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Des alternatives à 365 de plus en plus crédibles

Par Patrick Brébion, publié le 03 décembre 2021

Open source ou pas, des éditeurs français rebondissent sur la mouvance « souveraine » prôné par le gouvernement pour mettre en avant leurs solutions. Celles-ci couvrent aujourd’hui tout le périmètre de 365 et sont utilisées par des grandes organisations.

Fin octobre, un collectif de huit éditeurs français a rebondi sur les annonces du gouvernement en matière de souveraineté numérique. Mené par Alain Garnier, dirigeant de Jamespot, Atolia, Jalios, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et WIMI se sont associés pour proposer une alternative crédible à Microsoft 365 sur toutes les facettes du collaboratif, de l’annuaire à la bureautique en passant par la messagerie. Un nouvel effort pour reprendre quelques parts de marché à Microsoft après le lancement cet été de l’alliance Euclidia (European cloud industrial alliance) qui a également pour but de valoriser des solutions cloud européennes, open source comme propriétaires, en particulier auprès du secteur public. « Le collectif n’impose pas de prendre huit contrats, souligne Alain Garnier. Deux suffisent dans la plupart des cas. Les solutions couvrent la quasi-totalité des besoins collaboratifs. Elles se différencient par leurs points forts, le stockage et la visio-conférence par exemple. D’ailleurs, les entreprises sont souvent amenées à ‘muscler’ leurs plateformes 365 avec des outils complémentaires. » Si ces solutions sont déjà disponibles depuis plusieurs années, elles répondaient le plus souvent à des besoins limités, notamment en termes de nombre d’utilisateurs. Un rapport du Cigref publié en février dernier avait confirmé leur pertinence en soulignant le besoin d’interopérabilité entre les différentes briques.

Aujourd’hui, plusieurs verrous sont levés. « Notre solution de collaboration, de réseau social d’entreprise et d’intranet est déployée à la CNAM pour 100 000 utilisateurs », illustre Alain Garnier. Côté support, l’éditeur a noué des partenariats avec des ESN, « par exemple avec Capgemini, chargé du support de niveau 1 pour BPI France, un autre client », ajoute notre interlocuteur. Autre illustration, l’extranet collaboratif de Jalios est utilisé par les 10 000 employés de Mr Bricolage.

L’AD de Microsoft remplacé par un annuaire libre pour 100 000 utilisateurs

Sur le terrain, un verrou plus technique demeurait. En complément des solutions collaboratives, les grandes entreprises utilisent très majoritairement l’Active Directory de l’éditeur de Redmond, notamment parce que les annuaires libres ne supportaient pas plus de quelques dizaines de milliers de comptes. La DGFIP (ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance) était dans ce cas. Sa DSI a fait développer une nouvelle version de l’annuaire open source Samba. Ce code est disponible dans les dernières versions de Samba. Aujourd’hui en production, cet annuaire prend en charge les 100 000 fonctionnaires de cette administration, qui ont également basculé sur des solutions collaboratives alternatives.

Au-delà des seules économies budgétaires, le coût des licences liées à l’AD étaient nettement plus élevé que celui de l’extension de Samba (autour de 300 et 400 k€). De plus, la mise en place d’un annuaire dont le code source est sous contrôle améliore la sécurité du système d’information. Ce n’est pas une nouveauté : l’AD de Microsoft fait partie des portes d’entrée, des chemins de compromissions, très souvent utilisées par les hackers. Et la solution proposée par l’éditeur pour sécuriser son AD, une architecture trois tiers, – le Tiering Model-, avec trois « couches » d’administrateurs, n’est quasiment pas déployée sur le terrain tant pour des raisons financières qu’organisationnelles.

Aujourd’hui, open source ou pas, les alternatives collaboratives aux grands éditeurs américains sont désormais matures. « Reste la question de la myopie au moment de la sélection, insiste Alain Garnier. Souvent, si vous ne faites pas 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, vous n’existez pas. » Il en profite pour ajouter : « Contrairement à certains grands éditeurs, qui font signer des NDA – accord de non-divulgation – à leurs clients sur les tarifs, les nôtres sont simples à calculer et publics ».

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