L’état officialise son premier référentiel d’écoconception des services numériques

Green IT

L’état lance le référentiel d’écoconception des services numériques

Par Marie Varandat, publié le 02 décembre 2022

Destiné à toutes les entreprises pour réduire l’empreinte environnementale de la conception logicielle, le RGESN propose une liste de bonnes questions à se poser avant de se lancer dans un projet. Générique, intemporel et vérifiable, il est accompagné d’un outil permettant de s’autoévaluer.

Il était très attendu !  Le « référentiel général d’écoconception de service numérique » ou RGESN vient d’être publié. Élaboré dans le cadre de la mission interministérielle numérique responsable (MinNumEco) et co-pilotée par la Direction interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition Écologique, l’ADEME et l’Institut du Numérique Responsable, il est le fruit d’un travail collectif mené en concertation avec les administrations, les entreprises, les associations et les universitaires. Il recense pas moins de 79 critères à prendre en compte lors du développement d’un service numérique afin de réduire la consommation des ressources informatiques et de lutter contre l’obsolescence des équipements. Il est accompagné de l’outil de diagnostic NumEcoDiag, permettant aux organisations de s’auto-évaluer sur ces critères. Accessibles gratuitement, ces deux outils s’adressent à toutes les organisations soucieuses de réduire l’empreinte environnementale du numérique.

Un référentiel de… bonnes questions

Si vous attendiez un recueil de bonnes recettes à appliquer à tous vos développements, vous risquez d’être déçus. En matière d’éco-conception, la recette miracle n’existe pas. On sait en revanche sur quels leviers appuyer pour réduire l’empreinte du numérique et c’est précisément ce que propose ce référentiel en listant une série de questions couvrant 79 critères. Les questions sont dispatchées en 8 grands chapitres couvant les différents domaines à prendre en compte lors de la conception : stratégie (ou pertinence du service), spécifications, architecture, UX/UI, contenus, frontend, backend et enfin hébergement.

Pour chaque question posée, le RGESN décrit les objectifs et propose des pistes de mise en œuvre ainsi que des moyens de contrôle. Ce référentiel s’adresse à toutes les organisations privées et publiques, éditeurs de services logiciels compris. Dès lors, il se veut très complet tout en prenant suffisamment de hauteur pour couvrir toutes les situations. Résultat, certains points sonnent comme des évidences sans apporter de réponse concrète, à l’instar de la question 6.1 du chapitre Frontend : 

Promouvoir une démarche volontaire par un badge RGESN

Toutes les questions ne sont évidemment pas traitées de façon aussi générique. Le RGESN propose parfois des pistes concrètes, comme le recours aux 17 Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU ou aux 9 limites planétaires pour déterminer l’utilité d’un service (chapitre stratégie, question 1.1). Pour autant, la MinNumEco estime que tous les critères listés sont vérifiables et, dans cette perspective, elle accompagne son référentiel de NumEcoDiag, une solution permettant d’évaluer « facilement » l’éco-conception d’un produit ou d’un service.

Disponible sous forme de plug-in pour Firefox et Chrome – et accessoirement Edge en utilisant une version Chrome compatible -, NumEcoDiag se base sur les 79 critères du RGESN pour estimer le niveau d’éco-conception d’un service. Les résultats sont affichés sous forme d’un graphique. NumEcoDiag peut également se transformer en outil de communication en convertissant les résultats en badge HTML à afficher sur son site, par exemple, pour mettre en valeur l’écoconception d’un service.  Il ne s’agit toutefois pas d’un label, la MinNumEco n’ayant prévu à ce jour aucune certification basée sur le RGESN. De la même façon, l‘application du RGESN n’est pas une obligation à ce stade ainsi que le souligne la MinNumEco : « Il s’agit d’abord de promouvoir une démarche volontaire d’écoconception des services numériques. La démarche de conformité au référentiel peut être incrémentale et progressive, dans une approche d’amélioration continue ».

À LIRE AUSSI :

Inscrire l’éco-conception dans une démarche globale

A défaut de fournir une recette clef en main, le référentiel de l’écoconception et son outil d’évaluation présentent l’avantage d’offrir aux organisations la bonne liste de questions à se poser avant de se lancer dans un projet. Et c’est d’autant plus important que la majorité des dirigeants informatiques ne savent pas toujours par quel bout attaquer la problématique du développement durable.

Pour autant, la MinNumEco rappelle que : « L’écoconception des services numériques n’est pas uniquement une recherche d’optimisation, d’efficience ou de performance mais une réflexion plus globale sur l’usage des technologies ». Et d’ajouter : « Ce référentiel doit être intégré dans un cercle vertueux comprenant les référentiels et règlements existants: RGAA pour l’accessibilité numériqueRGS pour la SécuritéRGI pour l’interopérabilitéRGPD pour la protection des données personnelles et le R2GA pour la gestion des archives. »

Au-delà, l’écoconception n’est qu’un des six grands chantiers traités actuellement par la MinNumEco. Elle a aussi à son programme les achats numériques responsables, la mesure de l’empreinte environnementale, l’outillage logiciel de la démarche, la sensibilisation du grand public et la gestion des déchets électroniques (DEEE). À ce stade, seule l’écoconception a fait l’objet d’un référentiel validé.

À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité