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Ingénierie de plateforme: un chemin vers la résilience et la conformité “as-a-Service”
Par La rédaction, publié le 04 septembre 2025
L’ingénierie de plateforme transforme la gestion multi-cluster en un modèle fiable, en intégrant résilience et conformité directement au cœur des environnements. Grâce à l’automatisation, aux IDP et à l’approche as-a-Service, les organisations peuvent gagner en sécurité et en efficacité à grande échelle. Voici comment…
De William Rizzo, Strategy Lead, Bureau du CTO chez Mirantis
Accélérer le développement, simplifier les opérations et garantir la conformité: telle est l’équation que les organisations doivent résoudre, à l’échelle de dizaines ou centaines de clusters, répartis sur des infrastructures variées – cloud public, cloud privé, serveurs physiques, edge.
Pour les équipes d’ingénierie de plateforme, l’enjeu consiste à répondre à ces exigences sans compromettre la fiabilité ni la sécurité. Une approche “as-a-Service” permet d’y parvenir, en intégrant directement résilience et conformité dans l’environnement sous forme de services réutilisables et accessibles en libre-service. Chaque équipe de développement peut ainsi consommer ces capacités de basculement automatique, application des politiques, surveillance… de manière simple, fiable, documentée, et avec une charge cognitive minimale.
La résilience intégrée, sans complexité
Intégrer des mécanismes de résilience dans la plateforme ne s’improvise pas. Heureusement, l’écosystème CNCF et open source offre aujourd’hui tous les composants nécessaires pour y parvenir efficacement.
Prenons l’exemple de Linkerd, service mesh ultra-léger validé par la CNCF: il permet de fédérer plusieurs clusters comme s’ils formaient un seul service logique. Il gère automatiquement l’équilibrage du trafic et le basculement entre clusters, apportant ainsi une haute disponibilité par défaut.
Les ingénieurs de plateforme combinent Linkerd à d’autres composants, ainsi qu’aux fonctions natives de Kubernetes, pour proposer un éventail d’options adaptées aux charges de travail et aux exigences métier. Grâce à des modèles d’architecture bien définis et à l’automatisation, ces services deviennent composables et utilisables en self-service.
Les développeurs peuvent ainsi déployer des applications résilientes sans expertise pointue en systèmes distribués ni scripts spécifiques de gestion des pannes. C’est précisément le rôle d’une Internal Developer Platform (IDP): offrir des capacités d’infrastructure pertinentes sous forme d’abstractions simples et réutilisables.
Conformité automatisée, intégrée à la plateforme
L’autre pilier, c’est la conformité, qui regroupe les exigences de sécurité, de politiques internes et d’obligations réglementaires. La plateforme devient ici un véritable levier. Plutôt que de laisser les développeurs configurer manuellement chaque environnement, elle applique automatiquement les politiques à chaque espace de déploiement.
Des outils comme Open Policy Agent ou Kyverno permettent de définir des règles lisibles, en YAML par exemple, et de les appliquer, surveiller et auditer à grande échelle. Dans une approche compliance-as-a-Service, les clusters ou namespaces intègrent dès le départ tous les garde-fous nécessaires. Les développeurs peuvent se concentrer sur le code sans avoir à se soucier des contraintes de conformité.
Un cadre pour tenir l’échelle
Atteindre cet objectif exige une automatisation robuste et un cadre adapté à la gestion multi-cluster. Une IDP efficace repose sur quatre piliers essentiels:
1 – Des composants composables :
Un catalogue de services pré-validés, facilement combinables pour construire des architectures IDP prêtes à l’emploi.
2 – Une configuration déclarative :
Versionnable, lisible, compatible GitOps, avec une hiérarchie claire et une séparation des responsabilités.
3 – Une capacité multi-cloud et multi-cluster :
Le cadre doit abstraire les infrastructures de façon à suivre l’évolution des feuilles de route des hyperscalers, des clouds privés et du matériel, idéalement jusqu’à l’edge.
4 – Réconciliation continue et auto-réparation :
Indispensable pour la résilience et la conformité, le cadre doit tirer parti de la logique de réconciliation continue propre à Kubernetes pour éviter que les IDP ne dérivent de leur état de référence déclaré, tout en sachant corriger les défaillances sans compromettre la résilience, la conformité et les autres exigences techniques et métier.
L’ensemble doit être piloté depuis un point de contrôle unique, sans devenir un point de défaillance unique. C’est précisément ce que propose k0rdent, solution open source conçue pour gérer des environnements IDP complexes à très grande échelle.
k0rdent offre une bibliothèque croissante de composants pré-validés, une configuration déclarative compatible GitOps et CI, et s’appuie sur Kubernetes ClusterAPI pour orchestrer toutes les infrastructures cloud ou matérielles. Il assure la correction automatique des dérives dès l’installation, et peut gérer des milliers de clusters enfants à travers plusieurs configurations IDP.
Et le cluster de gestion peut être sauvegardé avec des outils standards, comme Velero, pour garantir continuité et fiabilité.
Un nouveau modèle pour les équipes plateforme
Proposer résilience et conformité as-a-Service permet aux développeurs d’avancer plus vite sans sacrifier la qualité ou la sécurité. En s’appuyant sur des technologies open source comme Linkerd et k0rdent, ainsi que sur des standards éprouvés comme ClusterAPI, les équipes conservent toute la flexibilité nécessaire. Aucun verrou propriétaire, aucune dépendance bloquante. La plateforme évolue avec l’écosystème.
L’ingénierie de plateforme pose les bases d’une innovation durable. En intégrant les bons outils dès la conception, elle offre aux développeurs un environnement fiable et sécurisé, propice à l’expérimentation comme à la montée en charge. Et c’est ce socle de confiance qui leur permet d’aller plus vite, plus haut, en toute sérénité.