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Microsoft au secours de Linux

Par Laurent Delattre, publié le 16 octobre 2018

Pour ceux qui doutaient encore que les temps ont bien changé du côté de Redmond, Microsoft rejoint l’OIN avec 60 000 brevets en poche pour protéger Linux contre les violations de brevets…

Créée en 2005, l’OIN (Open Invention Network) est une organisation de l’univers open source destinée à protéger Linux contre d’éventuels déboires légaux autour des brevets et violations de brevets. Elle comporte 2650 membres dont Red Hat, SUSE, IBM ou Google. Elle se présente elle-même comme une « communauté de non-agression en matière de brevets ». Elle compte désormais un nouveau membre : Microsoft.

Ironiquement, l’OIN a été créée en partie pour protéger Linux de cet « ancien Microsoft » qui voyait le système comme un « cancer » et qui n’hésitait pas à faire valoir ses brevets comme en témoigne les procès contre TomTom (en 2009) ou les « accords » passés autour d’Android avec quelques grands constructeurs.
Mais ça, c’était avant… Du temps de Steve Ballmer et bien avant Azure. Depuis le cloud public est venu redistribuer les cartes, Microsoft a rejoint la Linux Foundation et Satya Nadella a impulsé une ouverture nouvelle.

Aujourd’hui, Microsoft vient protéger Linux contre les « Pattent Trollers » en rejoignant l’OIN avec dans son escarcelle 60 000 brevets qui deviennent librement utilisables sans royalties ni risque de violation aux 2650 membres de l’OIN. Le chiffre est d’autant plus imposant que l’OIN ne disposaient jusqu’ici que d’un peu plus d’un millier de brevets. Une telle allégeance à l’OIN signifie par exemple que non seulement un contributeur comme Read Hat ou Google peut aujourd’hui ajouter dans le système des fonctionnalités couvertes par un des 60 000 brevets Microsoft, mais également que d’autres acteurs de l’open source (qu’ils soient ou non membres de l’OIN) peuvent exploiter cette fonctionnalité Linux sans craindre de poursuites de Microsoft.

Dans un billet de blog, Erich Andersen, Corporate Vice President, Deputy General Counsel chez Microsoft Corp, explique ainsi : « notre décision de rejoindre OIN peut surprendre beaucoup de personnes. Ce n’est pas un secret, il y a eu dans le passé des frictions entre Microsoft et la communauté open source autour des brevets. Mais depuis désormais près de 10 ans, nous œuvrons à rendre notre entreprise plus ouverte. Microsoft est aujourd’hui devenu l’un des plus importants contributeurs open source. Nos employés et développeurs contribuent à plus de 2000 projets open source, nous supportons toutes les distributions majeures de Linux dans Azure, et nous avons placé en open source de nombreux projets majeurs comme .NET Core, TypeScript, VS Code ou Powershell. En rejoignant OIN, nous croyons que Microsoft va pouvoir en faire encore plus pour aider à protéger Linux et d’autres technologies open source des guerres de brevets ».

Une décision qui arrive également au moment où la Commission Européenne vient d’autoriser l’acquisition de GitHub par Microsoft.

 

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