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Next’19 : multicloud et open source, Google Cloud mise sur un cloud débridé

Par Xavier Biseul, publié le 10 avril 2019

Au premier jour de sa conférence annuelle, Google Cloud a rappelé sa vision d’un monde hybride et multicloud, basé sur les standards open source. Parmi les nouveautés, deux solutions visant à jeter des ponts entre le monde on-premise et le cloud.

Google joue lui aussi la carte du cloud hybrideLe « cloud first » est un Graal inaccessible pour la plupart des entreprises. Hormis les sociétés naissantes ou de taille modeste, elles doivent composer avec leur existant. Un « legacy » qui les leste au moment de monter définitivement dans le nuage. Autant de clients potentiels qui échappent aux providers de cloud public. Fort de ce constat, Google Cloud a placé le premier jour de sa conférence annuelle, Next’19, sous le signe de l’ouverture.

La liberté est tout d’abord laissée aux entreprises d’exécuter un service cloud depuis leurs propres serveurs mais aussi de passer d’un cloud public à l’autre. En concurrence avec Microsoft Azure et Amazon Web Services (AWS) et leurs solutions respectives – Azure Stack et AWS Outposts –, Google Cloud enrichit son offre de gestion de cloud hybride. Présenté il y a tout juste un an, et en bêta depuis février, Google Cloud Services Platform passe en disponibilité générale et change de nom pour devenir Anthos.

La vision cloud hybride de Google

Lancement d'Anthos, la stack cloud privé de GoogleAvec Anthos, Google propose d’intégrer ses services directement au sein des infrastructures de ses clients. Ces derniers peuvent les exécuter sur Google Cloud Platform (GCP) avec Google Kubernetes Engine (GKE) ou dans leur datacenter avec GKE On-Prem. Anthos permet également de gérer des charges de travail exécutées sur des clouds tiers tels qu’Amazon Web Services (AWS) et Azure, sans que les administrateurs et les développeurs n’aient à maîtriser les consoles et APIs de ces derniers.

À côté de Kubernetes, l’orchestrateur de containers maison, placé en open source, Anthos intègre son extension Knative pour déployer des fonctions et applications en mode serverless. Autre add-on de Kubernetes, Istio (dans une version baptisée Istio on GKE) gère, lui, les microservices tandis que Stackdriver en assure le monitoring.

Solution 100 % logicielle, Anthos doit s’assurer de la compatibilité de l’infrastructure sous-jacente. Google Cloud a noué pour cela des partenariats avec les constructeurs HPE, Dell, Lenovo et Cisco. Ce dernier a conçu une solution spécifique baptisée Cisco Hybrid Architecture for Google Cloud.

Parmi les partenaires logiciels, on trouve VMware, l’acteur incontournable de la virtualisation, avec une base installée particulièrement forte en France. Une belle prise de guerre puisque VMWare est surtout connu pour être un partenaire de longue date d’AWS avec qui il a co-construit ces solutions packagées pour passer du on-premise et vice-versa : VMware Cloud on AWS et, plus récemment, VMware Cloud on AWS Outposts.

Pour aider les entreprises à sauter le pas du cloud public, Google Cloud a également annoncé Anthos Migrate. En version bêta, ce service migre automatiquement des machines virtuelles, d’un cloud local vers un cloud public, y compris des clouds tiers comme Microsoft Azure et AWS. Une fois encore, c’est Kubernetes ou plutôt Google Kubernetes Engine (GKE) qui est à l’œuvre.

« Compute stack sans serveur »

Google Cloud veut aussi se renforcer dans le monde du sans serveur (serveless) qui autorise les développeurs à exécuter leur code sans avoir sans à se soucier de configurer et gérer l’infrastructure sous-jacente. Alors qu’avec Lambda, AWS a emprunté dès 2014 cette voie et fait depuis course en tête (même si « Azure Functions » s’est considérablement enrichi ces derniers mois), Google Cloud entend inverser la tendance.

Il lance en version bêta, Cloud Run, « une compute stack sans serveur », disponible sur l’incontournable GKE et basé sur Knative. En marge de ce que Google proposait sur le sujet – Google Cloud Functions – l’originalité de Cloud Run est de pouvoir exécuter des charges de travail dans un cloud mais aussi sur site. Reposant sur le paiement à l’usage, la facturation est établie au centième de milliseconde. Veolia et Airbus Aerial font partie des premiers clients bêta testeurs.

Partenariat avec sept éditeurs open source

Google Cloud veut séduire les entreprises via l'open sourceL’ouverture, c’est également l’open source. Ce mardi 9 avril, Google Cloud a annoncé des partenariats avec sept acteurs du monde libre spécialisés dans la gestion et l’analyse de données : Confluent, MongoDB, Elastic, Neo4j, Redis Labs, InfluxData et Datastax. Google va fournir les services gérés exécutés par ces éditeurs en les intégrant à Google Cloud Platform (GCP).

L’objectif est de proposer une expérience utilisateur unifiée. Les utilisateurs configurent et gèrent, par exemple, une base de données MongoDB depuis la console Google Cloud comme s’il s’agissait d’une application native du provider. Le support est aussi unifié, les tickets arrivant dans une file commune à Google et aux éditeurs. Idem pour la facturation qui est centralisée au niveau de Google Cloud sans que l’on sache quelle sera la commission reversée aux partenaires.

Cette annonce est un beau pied de nez à AWS. Ces derniers mois, trois éditeurs référencés par Google – Confluent, MongoDB et Redis Labs – ont modifié leur modèle de licence afin de contrer l’utilisation sauvage de leurs solutions de la part de certains fournisseurs de cloud et tout particulièrement AWS. Ils leur reprochent de les packager sous forme services managés et d’en tirer bénéfices et ce, sans contribuer suffisamment à l’optimisation du code.

Un quatrième éditeur, Elastic, est aussi vent debout contre AWS. Cette fois-ci, c’est AWS qui a déterré la hache de guerre en lançant, le 11 mars dernier, Open Distro for Elasticsearch. Soit sa propre distribution d’Elasticsearch, le moteur de recherche orienté documents. Le géant du cloud estime qu’Elastic ne joue pas le jeu de l’open source en commercialisant des extensions propriétaires.

Enfin, Google Cloud a annoncé deux nouvelles zones – Séoul en Corée du Sud et Salt Lake City aux États-Unis – portant à 21 le nombre de régions couvertes. Osaka (Japon) et Jarkata (Indonésie) suivront. En revanche, la France ne possède toujours pas de zone dédiée à la différence de ce que propose AWS et Microsoft Azure. En Europe, Google est présent aux Pays-Bas, en Belgique, en Finlande, à Londres, Francfort et Zurich.

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