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Régis Castagné (Equinix) : “Les murs n’ont pas d’oreilles, le datacenter par définition ne voit pas la donnée”
Par Laurent Delattre, publié le 24 mai 2025
L’IA générative bouleverse les équations traditionnelles du datacenter : alors que les besoins en puissance de calcul explosent, les DSI doivent repenser entièrement leur stratégie d’infrastructure. Entre pression environnementale, enjeux de souveraineté et contraintes budgétaires, comment arbitrer ? Pour évoquer le sujet, Régis Castagné, DG d’Equinix France, est notre invité de la semaine.
L’année 2024 restera dans les livres d’Histoire de l’IT comme celle où l’intelligence artificielle a définitivement fait exploser les modèles traditionnels de dimensionnement des infrastructures. Les DSI, habitués à prévoir leurs besoins avec une croissance linéaire de 20 à 30% par an, découvrent brutalement des demandes de puissance multipliées par 10, voire 100, pour entraîner et faire tourner des modèles d’IA générative. “C’est le début d’une vague, mais qui ne va pas être juste une vague, c’est plus un tsunami qu’on est en train de voir arriver dans le monde du data center”, témoigne notre invité de la semaine. Cette accélération sans précédent remet en question tous les arbitrages classiques : faut-il encore investir dans ses propres datacenters ? Comment concilier ces besoins exponentiels avec les objectifs de sobriété numérique ? Où placer le curseur entre cloud public et infrastructures de proximité ?
Dans ce contexte de rupture, la voix d’Equinix est forcément instructive. Leader mondial de la colocation avec plus de 260 datacenters répartis sur 71 marchés métropolitains et 33 pays, l’entreprise américaine se trouve au carrefour de toutes les transformations. En France, où elle opère plus d’une dizaine de datacenters dont le dernier inauguré à Meudon représente un investissement de 350 millions d’euros, Equinix héberge l’infrastructure critique de centaines d’entreprises, des géants du CAC 40 aux scale-ups de la French Tech. Son positionnement unique – ni cloud provider, ni hébergeur traditionnel, mais facilitateur d’interconnexion – lui donne une vision panoramique des mutations en cours. C’est pourquoi Régis Castagné, DG d’Equinix France est l’invité de la semaine d’IT for Business et InformatiqueNews. “Si je mets tous les serveurs que j’ai dans mes data centers en France, les uns au-dessus des autres, ça représente 84 fois la hauteur de la Tour Eiffel” s’amuse le dirigeant à illustrer l’ampleur des infrastructures françaises du groupe.
Son positionnement unique – ni cloud provider, ni hébergeur traditionnel, mais facilitateur d’interconnexion – lui donne une vision panoramique des mutations en cours. “Equinix est assez souvent appelée par ses clients ‘the house of cloud’ parce qu’on a tous les opérateurs, 46% des points de présence des opérateurs de cloud sur la planète sont chez Equinix et aujourd’hui, on est en train de devenir ‘the house of AI'”, explique Régis Castanier, DG d’Equinix France et invité de la semaine d’IT for Business et InformatiqueNews.
Avec nous, il revient sur les défis majeurs qui attendent les DSI. “Si j’avais le pouvoir de pousser les murs, je le ferais très clairement”, confie-t-il face à l’explosion de la demande. Il explique comment l’IA redéfinit aujourd’hui les critères de choix d’infrastructure, avec des exemples concrets du marché français comme Nebius, CLUSSTER, InstaDeep qui déploient “de très très beaux déploiements de forêts de GPU”.
Il revient sur l’épineuse question de la souveraineté numérique vue depuis un opérateur américain qui soutient les activités françaises des grands de la Tech. “Les murs n’ont pas d’oreilles”, rappelle-t-il avec pragmatisme, soulignant que “520 sociétés françaises” font confiance à Equinix, une entreprise qui “depuis 25 ans opère et paye ses impôts en France”.
Il évoque les leviers pour concilier croissance exponentielle des besoins et trajectoire bas carbone, notamment avec “7 fermes éoliennes en France” créées par Equinix et des datacenters nouvelle génération “en dry cooling, donc on ne consomme pas du tout d’eau”. Sans oublier les enjeux de compétences avec cette initiative originale des “plombiers du numérique”, car comme il le souligne : “il n’existait pas de formation pour les techniciens de data center”.
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