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Oracle OpenWorld 2019 : ce que les DSI doivent en retenir

Par Laurent Delattre, publié le 20 septembre 2019

Oracle poursuit à un rythme soutenu sa transformation vers le cloud, tissant de nouveaux partenariats tout en cherchant à prôner des infrastructures plus autonomes.

Les grandes conférences internationales des éditeurs sont essentiellement des grandes messes marketing. L’OpenWorld d’Oracle n’échappe pas à la règle, mais avec Larry Ellison aux commandes on peut être certain que la soupe marketing fera tout le repas et qu’elle ne manquera pas de piquant contre la concurrence.
L’édition 2019 n’a pas dérogé à la règle bien au contraire. Car Oracle a compris après tous les autres que son avenir était dans le Cloud. Un démarrage tardif qui l’oblige à être un peu plus inventif en marketing que les autres : d’où cette trouvaille d’auto-déclarer Oracle Cloud comme le premier cloud de « seconde génération », histoire de bien sous-entendre que tous les autres seraient eux de première génération. Et pour justifier cet attribut, l’éditeur joue sur les mots. Tout le génie du marketing d’Oracle, c’est de s’être approprié le mot « Autonomous ».

Oracle joue sur les mots…

Depuis des années, les psychologues et chercheurs débattent sur la différence existante entre « systèmes automatisés » (qui reproduisent des actions humaines) et « systèmes autonomes » (qui supposent des machines capables de gérer l’imprévu sans intervention humaine). Depuis 2017, l’éditeur s’attache à rajouter le mot « Autonomous » à tout ce qu’il met dans le cloud. Cela a commencé avec la base de données et s’étend petit à petit aux services, à l’ERP, au CRM, etc. Sauf que le concept est ici quelque peu perverti. Dans leurs explications, les responsables d’Oracle expliquent par exemple que les utilisateurs n’ont pas eu à mettre à jour Oracle Database. Mais, ça c’est vrai de tout service PaaS et SaaS. La réalité, c’est que tous les clouds sont ultra-automatisés, et qu’aucune base de données nativement cloud n’a besoin d’un DBA. Et tous les clouds insufflent petit à petit du Machine Learning dans leurs processus d’automatisation pour améliorer la sécurité, optimiser les coûts, conseiller les entreprises sur ce qu’elles devraient implémenter. Pour autant, aucune offre, pas même celles qui se prétendent « autonomes », ne savent réellement gérer seules l’imprévu. Ce qui, soit dit en passant, n’enlève rien aux réels efforts d’Oracle pour rendre effectivement son cloud le plus automatisé possible et le plus simple d’emploi possible.

Les principales annonces…

Reste qu’au-delà de la symphonie marketing, cet OpenWorld était aussi riche en annonces et en enseignements. Pour ceux qui n’ont pas eu le temps de s’y pencher voici ce qu’il faut en retenir…

1/ Oracle joue la carte du multi-cloud
L’éditeur a bien compris que la véritable opportunité pour Oracle Cloud d’exister était de surfer sur la volonté des entreprises de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. À OpenWorld, Oracle a annoncé une extension de ses partenariats avec Microsoft. Durant l’été, les deux entreprises avaient lancé un partenariat autour de l’interopérabilité de leurs clouds afin d’optimiser le fonctionnement de workloads critiques exploitant les services et databases de l’un et de l’autre. À OpenWorld, les deux entreprises ont confirmé étendre cette interconnexion à de nouvelles régions. Elles ont aussi étendu leur collaboration au-delà des infrastructures avec l’intégration d’Oracle Digital Assistant dans Teams afin de permettre aux utilisateurs d’Office 365 d’accéder aux informations d’Oracle Cloud Applications via une interface conversationnelle. Rappelons qu’Oracle offre déjà son Digital Assistant pour Slack, Facebook Messenger et WeChat.
Dans un même ordre d’idées, Oracle a aussi annoncé un partenariat avec Box pour simplifier l’intégration des applications Oracle Cloud (et On Premises) avec Box.

2/ Oracle joue aussi celle de l’hybride
Comme AWS avec Outposts, Microsoft avec Azure Stack, IBM avec Cloud Private et Google avec Anthos, Oracle offre aussi une solution d’hybridation pour retrouver les services Oracle Cloud chez soi, avec Oracle Cloud At Customer. À OpenWorld 2019, l’éditeur a aussi annoncé la disponibilité d’une nouvelle appliance « Gen 2 Exadata Cloud at Customer Service » basée sur Oracle Exadata X8.
Mais l’hybridation peut aussi désormais s’envisager via VMware. L’idée est de permettre une migration transparente des workloads entre Oracle Cloud Infrastructure (OCI) et la pile SDDC de VMware (Cloud Foundation, vSphere, vSAN, NSX). La stack VMWare peut ainsi s’exécuter dans OCI. Parallèlement, Oracle Autonomous Database et Exadata Cloud Service sont supportés par VMware Cloud Foundation. Et les administrateurs peuvent piloter les Workloads On Premises et Cloud depuis vCenter et les outils vRealize.

3/ Oracle poursuit ses efforts pour rattraper son retard
L’éditeur a annoncé l’ouverture de 20 nouvelles régions Oracle Cloud d’ici la fin 2020. Ce qui portera son expansion à 36 régions au total. En Europe, Oracle a déjà des régions en Angleterre, Allemagne et Suisse. Trois nouvelles régions UK seront ouvertes (dont deux destinées à l’hébergement de ressources « gouvernementales ») et une seconde en Allemagne. Mais aucune ne semble prévue en France pour le moment.

4/ Autonomous Linux
C’est à croire qu’aucun cloud ne trouve Linux assez sécurisé, stable et scalable pour ses besoins. Tous y vont de leur propre implémentation à l’instar de Huawei Cloud et de son OpenEulerOS dévoilé cette semaine. Oracle a ainsi annoncé « Oracle Autonomous Linux » auto-déclaré « le premier OS autonome du monde ». Selon Ellison « il n’y a qu’une règle pour éliminer les risques de vol de données : mettre vos données dans un système autonome… Si vous éliminez l’erreur humaine par des systèmes autonomes, vous éliminez le vol de données ». Ce n’est évidemment pas une close contractuelle, juste du Ellison dans le texte. Dans les faits, Automatic Patching et Automatic Tuning sont au menu de cette implémentation. Apparemment, même les bibliothèques traditionnelles en ‘user space’ seraient automatiquement patchées et une détection d’exploits avec remédiation automatique serait également implémentée dans l’OS. Une telle automatisation aurait permis à Oracle Cloud d’appliquer 150 millions de patchs sur 1,5 millions de coeurs en 4 heures lors de la publication des correctifs Spectre et Meltdown. « Personne d’autre qu’Oracle n’est capable de faire ça… ». Si c’est Larry qui le dit…

5/ Oracle aussi se met au gratuit
Oracle Cloud était le seul cloud à ne proposer aucune offre gratuite pour tester des services, les évaluer sur la durée ou expérimenter des développements. Un frein pour séduire les développeurs à commencer par ceux toujours sur les bancs des écoles. Lors d’OpenWorld 2019, Oracle a donc annoncé des services « Always Free ». Oracle Cloud Free Tier donne accès à deux bases de données « Oracle Autonomous Databases » avec ses outils APEX et SQL Dev ainsi qu’à deux VMs OCI (1 vCPU et 1 Go de RAM) avec du stockage (2×50 Go en bloc, 10 Go en objet, 10 Go en archive) et 10 Mbps de bande passante.

Reste maintenant à Oracle Cloud d’exister sur le marché. Pour l’instant, il est rarement visible dans les différentes études de marché et généralement enfoui dans la catégorie « autres » qui pèse bien peu face à AWS et Azure. Si s’octroyer le mot « autonomous » est une brillante idée marketing, Oracle doit encore prouver que ses automatismes apportent un réel plus sur la concurrence et que son concept est effectivement compris et recherché par les clients. Un beau défi…

 

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