère entre les entreprises et les consommateurs. Leur décision tourne principalement autour du choix de la plateforme de processeur PC AI. Gartner prévoit que « les ordinateurs portables basés sur ARM (NDLR : comprenez les Copilot+ PC à base de processeurs Snapdragon X de Qualcomm) gagneront une plus grande part du marché grand public que le marché professionnel, à mesure que les problèmes de compatibilité des applications seront surmontés. Dans le segment des entreprises, les utilisateurs préfèrent x86 sur Windows, qui devrait représenter 71 % du marché des ordinateurs portables professionnels IA en 2025, contre 24 % pour ARM ». Voilà qui devrait rassurer Microsoft, alors que l’éditeur pousse très ouvertement ARM sous Windows (les appareils Surface pour le grand public sont désormais tous exclusivement en Snapdragon X).
Pourquoi c’est devenu stratégique pour les DSI/RSSI
L’étude remet donc en évidence le débat sur les usages des Copilot+ PC. Sur le papier, et selon la rhétorique de Microsoft, les Copilot+ change l’équation TCO/Expérience Utilisateur pour les DSI. En déplaçant l’inférence en local, on réduit latence et dépendance au cloud pour les usages du quotidien, tout en gagnant en autonomie/batterie.

Pour Gatner, l’avenir des AI PC reposent sur la personnalisation. « L’AI PC permet aux utilisateurs de configurer leurs appareils avec les applications, les caractéristiques et les fonctions qu’ils souhaitent. Plus les utilisateurs interagissent avec le PC IA d’un fournisseur, mieux celui-ci les comprend, ce qui permet des améliorations continues et une fidélité plus forte à la marque ». Une approche finalement plutôt grand public qu’entreprise. Néanmoins, Gartner anticipe également que d’ici la fin 2026, 40 % des éditeurs de logiciels privilégieront les investissements dans les capacités d’IA directement sur les PC. Et Gartner estime qu’en 2026, plusieurs SLM (petits modèles de langages) s’exécuteront localement et simultanément sur les PC pour satisfaire différents besoins métiers et usages sécurisés de l’IA.
Sauf que dans la réalité seuls les Copilot+ PC permettront de bénéficier réellement de ces atouts. Dit autrement, si l’AI PC devient désormais la norme, l’avenir opérationnel se joue surtout du côté des Copilot+ PC et de leur NPU puissant. Pour éviter un rafraîchissement « à mi-chemin », les DSI doivent en prendre conscience et aligner dès maintenant leurs grilles d’achat sur le seuil Copilot+. Et ceci même s’ils n’ont pas encore imaginé les usages IA en local qui accompagnent ou accompagneront les machines dans les années à venor. C’est essentiel pour maximiser la durée de vie technique du parc et sécuriser les bénéfices métiers de l’IA locale sur l’horizon 2026-2028.
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