Quels métiers sont les plus menacés par l'IA aujourd'hui ?

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Les 40 métiers les plus exposés à un remplacement par l’IA

Par Laurent Delattre, publié le 31 juillet 2025

Au-delà de la substitution, l’IA générative redéfinit la frontière entre tâches et responsabilités. Un rapport Microsoft Research montre que, à court terme, les métiers survivent à l’invasion de l’IA, mais pas forcément les tâches qui les composent. Et le compteur tourne déjà pour certains métiers que ce rapport met en évidence…

Notre époque est fortement marquée par la ruée actuelle vers l’intelligence artificielle générative. L’IA est sortie des labos pour s’imposer en un temps record comme une nouvelle « technologie à usage général » qui a envahi notre quotidien aussi bien personnel que professionnel. Les modèles IA d’aujourd’hui sont capables d’écrire, de coder, de diagnostiquer, d’explorer et même de conseiller aussi bien qu’un être humain. Et l’ IA s’est ainsi infiltrée sans que ses implications économiques et sociales aient pû être comprises et anticipées.

Le principal débat sociétal reste bien évidemment l’impact de l’IA sur l’emploi. Les grandes organisations internationales confirment la transformation à venir. Selon le World Economic Forum, l’IA et l’automatisation pourraient créer 170 millions d’emplois d’ici 2030 tout en en supprimant 92 millions, soit un solde net positif de 78 millions. Toutefois l’Organisation internationale du travail (OIT) nuance ces résultats : selon elle, un quart des travailleurs mondiaux exerce un métier contenant des tâches « exposées » à l’IA, mais seuls 3,3 % sont classés dans la catégorie d’exposition élevée, signe que la substitution risque de rester limitée, la plupart des changements se jouant au niveau des tâches, non des postes.

Le patron de Nvidia, Jensen Huang affirme à qui veut bien l’entendre : « Vous ne perdrez pas votre emploi à cause de l’IA, mais à cause de quelqu’un qui s’en sert ». Même son de cloche chez l’expert Andrew Ng pour qui « les personnes qui utilisent l’IA remplaceront celles qui ne l’utilisent pas ». Une menace que l’économiste Erik Brynjolfsson voit s’appliquer en priorité aux managers.

Tout le monde ne se montre pas aussi optimiste néanmoins. « L’IA pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau de niveau débutant et faire bondir le taux de chômage jusqu’à 20 % dans les trois à cinq prochaines années » estime ainsi Dario Amodei, le CEO D’Anthropic. « Les humains ne seront plus nécessaires pour la plupart des emplois » anticipe Bill Gates pour qui « nous ne sommes pas nés pour occuper un emploi. Les emplois sont le fruit d’une pénurie : oh là là, il faudrait qu’il y ait un fermier ou quelqu’un devait bien conduire ces camions. »

L’avenir nous dira qui a raison. Mais à court terme, nombreux sont ceux qui espèrent qu’au final l’IA éliminera davantage de tâches manuelles qu’elle n’éliminera d’emploi.

Et c’est précisément cette distinction entre tâches et métiers qu’explore le rapport « Working with AI » publié par Microsoft Research. Les auteurs ont analysé 200 000 conversations anonymisées entre des utilisateurs américains et Bing Copilot, sur neuf mois. Ils ont disséqué chaque échange en deux volets : le « but utilisateur » (ce que la personne veut accomplir) et « l’action de l’IA » (ce que le modèle réalise effectivement).

À partir de cette granularité, ils ont construit un score d’« applicabilité de l’IA » qui combine trois facteurs : la part des activités d’un métier réellement rencontrées dans les dialogues, le taux de réussite de ces activités et leur ampleur dans le travail quotidien.

Les métiers les plus et les moins exposés au remplacement par l’IA

Du côté des utilisateurs, les demandes les plus fréquentes portent sur la recherche d’information, la rédaction et la communication. L’IA, elle, répond surtout en fournissant ou en expliquant des informations, en conseillant et en enseignant ; dans 40 % des cas, l’action réalisée n’est pas la même que l’objectif de départ, signe d’une collaboration plutôt qu’une substitution directe.

Cette dynamique rend l’IA « plus applicable » aux métiers de la connaissance, de la communication et de la relation et moins aux métiers à dominante manuelle, physique ou technique.

Ainsi, les professions les plus exposées sont les interprètes-traducteurs, les historiens, les agents de bord, les commerciaux de services, les auteurs, les conseillers clientèle ou encore les développeurs : autant d’activités où comprendre, reformuler ou transmettre des informations occupe une place centrale.

Inversement, les fonctions a priori les moins affectées relèvent du soin physique, de la manipulation d’équipements ou du travail manuel : aides-soignants, masseurs, opérateurs de stations d’épuration, conducteurs d’engins, lave-vaisselle, couvreurs… Les tâches dominantes y reposent sur des gestes ou une présence corporelle que la génération actuelle d’IA ne peut reproduire. Tout au moins tant que les robots humanoïdes ne sortent pas des laboratoires de R&D.

Pour autant, les chercheurs de Microsoft avertissent : constater un chevauchement entre capacités de l’IA et activités d’un métier ne signifie pas que le poste disparaîtra. L’histoire montre que les entreprises peuvent tout autant relever leurs ambitions, créer de nouveaux rôles ou réaffecter le temps gagné à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ils invitent donc à « repenser le travail » davantage qu’à céder à la peur : intégrer l’IA comme un partenaire, identifier les segments d’activité réellement automatisables, concentrer la formation continue sur les compétences complémentaires (créativité, sens critique, relationnel), et ajuster en permanence l’organisation pour capter les gains de productivité plutôt que les subir.

Autrement dit, le rapport Microsoft montre que l’IA redessine déjà la carte des compétences mais elle ne décrète pas leur obsolescence. Pour les chercheurs, les années à venir seront surtout façonnées par ceux qui sauront marier savoir-faire humain et puissance de l’IA. Mais pour combien de temps encore ? Car le rapport passe sous silence deux révolutions qui doivent encore éclore et faire leur preuve : les agents autonomes et les robots humanoïdes intelligents.

Les 40 Métiers
les plus vulnérables à l’IA
(du plus vulnérable au moins vulnérable)
Les 40 Métiers
les moins exposés à l’IA
(du moins risqué au plus risqué)
Interprètes et traducteursAides-soignants
Rédacteurs techniquesCouvreurs
Agents du service clientOuvriers du ciment
Représentants commerciauxMasseurs
Préparateurs fiscauxPlombiers
TélévendeursÉlectriciens
Assistants administratifsServeurs
Correcteurs et éditeursCuisiniers
Gestionnaires de planningNettoyeurs industriels
Analystes de donnéesMécaniciens
Agents de réservationTechniciens de maintenance
Secrétaires juridiquesJardiniers
Rédacteurs publicitairesChauffeurs-livreurs
Agents d’assuranceAgents de sécurité
Assistants RHCharpentiers
Gestionnaires de contenuMaçons
Transcripteurs médicauxInfirmiers
Spécialistes SEOAmbulanciers
Coordinateurs de projetÉboueurs
Agents immobiliersTechniciens HVAC
Gestionnaires de comptesEsthéticiennes
Rédacteurs de rapportsCoiffeurs
Spécialistes du support techniqueEnseignants en maternelle
Gestionnaires de communautéTravailleurs sociaux
Assistants virtuelsErgothérapeutes
Rédacteurs de discoursPréposés à l’entretien
Agents de recouvrementAgents de blanchisserie
Spécialistes en marketing numériqueAides à domicile
Gestionnaires de réseaux sociauxConducteurs de bus
Agents de voyageAgents de voirie
Spécialistes en conformitéPréparateurs de commandes
Rédacteurs de newslettersAgents de stationnement
Gestionnaires de campagnesTechniciens en soins vétérinaires
Analystes financiersGuides touristiques
Rédacteurs de propositionsAnimateurs en maison de retraite
Gestionnaires de contratsAgents d’entretien d’espaces verts
Spécialistes en relations publiquesRéparateurs d’électroménager
Rédacteurs de manuelsAgents de maintenance hôtelière
Agents de centre d’appelTechniciens de laboratoire médical
Gestionnaires de documentationAgents de sécurité incendie



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