Géopolitique et transformation numérique : le Cigref trace la voie pour les DSI

Gouvernance

Géopolitique et stratégie numérique : les recommandations du Cigref pour les DSI

Par La rédaction, publié le 07 mars 2025

Guerre économique, cybermenaces, ruptures d’approvisionnement : la tech n’échappe plus aux turbulences géopolitiques. Entre choix technologiques sous contrainte et souveraineté numérique à préserver, les DSI doivent bâtir des infrastructures résilientes et adopter une gouvernance agile pour sécuriser l’avenir numérique des entreprises. Le Cigref leur vient en aide avec un nouveau guide.

Autrefois guidées par des critères techniques, financiers et juridiques, les stratégies numériques des entreprises doivent désormais intégrer les risques géopolitiques.
Tel est, en substance, ce qui motive la publication de ce nouveau rapport du CIGREF intitulé :
« Géopolitique et stratégie numérique : défis et leviers d’actions pour les directions du numérique ».

Ce rapport est l’un des premiers du genre à souligner l’importance croissante des enjeux géopolitiques dans les stratégies numériques des entreprises. Historiquement négligée, cette dimension est devenue essentielle en raison des tensions internationales, notamment entre les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Europe, ainsi que de conflits régionaux (Russie-Ukraine, Moyen-Orient).

Pourquoi une telle influence des contextes géopolitiques sur les stratégies des DSI ? Parce que, dans les faits, ces enjeux impactent de plus en plus directement à la fois les choix technologiques (renforçant les besoins de souveraineté numérique des européens) et les chaînes d’approvisionnement (incitant les DSI à renforcer leur résilience numérique).

Le rapport identifie quatre principaux axes d’action pour les DSI face aux défis géopolitiques :

1 – L’autonomie stratégique : réduire la dépendance vis-à-vis de technologies et fournisseurs étrangers, en favorisant des solutions locales ou européennes pour sécuriser les approvisionnements critiques.

2 – La cybersécurité : renforcer les dispositifs face à l’augmentation des cybermenaces, en adoptant des audits réguliers et en collaborant avec des acteurs locaux de cybersécurité.

3 – La gestion des talents et des fournisseurs : faire face à la pénurie de compétences en recrutant internationalement tout en anticipant les risques géopolitiques liés à ces recrutements.

4 – La gouvernance IT proactive : impliquer étroitement la DSI avec les fonctions juridiques, RH et publiques pour anticiper les risques géopolitiques et mieux gérer les talents numériques internationaux.

Des conseils aussi pratiques que stratégiques

Le rapport propose plusieurs recommandations stratégiques pour aider les directions du numérique à naviguer dans un environnement international de plus en plus incertain. Voici les principaux conseils qui en ressortent :

a – Renforcer l’autonomie stratégique
Il est recommandé de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers et de favoriser le développement ou le recours à des solutions locales ou européennes, en particulier dans des secteurs sensibles comme le cloud, les semi-conducteurs et les logiciels critiques.

b – Améliorer la cybersécurité
Face à l’augmentation des cybermenaces dans un contexte géopolitique tendu, le rapport insiste sur la nécessité de mettre en place des audits réguliers, des protocoles de sécurité renforcés et de collaborer étroitement avec des partenaires locaux spécialisés en cybersécurité.

c – Optimiser la gestion des talents et des fournisseurs
Pour pallier la pénurie de compétences, surtout en Europe, il est conseillé de diversifier les recrutements internationaux tout en intégrant des critères géopolitiques dans la sélection. De même, une gestion proactive des fournisseurs – à travers des outils comme le « Know Your Supplier » – permet d’anticiper et de limiter les risques liés à des ruptures ou à des défaillances de partenaires.

d – Adopter une gouvernance IT proactive
Le rapport recommande d’intégrer la dimension géopolitique dans la gouvernance de la DSI. Cela passe par une collaboration renforcée entre la DSI, la direction juridique, les ressources humaines et les achats, et, le cas échéant, par la création d’une cellule dédiée à la prospective IT pour anticiper les risques et saisir les opportunités.

e – Repenser les partenariats et les stratégies d’achats
Il est conseillé d’inclure dans les contrats des clauses spécifiques liées aux risques géopolitiques, de diversifier les partenariats (pour éviter une concentration des risques) et de reconsidérer le modèle « make or buy » dans une optique de résilience globale.

f – Concevoir des architectures IT résilientes
Enfin, le rapport préconise la mise en place d’infrastructures décentralisées, avec une diversification géographique des serveurs et des solutions IT, afin d’assurer une continuité opérationnelle même en cas de perturbations liées aux tensions internationales.

Une lecture utile qui fournit les clés, les outils et les réflexes nécessaires pour structurer la réflexion des DSI tout en les aidant à anticiper et atténuer les impacts géopolitiques et mettre en place des stratégies adaptées à ces nouveaux défis.


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