Le Cigref accélère sur la souveraineté numérique, la résilience et l’autonomie stratégique, avec l’ambition de peser davantage dans les décisions européennes.

Gouvernance

Autonomie stratégique, souveraineté et résilience : le Cigref monte en puissance

Par Patricia Dreidemy, publié le 14 novembre 2025

L’Assemblée Générale du Cigref a été le théâtre de prises de parole offensives. La compétitivité numérique des entreprises françaises et les conditions de leur résilience dans un environnement chahuté sur les plans économique et géopolitique, ont été longuement questionnées.

Emmanuel Sardet, président du Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises, a donné le ton ce 15 octobre, lors de l’événement annuel du club : « Pendant longtemps, la frontière de la compétitivité se résumait à notre capacité à adopter la technologie au plus vite et à moindre coût par rapport à nos concurrents. Cette vision est aujourd’hui probablement dépassée car elle est aveugle aux paradoxes qui structurent notre nouvelle réalité, a-t-il déclaré devant une assemblée de près de 500 dirigeants et acteurs du numérique. Les frontières ne sont plus simplement technologiques, elles sont devenues plus stratégiques. La véritable compétitivité ne se mesure plus à la seule puissance de nos algorithmes, mais à notre capacité à innover sous contraintes. Des contraintes économiques, juridiques, géopolitiques, sociales, sociétales, environnementales. »

Comme il l’avait expliqué dans l’entretien accordé le mois dernier (IT for Business 2309), « il nous faut construire une autonomie stratégique qui ne constitue pas un repli, mais se définit comme la condition de notre capacité à décider et à agir sur les marchés ».

Ce discours a trouvé une oreille attentive auprès de la Ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, Anne Le Hénanff, nommée trois jours plus tôt. Sa venue au Cigref pour sa première intervention officielle n’a pas manqué de satisfaire l’association professionnelle, qui s’affirme toujours plus en fer de lance de ces sujets hautement stratégiques pour l’économie du pays.

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Cette nouvelle dimension du Cigref s’incarne dans des documents comme le rapport d’orientation stratégique, 4 archétypes de la fonction numérique pour 2040, publié à l’occasion de l’événement. Et elle débouche sur quatre grands principes d’action pour les années à venir, déclinés par Emmanuel Sardet.

Le premier consiste à répondre aux défis d’une époque de paradoxes : d’un côté, des technologies révolutionnaires comme l’intelligence artificielle agentique et le quantique vont en s’accélérant ; de l’autre, s’installe durablement un cycle économique qui impose une nouvelle culture de sobriété financière.

Le second vise à passer de la dépendance subie à l’autonomie stratégique. « Nous ne prônons pas l’autarcie, mais la capacité concrète à maîtriser nos risques, à conserver une marge de manoeuvre et ne pas laisser des positions dominantes freiner notre innovation », a précisé le président du Cigref qui entend s’appuyer sur des cadres réglementaires tels que le Data Act ou le Digital Markets Act pour imposer la portabilité.

Le troisième appelle à basculer d’une résilience numérique défensive à une approche offensive en respectant la diversité des attentes et des besoins de ses membres. « Ce sera notre capacité à poursuivre notre développement et à innover non pas malgré les chocs externes, mais en les anticipant. Si nos organisations doivent en permanence détourner des ressources et des moyens pour absorber les effets de nos dépendances, notre compétitivité est directement menacée. »

Enfin, le dernier principe a pour objectif de dépasser la fragmentation réglementaire grâce au collectif. « Le risque aujourd’hui est de compiler des textes sans logique d’ensemble, qui créent une réglementation européenne coûteuse et parfois inefficace », a affirmé le président du Cigref. Une réponse consiste à travailler main dans la main avec les partenaires et les associations soeurs en Europe, pour parler d’une seule voix à Bruxelles et exiger que la charge de la conformité soit portée par les fournisseurs. « Elle doit devenir un argument commercial et une condition d’accès à nos marchés. »

C’est aussi pourquoi le Cigref s’engage dans la démarche de l’équipe de France du numérique [lancée en juin par Numeum, NDLR]. « Nous y serons un joueur actif pour porter la voix des entreprises utilisatrices et démultiplier notre impact ».


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