Trump devrait avoir comme effet l'accélération de notre indépendance numérique

Gouvernance

La politique de Trump n’est qu’un test de plus pour notre souveraineté numérique

Par Laurent Delattre, publié le 05 juin 2025

La résilience numérique ne se décrète pas, elle se construit face aux chocs géopolitiques. Choisir ses fournisseurs, c’est choisir son autonomie. Trop longtemps confortables, les dépendances numériques deviennent des angles morts critiques. A l’ère Trump, il est temps d’en prendre conscience…


Par Martin Hager, Fondateur & CEO, Retarus


La nouvelle politique économique de Donald Trump n’est pas qu’un conflit commercial : c’est un test de résistance pour l’indépendance numérique de l’Europe. La pression économique croissante, matérialisée par les menaces d’augmentation drastique des droits de douane, montre à quel point intérêts économiques et dépendances technologiques sont étroitement liés.

Pour les Etats comme pour les entreprises, lorsque les services informatiques proviennent de fournisseurs extérieurs soumis au contrôle d’une politique de plus en plus imprévisible, le risque économique est dépassé et devient une véritable faiblesse stratégique.

Un risque structurel pour les entreprises européennes

Les tensions économiques entre les États-Unis et l’Europe mettent en lumière un sujet de plus en plus visible, mais trop longtemps occulté : la dépendance vis-à-vis des plateformes et services technologiques américains. La concentration des infrastructures IT, des services de communication et du traitement des données entre les mains de fournisseurs soumis à la juridiction d’une politique américaine de plus en plus erratique représente un risque structurel sérieux pour les entreprises européennes.

Pendant des années, le fait de travailler avec quelques grands fournisseurs informatiques était perçu comme “pratique”. Cependant, cette commodité a aujourd’hui des conséquences en matière de contrôle et de sécurité des données. Une gestion solide des risques nécessite une plus grande diversité dans le paysage des fournisseurs. C’est le seul moyen d’éviter que les entreprises ne se retrouvent dans une situation de vulnérabilité structurelle, qu’elle soit politique, réglementaire ou financière. La meilleure solution consiste à faire appel à des prestataires européens de taille moyenne qui allient spécialisation et flexibilité, pour ne pas tomber dans l’écueil d’un trop grand nombre de solutions fragmentées, qui engendreraient une complexité opérationnelle.

Une réévaluation stratégique s’impose, qui doit susciter des réflexions majeures, particulièrement au sein des entreprises : quels éléments de l’environnement informatique sont interchangeables, et lesquels sont critiques ? Où les données doivent-elles être traitées, et avec quelles conditions d’accès ? Quels processus peuvent être sécurisés sans connexion API fonctionnelle ou disponibilité cloud ? Et comment intégrer des alternatives européennes de manière à garantir la conformité, les performances et l’évolutivité à long terme ?

La souveraineté numérique n’est pas un mot à la mode ; c’est une nécessité opérationnelle. Elle doit permettre un contrôle des systèmes critiques, une sécurité en cas de panne et en matière d’audit, et une réelle résilience des architectures numériques dans un environnement de plus en plus volatile.

L’Europe doit absolument prioriser l’innovation sur son territoire

Quiconque prend au sérieux la résilience numérique doit réévaluer ses décisions en matière d’architecture informatique, de traitement des données et de communication. Cela ne signifie pas qu’il faille s’isoler, mais plutôt qu’il faille choisir librement et exercer un contrôle réel sur sa propre base numérique. Telle est la condition préalable à une économie européenne résiliente et autonome.

Un changement de cap politique est également nécessaire : il faut abandonner la facilité à court terme, au profit de structures indépendantes et viables à long terme. Au niveau de l’UE, les premiers signes du changement se font voir. Bien que des discussions soient en cours aux niveaux national et européen pour que les services cloud et de sécurité soient à l’avenir achetés de manière ciblée et exclusivement auprès de fournisseurs européens, ceux-ci sont encore trop rarement pris en compte comme une option sérieuse dans les décisions relatives aux infrastructure informatiques. Cela doit changer, non par principe, mais pour des raisons techniques et économiques – d’autant plus que l’Europe dispose déjà de solutions performantes qui répondent à ces besoins dans les domaines de la messagerie, des services d’infrastructure IT et de l’intégration de plateformes.

La résilience numérique résulte de choix globaux cohérents. Pour avoir la liberté de choix, il faut connaître ses dépendances et les réduire activement.



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