En route vers du collaboratif souverain. Trois acteurs français du collaboratif s'unissent pour proposer une plateforme collaborative et souveraine alternative à Microsoft. Ils visent notamment les OIV.

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Oodrive, Olvid, et Tixeo développent leur collaboratif « 365 » souverain : projet TOO 2022

Par Laurent Delattre, publié le 30 septembre 2022

Surfant sur la nécessité française et européenne de retrouver de la souveraineté numérique, trois acteurs français – Oodrive, Olvid et Tixeo – unissent leurs solutions respectives pour élaborer une plateforme commune de collaboratif souverain et espèrent prendre des parts de marché à Microsoft.

OODrive est spécialisé dans le partage de fichiers en SaaS. Olvid propose une messagerie instantanée. Tixeo édite un outil de visioconférence. Les trois solutions sont estampillées par l’ANSSI : Oodrive a obtenu la qualification SecNumCloud pour ses offres de cloud privé, Olvid deux certifications de sécurité de premier niveau et Tixeo la qualification élémentaire, une première pour ce type de solution.

Les trois acteurs ont annoncé travailler sur l’intégration poussée de leurs solutions respectives afin de proposer une plateforme collaborative unifiée avec un service d’authentification unique et une expérience utilisateur « sans couture ». Un “Minimum Product Viable” devrait arriver dans six mois et une version commerciale fin 2023. Baptisée TOO (plus exactement projet TOO 2022), cette plateforme se veut une alternative souveraine à d’autres acteurs du marché de la collaboration et en particulier à celle de Microsoft et celle de Google.

Côté clients, les trois éditeurs ciblent d’abord les Opérateurs d’importance vitale, les fameux “OIV”. Ce qui représente environ 250 entreprises privées ou publiques dans des secteurs stratégiques comme l’armement, la défense, la recherche technologique, l’eau, l’électricité, les télécoms, les transports…

Objectif : devancer BLEU

La solution se veut aussi être une alternative pour toutes les entreprises, PME incluses, désireuses de ne pas être soumises à une législation extraterritoriale comme le Cloud Act et exigeant un bon niveau de confidentialité pour tout ou partie de leurs données mises sur un cloud. TOO pense notamment pouvoir devancer BLEU, l’alliance entre Microsoft et Orange/Capgemini, prévue courant 2024 et qui doit proposer la solution Office sur un “cloud de confiance” à la française. Pour rappel, S3NS, l’association de Google et Thales, se focalise quant à elle sur Google Cloud et non sur Google Workspace.

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Si l’initiative répond à un réel besoin, elle n’est pas la première. En octobre 2021, un collectif de huit éditeurs français avait déjà rebondi sur les annonces du gouvernement en matière de souveraineté numérique pour mettre en avant les solutions collaboratives “souveraines” : Jamespot, Atolia, Jalios, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et WIMI se sont associés pour proposer une alternative crédible à Microsoft 365 sur toutes les facettes du collaboratif. Une initiative qui était davantage basée sur une approche “Best of Breed” que sur une volonté d’intégration façon TOO. De son côté, le Cigref a publié l’an dernier un guide des “Suites collaboratives alternatives” mettant en avant quelques unes des alternatives les plus abouties.

Un marché “souverain” encombré

Dans un esprit similaire, rappelons également que le collectif Euclidia (où l’on retrouve notamment les acteurs du collaboratif Abilian, Jamespot, Collabora Office, Clever Cloud, Netframe, NextCloud, Startin’Blox et XWiki), créé en juillet 2021, cherche lui aussi à valoriser les solutions cloud 100% européennes et à se démarquer des initiatives trop internationales de Gaia-X.

Voir des acteurs ainsi s’unifier est toujours intéressant et probablement bien plus sain pour l’écosystème logiciel français et européen. Néanmoins, tout ceci manque un peu coordination et les acteurs européens du travail collaboratif arrivent en ordre bien trop dispersés pour inquiéter les mastodontes américains. Fondateur de l’éditeur d’outils collaboratifs Jamespot, Alain Garnier était notre invité en mai dernier. Il évoquait notamment l’importance de rééquilibrer les forces numériques en Europe, les challenges et difficultés mais aussi les atouts et opportunités d’être un éditeur français. Il défendait l’approche européenne plus frugale et orientée “besoins clients” que l’approche américaine “obèse” visant à en ajouter toujours plus même l’inutile. Une interview à retrouver ci-dessous. Le marché des solutions collaboratives souveraines pourrait devenir très encombré d’ici quelques temps.

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