L'e-commerce doit passer au vert s'il veut continuer de s'imposer.

Green IT

Moins de carbone, plus de revenus : le e-commerce doit passer au vert

Par Laurent Delattre, publié le 05 décembre 2022

L’empreinte écologique du numérique est une préoccupation croissante dans toutes les entreprises du digital à commencer par celles du e-commerce qui doivent se montrer plus sobres, plus durables, et passer au vert. Voici pourquoi et comment..

Par Nicholas Mouret, CEO et cofondateur de Greenmetrics

Quarante ans ont passé depuis les débuts du commerce en ligne, et c’est dans les années 2000 qu’il s’est imposé pour devenir omniprésent dans nos habitudes d’achat. Aujourd’hui, il représente une composante indispensable du business des retailers qui souhaitent répondre aux attentes des consommateurs et rester compétitifs. Chaque année, plus de 27 000 sites e-commerce sont ainsi lancés. Avec un impact sur nos vies, mais aussi sur l’environnement.

D’abord par la quantité : boosté par la crise sanitaire et la démocratisation d’Internet, le nombre de sites web a explosé ces dernières années en France. En particulier ceux dédiés aux particuliers, qui sont désormais plus de 200 000 référencés par la Fevad (chiffres 2021, + 11 % par rapport à 2020).

Ensuite par leurs contenus : les principales tendances de 2022 (live, social et vocal shopping, accroissement du volume d’achats par mobile, attrait de la vidéo, surplus d’images…) ont de grandes conséquences sur leurs bilans environnementaux. Et si on note une prise de conscience générale des dangers, peu de professionnels réalisent aujourd’hui que les grands gagnants de demain se trouveront parmi les créateurs d’un commerce en ligne plus durable et sobre. C’est l’évolution souhaitée par les cyber-acheteurs, puisque 80 % d’entre eux sont plus fidèles aux marques prenant des engagements forts contre la pollution numérique.

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Des interfaces à « dépolluer »

C’est un fait que le numérique pollue, puisqu’il représente déjà 4 % des émissions de GES par an. Les interfaces web, de par leur conception, leur poids, les interactions suscitées des acheteurs, les langages utilisés, l’hébergement et le nombre d’informations exposées sont très émettrices. Mais ce n’est pas une fatalité. Et verdir son site n’a pas de conséquence négative sur ses performances et le chiffre d’affaires, bien au contraire.

Prenons l’exemple du poids des pages qui a quadruplé en 15 ans. C’est le règne de l’infobésité, avec toujours plus d’images, de vidéos, et d’éléments qui viennent alourdir le bilan, alors que 45 % des fonctionnalités proposées ne seront jamais utilisées. On s’aperçoit que mettre de la sobriété dans leur conception, avec des informations plus complètes et plus claires, a pour effet non seulement de limiter les interactions avec un serveur qui demande beaucoup d’énergie à chaque chargement, mais aussi de retenir l’attention des acheteurs, qui profitent de parcours client optimisés. Or cela paye, car dans le e-commerce, l’attention d’un internaute chute en moyenne au bout de huit secondes, et une seconde d’attente fait plonger le taux de conversion à – 20 %. Améliorer l’expérience client en allégeant et en simplifiant les pages est donc rentable !

Autre décision sans conséquence sur le chiffre d’affaires, le choix d’un hébergement de proximité nous évite de faire transiter les informations à l’autre bout du monde. Et tant mieux si l’hébergeur utilise des énergies renouvelables.

Miser sur la data

Enfin, n’oublions pas que nous avons aujourd’hui les métriques pour déterminer les sources de pollution au quotidien. L’analyse de ces data est centrale dans le combat pour la réduction de l’empreinte carbone et l’éco-conception des sites.

Avec à terme la promesse peut-être d’un label, mais surtout d’une plus forte fédération des acheteurs, et d’un site plus performant sur le plan commercial, qui réduit ses taux de rebond et optimise le trafic. Alors, même si la refonte des sites et l’éco-conception restent des exceptions dans le retail, espérons qu’ils deviennent rapidement la règle.

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