Opinions

Le SI est-il devenu trop important pour être confié à la DSI ?

Par La rédaction, publié le 21 janvier 2015

Jérôme Besson

Associé, Sentelis

La rupture digitale provoquée par le cloud computing, l’informatique mobile, les réseaux sociaux, la consumérisation de l’IT, l’Internet des objets, le big data poussent le système d’information au cœur de toutes les activités de l’entreprise 3.0, le rendant indissociable de l’expérience vécue par les clients et les partenaires business. La technologie et plus globalement le SI deviennent un vecteur clé d’innovation métier et de compétitivité.

   En regard de ces attentes, la relation existante avec la DSI, parfois complexe et pas toujours orientée business, conduit souvent ces métiers ou directions générales à considérer que la DSI n’apportera pas les réponses attendues (en délai, en coûts, en qualité). Quel paradoxe ! Alors que l’IT n’a jamais autant compté pour le business, la DSI n’a jamais été à ce point questionnée sur sa valeur !

   De ce fait, une majorité prévoit une transformation profonde de la DSI, qui tend à devenir moins opérationnelle, plus stratège et plus petite (Lean IT), concentrée sur l’orchestration de services achetés ou loués auprès de fournisseurs cloud plutôt que sur la conception, le développement, la production et l’exploitation en interne de ces mêmes services (IT as a service Broker). Les plus extrémistes prédisent même sa disparition !

   Cette vision alarmiste repose sur l’observation des comportements actuels (shadow IT, BYOD, nouveaux modes de consommation de l’IT tels que les app stores, etc.), et les tendances de fond du marché de l’IT (cloud computing, off res prêtes-à-consommer en mode XaaS, Freemium, Pay-as-you-go, maturité des solutions open source). Les métiers accèdent désormais à moindre coût à des ressources IT jusqu’ici inaccessibles techniquement et financièrement.

   En tant que fonction d’entreprise et telle que nous la connaissons, l’IT va devoir se transformer autour d’un modèle hybride entre in-house et cloud. La façon de manager l’IT va désormais compter davantage que l’IT elle-même. Ce management de l’IT ne doit toutefois pas être dépersonnalisé, au risque d’une perte de maîtrise globale du SI et de conséquences désastreuses pour l’entreprise.

   S’il faut quitter le modèle de Monar’SI où la DSI a seule le monopole du SI, il ne faut pas tomber dans un modèle d’Oligar’SI où seuls les métiers gouvernent, ni d’Anar’SI où les usagers trustent le pouvoir, mais bien construire une Démocra’SI autour d’un nouvel équilibre entre tous les acteurs du SI, plus globalement une nouvelle gouvernance que l’on peut qualifier de gouvernance 3.0.

   Une Démocra’SI qui doit rester construite autour d’un acteur IT puissant et unique de l’intégrité globale du SI, de sa cohérence d’ensemble et de sa feuille de route stratégique et opérationnelle. Cet acteur doit rester la DSI. L’entreprise doit la conforter (et le DSI avec) dans ce rôle, en redéfinissant sa proposition de valeur, l’équilibre entre métiers et IT et ce, autour d’un double objectif : l’efficience et l’efficacité, autrement dit l’industrialisation du SI et l’innovation IT au service des métiers. À défaut, qui dans l’entreprise va concevoir l’architecture globale du SI ? Qui va s’assurer de la maîtrise de bout en bout de la qualité d’un service composite entre différents fournisseurs et être responsable en cas d’incident ? Qui va garantir la réversibilité des services externalisés, prévenir le risque de « Vendor Lock-in » ? Qui va garantir la sécurité globale d’exploitation des SI ?

   De fait, imaginer la disparition de la DSI, c’est prendre un raccourci qui occulte des sujets critiques pour l’entreprise 3.0. Si son rôle et sa taille sont potentiellement amenés à se réduire, ses compétences doivent aussi se transformer. Mais il devra persister un noyau dur avec à sa tête un manager dont le rôle évoluera également et qui devra composer avec les nouveaux rôles digitaux à la croisée entre business et IT que sont le CDO (Chief Digital Offi cer) et le CTO (Chief Technology Offi cer).

   Alors définitivement, n’effacez pas votre DSI de l’organigramme. Elle va servir…quand bien même elle n’occupera plus du tout la même surface.

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights