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Z Fold7 et Flip6 : Samsung déplie sa vision du terminal professionnel haut de gamme

Par Thierry Derouet, publié le 09 juillet 2025

Avec les Galaxy Z Fold7 et Flip6, Samsung affine sa stratégie : des formats toujours plus légers, une promesse logicielle de long terme, et une ouverture maîtrisée à l’intelligence artificielle. Mais derrière la prouesse technique, le chantier applicatif reste ouvert pour les DSI.

Mettez côte à côte le dernier porte-étendard d’Apple et celui de Samsung : ils sont similaires, ou presque, en taille et en poids. Mais là où l’un se contente d’un unique écran, l’autre en propose trois — dont un de 8 pouces — et se déplie presque sans faux pli. Le smartphone pliable n’est plus une fantaisie d’ingénieur, il devient une réponse concrète à la complexification des usages numériques en entreprise.

La forme au service de la fonction

Samsung n’a pas simplement affiné ses nouveaux flagships. Il les a repensés pour qu’ils franchissent une nouvelle étape dans la course à l’intégration des outils numériques au cœur de la productivité. Le Galaxy Z Fold7 et le Z Flip6, attendus le 25 juillet, poursuivent une logique d’optimisation incrémentale, mais avec des effets cumulatifs qui changent la donne pour les entreprises.

Le Fold7, modèle le plus ambitieux, gagne en finesse (8,9 mm fermé, 4,2 mm ouvert) et perd 23 grammes, atteignant un poids de 217 g. Il devient ainsi plus léger et quasiment aussi fin qu’un Galaxy S25 Ultra, levant le dernier frein à son adoption : l’impression d’un format encombrant. L’écran principal atteint désormais 8 pouces — une surface équivalente à celle d’une tablette Galaxy Tab A9 — et l’écran externe s’élargit à 6,5 pouces. En main, l’appareil n’a plus rien à envier aux formats classiques, tout en offrant une flexibilité d’usage démultipliée.

Mettez côte à côte le dernier porte-étendard d’Apple (Pro 16) et celui de Samsung (Z Fold7) : ils sont similaires, ou presque, en taille et en poids. Mais là où l’un se contente d’un unique écran, l’autre en propose trois — dont un de 8 pouces — et se déplie presque sans faux pli.
Mettez côte à côte le dernier porte-étendard d’Apple (Pro 16) et celui de Samsung (Z Fold7) : ils sont similaires, ou presque, en taille et en poids. Mais là où l’un se contente d’un unique écran, l’autre en propose trois — dont un de 8 pouces — et se déplie presque sans faux pli.

Sous la coque, le Snapdragon 8 Gen 3 « Elite for Galaxy » orchestre les performances, épaulé par 12 ou 16 Go de RAM. L’autonomie reste stable avec une batterie de 4400 mA · h. Le Flip6, de son côté, hérite du processeur Exynos 2500, avec une batterie portée à 4300 mA · h (contre 4000 auparavant) et un écran externe de 4,1 pouces. L’écran interne de 6,9 pouces reste dans les standards du marché, mais avec une meilleure lisibilité et une finesse accrue. Le capteur photo principal du Fold grimpe à 200 Mpx, de quoi envisager des usages photo industriels ou documentaires.

Le Galaxy Z Fold7 est proposé à 2 099 € en version 12 Go/256 Go, 2 219 € en 12 Go/512 Go, et jusqu’à 2 519 € pour la déclinaison 16 Go/1 To.
Le Galaxy Z Fold7 est proposé à 2 099 € en version 12 Go/256 Go, 2 219 € en 12 Go/512 Go, et jusqu’à 2 519 € pour la déclinaison 16 Go/1 To.

IA : l’assistant sans modèle

Mais c’est peut-être sur la couche logicielle que le virage est le plus sensible. Les deux modèles intègrent Galaxy AI, l’assistant numérique de productivité proposé par Samsung. Cette version One UI 8.0, embarquée nativement, a été pensée pour renforcer l’intégration des fonctions IA et optimiser le multitâche sur écran pliable, avec une interface adaptative et des actions contextualisées. Résumés d’appels, traduction simultanée, interprète en temps réel, synthèse automatique de fichiers PDF, recherche contextuelle, édition d’image par IA : tout y est. Ou presque.

Car l’IA embarquée ne repose pas sur des modèles Samsung, mais sur ceux de Google — et uniquement dans leur version gratuite. Gemini Live est intégré nativement, mais il ne peut pas encore être remplacé par un autre moteur. Les entreprises peuvent, en revanche, utiliser le SDK mis à disposition pour injecter certaines fonctions (traduction, résumé, annotation vocale, etc.) dans leurs applications métiers. SAP a déjà été cité en exemple, mais la démarche reste embryonnaire.

Ce point n’est pas anodin : Samsung fait le choix d’un écosystème ouvert, mais pas encore réellement interopérable. Le besoin de supports personnalisés, d’IA spécialisées (type Mistral ou modèles internes), n’est à ce jour qu’envisageable via des intégrations maison. Il s’agit d’une plateforme, pas d’une offre packagée. Pour les DSI, cela signifie que les promesses d’assistance intelligente ne deviennent pertinentes qu’à condition d’investir en développement applicatif.

Les fonctions IA peuvent être limitées à l’usage local, ou partagées dans le cloud, selon le choix des administrateurs. Cette granularité est bien vue, mais suppose une acculturation forte côté IT pour ne pas basculer dans une gouvernance approximative. En clair : la promesse IA est là, mais elle repose encore sur les épaules des entreprises.

DeX : l’OS qui n’en est pas un

Introduit en 2017 sur le Galaxy S8 avec un dock dédié, Samsung DeX — pour Desktop eXperience — visait dès l’origine à transformer un smartphone en poste de travail complet, connecté à un écran, un clavier et une souris. En supprimant progressivement les accessoires spécifiques au profit d’une simple connexion USB-C ou sans fil sur un « Smart Monitor », Samsung a cherché à faire de DeX une interface de productivité hybride, accessible nativement sur ses gammes S, Note, Z Fold et Tab S.

Dans les faits, la promesse DeX n’est pas nouvelle. Ce qui change aujourd’hui, c’est la convergence matérielle : plus besoin de compromis entre portabilité et surface d’affichage. Pour les DSI, DeX a été envisagé comme un levier d’optimisation des flottes : réduction du parc PC, gain sur le TCO, homogénéité du parc et gestion unifiée via Knox. Plusieurs entreprises — notamment dans l’industrie ou les services de maintenance — ont intégré DeX dans leurs scénarios terrain, avec un retour d’expérience positif en France, à tel point qu’un Club DeX a vu le jour pour mutualiser les usages, formuler des demandes d’évolution, et rencontrer les équipes R&D de Samsung.

Pour autant, DeX reste un chantier inachevé. L’expérience multifenêtre progresse, l’interopérabilité avec les périphériques est fluide, mais le manque d’applications optimisées empêche encore de rivaliser avec un OS de bureau. Sur tablette, quelques améliorations d’ergonomie sont annoncées, mais pour le Fold7, il faudra encore attendre. Samsung reconnaît l’enjeu et promet des évolutions à venir, sans calendrier arrêté. En l’état, DeX offre une alternative utile pour certains profils mobiles, mais ne remplace pas encore le laptop dans les usages avancés. — notamment dans l’industrie et la maintenance, où des cas d’usage concrets émergent. Mais en l’état, DeX ne remplace pas un laptop. Il l’évite pour certaines populations terrain, dans une logique de rationalisation de flotte. Samsung promet des évolutions, mais aucune révolution n’est attendue à court terme.

Un Club DeX a été constitué en France pour recueillir les retours utilisateurs. Mais en l’état, DeX ne remplace pas un laptop. Il l’évite pour certaines populations terrain, dans une logique de rationalisation de flotte. Samsung promet des évolutions, mais aucune révolution n’est attendue à court terme.

De la flotte à la politique d’entreprise

Côté sécurité, Samsung poursuit son travail sur Knox Vault, qui isole les données biométriques, les mots de passe et les informations personnelles dans un espace protégé. Le découplage des usages personnels et professionnels, le provisionnement de comptes via Samsung Account for Business, et le contrôle fin de l’IA Galaxy grâce au plug-in EMM viennent renforcer l’intégration dans un environnement managé. L’administrateur IT peut générer des comptes utilisateurs pour ses collaborateurs, en distinguant clairement les espaces professionnels et personnels. Grâce au Knox Service Plug-In, il est également possible de bloquer la transmission des données générées par Galaxy AI vers le cloud, offrant un contrôle granulaire au sein des EMM d’entreprise. En environnement managé, où l’obsolescence logicielle est souvent plus pénalisante que la défaillance matérielle, ce type d’engagement redonne de la prévisibilité et soutient la rationalisation des investissements IT. À titre de comparaison, Apple ne garantit officiellement que cinq à six ans de support logiciel, sans calendrier précis, tandis que Google offre également sept ans sur sa gamme Pixel, mais sans les mêmes garanties en matière d’intégration B2B ou de gestion fine des flottes. Samsung, en s’alignant sur cette durée tout en renforçant la sécurité et l’administration, vise clairement à occuper un espace laissé vacant entre les écosystèmes fermés d’iOS et les limites fonctionnelles d’Android stock.

Tarifs, leasing et promesses de durabilité

Les prix restent élevés, mais cohérents avec le positionnement professionnel de ces terminaux. Le Galaxy Z Fold7 est proposé à 2 099 € en version 12 Go/256 Go, 2 219 € en 12 Go/512 Go, et jusqu’à 2 519 € pour la déclinaison 16 Go/1 To. Le Z Flip6, plus compact, débute à 1 199 € pour 12 Go/256 Go et monte à 1 319 € pour 12 Go/512 Go. Un modèle Z Flip7 Fan Édition, annoncé à 999 €, vise à démocratiser l’accès au pliable.

Samsung proposera également une offre de leasing adaptée aux cycles de 36 mois, avec des loyers estimés entre 50 et 60 € par mois. En parallèle, une offre de précommande permettra de booster gratuitement la capacité de stockage accompagnée d’une remise de 150 euros. Ces leviers financiers visent à ancrer ces appareils dans une politique d’équipement structurée.

Avec cette nouvelle génération, Samsung cherche moins à séduire qu’à stabiliser. Les Fold et Flip deviennent des produits matures, modélisables dans des politiques de flotte, appuyés sur des cycles de support long, ouverts aux développements spécifiques, et capables de se glisser dans les logiques de mobilité, de collaboration et de gestion unifiée. Mais de l’IA sur mesure à DeX réellement productif, il reste encore des chantiers à mener pour que le pliable devienne un poste de travail à part entière. Car derrière les démonstrations, quelques limites persistent. Galaxy AI repose exclusivement sur Gemini dans sa version gratuite, sans possibilité immédiate de substitution par un LLM maison ou tiers. Samsung propose bien un SDK pour intégrer des fonctions IA dans les apps métiers, mais cette ouverture reste à concrétiser côté client. Quant à DeX, reconnu par les intervenants eux-mêmes comme « limité », il n’offre toujours pas un environnement de travail complet. La gouvernance fine via EMM est prometteuse, mais suppose une acculturation technique pour être exploitée pleinement. Enfin, si Samsung assure que l’IA reste gratuite pour l’instant, aucune garantie n’est donnée sur le modèle économique à moyen terme. En somme, l’écosystème est ouvert… mais encore en construction. Reste à voir, sur le terrain, si ces avancées s’inscrivent durablement dans les usages professionnels. Car au fond, c’est à l’usage que l’on saura si Samsung réussit à faire de cette nouvelle génération de pliables un vrai outil de productivité mobile. Et si cette fois, ça ne fait vraiment plus un pli.


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