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OVHcloud fait son show… mais sans surprise

Par Laurent Delattre, publié le 09 novembre 2022

OVHcloud tenait cette semaine sa convention annuelle ExoEX22. L’occasion pour le cloud français de faire valoir ses atouts et faire un point sur sa roadmap de services.

Sur ce ExoEX22, il aura beaucoup été question de numérique responsable, de souveraineté et d’ouverture mais finalement bien peu de nouveaux services. OVHcloud n’avait pas de vraies nouveautés à dévoiler la plupart des annonces concernant en réalité des opérations ou des services déjà annoncés.

De numérique responsable d’abord. OVHcloud a toujours cherché à soigner sa facture énergétique et ses émissions. Et le leader européen du cloud public (SAP mis à part) a tenu à rappeler ses efforts et revenir sur ses innovations. Le groupe espère toujours utiliser 100% d’énergies bas carbone (comprenez principalement du nucléaire) d’ici 2025 et vise le Net Zero sur les scopes 1 et 2 (qui couvrent 40% des émissions d’OVHcloud) en 2025 et sur le scope 3 vers 2030. Il vise également le Zéro déchet en décharge depuis les centres de production à scope géographique constant d’ici 2025.

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Le groupe ne cesse de rappeler que son PUE est compris entre 1,1 et 1,3 contre une moyenne de 1,57 dans l’industrie mais se garde bien de signaler que ses concurrents américains sont alignés sur les mêmes chiffres (Google Cloud annonce un PUE moyen de 1,1, AWS entre 1,07 et 1,15 selon les datacenters et Azure 1,12 sur ses dernières générations de DC).

Ses initiatives technologiques sont cependant plus intéressantes. OVHcloud est ainsi revenu sur sa technologie Hybrid Immersion Liquid Cooling. Le principe ? Supprimer les ventilateurs et les radiateurs pour immerger les cartes mères dans un bain d’huile non conductrice d’électricité complété par un mécanisme de Water Cooling pour mieux absorber la chaleur des processeurs. OVHcloud a ainsi imaginé des armoires spéciales accueillant 48 serveurs 1U ou 24 serveurs 2U. Selon les ingénieurs d’OVHcloud un tel système permettra au groupe de réduire de 20,7% les dépenses énergétiques en refroidissement mais il réduirait également en moyenne de 60% le taux de panne. La technologie ouvre aussi la voie à des racks plus denses et des serveurs plus denses.

De souveraineté ensuite. Certifiée SecNumCloud sur deux datacenters, OVHcloud veut croire que la politique de « Cloud de Confiance » de l’état français va finir par lui envoyer les organismes publics, les OIV et les OSE. C’est sans aucun doute l’un des axes de croissance. Mais le groupe a aussi conscience qu’il faut agir vite car Bleu et S3NS ont déjà commencé à envoyer leurs commerciaux dans les entreprises même si leurs offres ne seront pas réellement disponibles avant fin 2024.

Le Groupe poursuit ses investissements pour proposer le label SecNumCloud dans l’entièreté de sa gamme IaaS (Infrastructure-as-a-service) et ses solutions PaaS (Platform-as-a-service). Et il ouvrira début 2023 une nouvelle région AZ pour couvrir la zone du Grand Paris.

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Et pour les cas les plus exigeants qui ne trouvent pas une réponse satisfaisante dans les offres Bare Metal et Private Hosted Cloud, le groupe s’inspire des américains avec une nouvelle offre « Data Center as a Service » permettant de déporter les services OVH dans les datacenters des clients ou à l’edge. Le Groupe annonce même travailler sur des « Data Center as a Service » totalement déconnectés : OVHcloud fournit matériel (serveur, réseau, stockage), les couches logicielles Cloud et les outils de supervision sur site, « tout en s’assurant que ces centres de données soient déconnectés d’Internet pour une souveraineté opérationnelle totale ».

Enfin en appui sur son partenariat avec Sopra Steria, OVHcloud qui a obtenu la certification SAP in Cloud and Infrastructure Operations en début d’année, ambitionne désormais – et fort logiquement – d’aider les entreprises à accélérer la migration de leurs environnements SAP vers ses infrastructures de « Cloud de Confiance » (SecNumCloud).

D’ouverture enfin. La réversibilité est un vieux cheval de bataille d’OVHcloud qui fut, rappelons-le, l’un des instigateurs de Gaia-X à l’origine avec ce même thème en leitmotiv. Ainsi nombre de services PaaS d’OVHcloud s’appuient sur des technologies open source. Et le fournisseur cloud veut désormais publier en open source l’intégralité de son logiciel d’orchestration et de ses propres services PaaS (annonce faite l’an dernier et confirmée cette année). Enfin rappelons qu’il est aussi à l’origine de l’initiative Open Trusted Cloud qui chercher à fédérer autour de son cloud de confiance un ensemble de solutions PaaS et SaaS européennes et centrées sur la transparence, la réversibilité, le respect des règlementations.

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Une cartographie des services IaaS et PaaS

Le portefeuille de services Public Cloud d’OVHcloud compte désormais plus de 80 solutions SaaS et PaaS. OVHcloud confirme que celui-ci va continuer d’évoluer « avec le lancement de plusieurs nouvelles solutions dans le premier semestre 2023 ». Parmi elles, de nouveaux services PaaS autour de la Data et du ML bien sûr, mais aussi une nouvelle offre de machines Bare Metal dans le cloud dénommée « Metal Instances » et plutôt destinée aux développeurs en quête de hautes performances. Selon le groupe, « Metal Instances, réunit le meilleur de l’univers Bare Metal, et sa formidable puissance de calcul, et la praticité de l’environnement Public Cloud, accessible au travers d’une tarification à l’usage. L’offre Metal Instances a été pensée pour répondre à des charges de travail spécifiques, offrant une disponibilité immédiate et des temps de déploiement rapides pour adresser les enjeux de performance mais aussi les contraintes de licence ou les besoins de personnalisation logicielle de bas niveau. »
Mais l’information la plus utile à retenir est probablement cette slide qui offre une cartographie complète des services aujourd’hui proposés par OVHcloud. Utile et instructif.

Cartographie des services d’OVHcloud fin 2022

Des partenaires plus nombreux

« OVHcloud vise à soutenir un vaste écosystème pour donner vie à la nouvelle génération de Cloud et ses applications, s’appuyant sur les forces et expertises de chaque partenaire » rappellent les responsables du groupe. Cette année a été marquée par d’importants partenariats avec Nutanix et SAP notamment. L’an prochain sera marqué par l’arrivée de « VMware Tanzu », l’infrastructure de bout en bout Kubernetes de VMware qui sera par ailleurs aussi proposée sur les datacenters SecNumCloud. Le groupe annonce 1100 partenaires à travers le monde.

Principaux partenaires de l’écosystème OVHcloud

Google Cloud : Chronique d’un divorce annoncé

Mais l’annonce la plus marquante de ce ExoEX22 est probablement celle de l’abandon du partenariat OVHcloud/Google Cloud annoncé il y a deux ans autour d’Anthos. Et c’est assez logique. Google Cloud pousse désormais d’autres pistes entre sa joint-venture S3NS avec Thales d’une part et ses offres Distributed Cloud d’autre part.
Parallèlement, OVHcloud a semblé bien plus investi dans ses partenariats avec Nutanix, VMware et « Platform.sh » que sur Anthos. Et les derniers efforts en data se portent sur l’univers Kubernetes de VMware Tanzu, pas sur celui de Google.
Bref, il ne fallait pas être devin pour constater que depuis quelque temps déjà, le partenariat entre les deux acteurs du cloud avait du plomb dans l’aile. La rupture est aujourd’hui officialisée. « Cette décision résulte d’un constat conjointement partagé mais ne remet en cause ni les technologies développées ni les possibilités de futures collaborations » précisent cependant les deux acteurs dans leur déclaration commune. Officiellement, le principal point de conflit entre les deux entités portait sur les mises à jour du logiciel Anthos que Google voulait automatique et que OVHcloud voulait au contraire contrôler.

Du quantique pour rêver… et agir.

Pour clôturer sa convention, OVHcloud a voulu faire rêver clients et partenaires en se tournant vers le futur, celui de l’informatique quantique. Cet été, le cloud français accueillait la toute première machine quantique de Pasqal afin de permettre à la startup de proposer ses premiers « Pasqal Cloud Services ». Alain Aspect, auréolé de son prix Nobel de Physique, était d’ailleurs l’invité de la table ronde organisée sur ce sujet à l’occasion d’ExoEX22. « OVHcloud entend jouer un rôle central dans la création d’un système prêt à embrasser ce changement fondamental, aidant les scientifiques d’aujourd’hui à créer les algorithmes de demain » rappelle l’entreprise qui outre Pasqal a également un partenariat avec une autre jeune pousse française du quantique, Quandela.

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Petit Rappel Financier

Il y a un an, le 15 octobre 2021, OVHcloud réussissait son entrée en Bourse devenant la plus grosse introduction de l’année sur Euronext Paris avec un record de demande d’actions par les particuliers (73 millions d’euros, un niveau jamais atteint si ce n’est pas la Française des Jeux). Depuis, les objectifs du groupe n’ont pas été démentis.
OVHcloud a ainsi connu une croissance de 18,8% en 2022 pour un Chiffre d’Affaires de 788 millions d’euros. Son activité reste principalement régie par l’hébergement de clouds privés (offres Bare Metal Cloud et Hosted Private Cloud) qui représente 60% des revenus du groupe. Vient ensuite l’activité historique d’hébergement Web qui l’a fait connaître en Europe et qui représente plus de 22% des revenus devant le Cloud Public (IaaS/PaaS) qui affiche une croissance de 34% avec des revenus s’élevant à 126 millions d’euros (soit 16% des revenus). La moitié de l’activité est réalisée hors de France.


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