

Gouvernance
L’architecture d’entreprise à la rescousse de ses stratégies
Par François Jeanne, publié le 15 mai 2025
Une étude établit une corrélation entre les performances des organisations et la place privilégiée qu’elles accordent aux architectes et aux solutions de gestion d’architecture d’entreprise. Mais elle relève aussi des freins structurels, notamment budgétaires et culturels, pour la mise en place d’approches plus ambitieuses.
Peu connue en France, Bizzdesign s’est pourtant signalée en absorbant en 2024 Mega International, éditeur hexagonal bien connu de solutions pour les architectes d’entreprise. Cette fusion, suivie du rachat de Alfabet auprès de Software AG, a permis l’émergence d’un groupe européen d’environ 600 collaborateurs qui propose, outre des outils d’EAM (Entreprise Architecture Management), des logiciels de gestion stratégique de portefeuilles (SPM) pour les projets.
Il reste pourtant beaucoup à faire pour démocratiser ces métiers et leurs outils, et la 5e version de l’étude État des lieux de l’architecture d’entreprise s’y attelle, en même temps qu’elle propose une forme d’introspection à ces professionnels.
Réalisée auprès de 500 d’entre eux, elle repose sur une classification des organisations en quatre catégories, allant des 25 % de retardataires, jusqu’aux 25 % des plus matures.
Sans trop de surprise, elle confirme que les organisations ayant des pratiques d’architecture d’entreprise plus matures investissent de manière plus stratégique et comprennent mieux les changements nécessaires à leur transformation.
En particulier, 56 % des leaders en AE affirment que leurs projets sont priorisés en fonction des objectifs stratégiques, contre seulement 34 % des répondants globaux et 14 % des retardataires.
Côté investissement cette fois, 66 % des leaders utilisent leur programme d’architecture d’entreprise pour orienter leurs décisions d’investissement, comparé à seulement 28 % des retardataires.
Et pour ce qui concerne la visibilité sur la contribution des processus aux objectifs stratégiques, les leaders sont 1,8 fois plus susceptibles que la moyenne de disposer d’une bonne lecture. Ils sont également 1,6 fois plus nombreux à avoir une visibilité forte sur les personnes, technologies et projets de transformation.

Un lien avéré entre RSE et architecture d’entreprise
Cette cinquième version explore aussi le versant RSE de l’architecture d’entreprise et constate à cette occasion que les plus matures intègrent bien plus facilement des critères de durabilité dans leurs décisions de transformation : ils sont 49 % dans ce cas, contre 27 % du panel dans sa globalité et seulement 14 % des retardataires.
Dans le même registre, près de la moitié (48 %) des leaders comprennent l’impact environnemental de leurs actifs IT, contre seulement 25 % des répondants globaux et 13 % des retardataires.
Enfin, plus d’un tiers (34 %) des premiers de la classe ont intégré des indicateurs de durabilité dans leurs outils de planification stratégique. Ce chiffre tombe à seulement 13 % pour l’ensemble des répondants et à 5 % pour les retardataires.
Avec de tels résultats, plutôt positifs, la question de la réticence des entreprises à se précipiter sur de telles solutions se pose forcément. Bizzdesign suggère que c’est le défaut de stratégies – et de stratèges ! – qui est en cause et a demandé à son panel quelles étaient les principales barrières à leur mise en œuvre.
Personne ne sera vraiment surpris de voir que les manques de budgets (20 % de citations), des cultures organisationnelles résistantes au changement (15 %) et enfin des problèmes liés au management, tels que les retards dans la prise de décision (14 %), sont cités en premier.
En revanche, 39 % des leaders sont aujourd’hui enclins à investir sur l’AE, côté outils, ressources et formation. Un chiffre qui n’est sans doute pas sans lien avec le fait que 36 % des architectes d’entreprise reportent directement à la DSI – et 41 % à un CTO.
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