Adobe Max 2022 célèbre le potentiel de l'IA dans les métiers de la création graphique

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Adobe MAX 2022 : quand l’IA booste la productivité des créatifs…

Par Laurent Delattre, publié le 20 octobre 2022

Ce que l’IA réalise aujourd’hui tient de la magie. Et son efficacité à simplifier les tâches les plus complexes change totalement la donne en matière de pro nductivité humaine. Pour ceux qui en doutaient encore, les nouvelles fonctions IA de Creative Cloud introduites à Adobe Max 2022 vont totalement transfigurer le travail quotidien sur les images.

Des outils comme Word, Excel, PowerPoint mais aussi Photoshop, Premiere ou Illustrator sont d’une telle richesse fonctionnelle que la volonté de leurs éditeurs de chaque année vouloir y ajouter des nouveautés a longtemps été raillée par les DSI et bien des utilisateurs. Pourquoi ajouter davantage de lourdeur à la lourdeur ? Pourquoi multiplier les outils inutiles ?

Mais depuis deux ou trois ans, les fonctions apparues sur ces logiciels « monstres » sont venues changer cette perception. Tout comme Microsoft, et peut-être plus encore, Adobe a trouvé dans l’IA un moyen de venir profondément enrichir ses outils pour vraiment simplifier le quotidien des utilisateurs. En l’occurrence, les nouveautés présentées à Adobe Max 2022 en début de semaine sont plus que parlantes : elles sont spectaculaires, bluffantes et, pour certains observateurs, un rien flippantes…

La magie de l’IA en action

Car les nouveautés apportées sur PhotoShop ou Lightroom réduisent à moins d’une seconde et un clic tout un travail barbare et complexe de masquage et de retouche qui prenait autrefois des heures et nécessitait une connaissance très avancée du logiciel.
Typiquement, sur PhotoShop, il suffit désormais de charger une image et en un clic de demander à l’IA de reconnaître tous les objets et personnes sur l’image. Elle en réalise alors automatiquement les détourages et les maskings (chaque objet se retrouve sur son propre calque). Ce qui permet ensuite de supprimer les objets, de les déplacer, de les recomposer, l’IA se chargeant de regénérer le paysage en fond, au départ masqué par ces éléments.

Les IA reconnaissent les personnes, les objets, les détails et les isolent…


Adobe avait déjà introduit l’an dernier la possibilité de sélectionner un objet d’un clic. Mais l’éditeur est allé beaucoup plus loin cette année. Il explique avoir développé une nouvelle IA utilisant de nouvelles techniques de composition/décomposition des objets au sein d’une image s’appuyant sur une « recherche  ‘consciente’ de la composition générale » (compositing-aware search). Elle utilise différents modèles Deep Learning et des millions de points de données pour réaliser une segmentation sémantique de l’image, comprendre la composition et les échelles, prédire à quelle échelle doit être ramené un objet ajouté ou déplacé, harmoniser les couleurs et les tons, estimer l’éclairage et ajuster les ombres.

L’IA en copilote ou concurrent ?

Autant dire qu’en un an, l’IA d’Adobe a incroyablement gagné en simplicité d’utilisation et en performance. C’est bluffant et ça change tout ! La productivité des créatifs s’en trouvent totalement métamorphosée. Au point que nombre d’entre eux se demandent aujourd’hui s’ils servent encore à quelque chose entre l’IA de PhotoShop qui réalise seule les retouches nécessaires et celle de Dall-E 2 (OpenAI/Microsoft) qui crée des illustrations à partir de description textuelle. L’inquiétude est telle qu’à Adobe Max, l’éditeur a passé au moins autant de temps à démontrer ces fonctionnalités qu’à rassurer ses utilisateurs : « Adobe développe ses IA avec une approche centrée sur les créatifs. Nous voulons qu’elle profite aux créatifs sans les remplacer. Notre IA est votre copilote dans vos activités créatives » assure Scott Belsky, Chief Product Officer chez Adobe. Et Bryan O’Neil Hugues, Director of Product Management, d’ajouter « chez Adobe, nous sommes très attentifs à la façon dont nous abordons l’IA, et nous avons toute une équipe pluridisciplinaire de personnes qui se penchent sur la question ».

L’IA simplifie considérablement le travail sous Lightroom

On retrouve toute la puissance de l’IA dans les nouvelles fonctionnalités de Lightroom. Désormais, il est possible de sélectionner des personnes en 1 clic, l’IA créant automatiquement les masques. L’IA sait même générer des masques séparés pour le visage, le corps, la peau, les sourcils, les yeux (en séparant pupille et blanc d’œil), les lèvres, les dents et les cheveux. Ainsi, hâler la peau d’une personne ou en masquer les imperfections ne prend qu’un clic. Evidemment, Lightshow permet aussi de sélectionner les objets en 1 clic et de les supprimer de la photo (sans créer de trou bien sûr, l’IA regénérant l’arrière-plan). Autant de fonctionnalités qui impactent fortement la productivité des retoucheurs et qui n’existeraient pas sans l’IA.

Project Blink

Lors d’Adobe Max, l’éditeur a également montré comment ses IA allaient pouvoir s’adapter aussi au monde de la vidéo et ses pistes de recherche en la matière. La plus importante pour les DSI est sans aucun doute « Project Blink ». Cette IA reconnaît au sein d’une vidéo les personnes, les objets, les pancartes/inscriptions et même les émotions exprimées par les personnages. L’IA crée alors une transcription textuelle des différentes séquences vidéos. Et il devient ainsi possible d’éditer une vidéo comme si l’on éditait un fichier Word. Les monteurs, réalisateurs ou archivistes, peuvent rechercher des mots, objets, sons, types d’activités pour immédiatement retrouver la séquence, la remplacer par une nouvelle séquence, etc. Avec Blink on pourra, par exemple, un jour dire à Première, « prend toutes les séquences où l’on voit un personnage en train de fumer et remplace la cigarette par un brin de blé ». On n’en est pas encore là, mais déjà cette IA permet de gagner beaucoup de temps au montage par exemple.

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Project « Made in the Shade »

Dans un même ordre d’idée, Adobe travaille sur ses IA de « compositing-aware search » pour mieux analyser la problématique des ombres et de leurs effets sur les objets environnants. L’IA reconnaît des concepts comme l’éclairage des éléments de l’image, la profondeur, et autres jeux d’ombres et lumières de sorte qu’il est possible de déplacer un objet sur une image avec l’IA recalculant automatiquement les éclairages pour projeter des ombres réalistes.

Tout pour les métavers

Au-delà des nouveautés apportées aux outils de la suite Creative Suite, Adobe a consacré une bonne partie de sa conférence à la création 3D et aux métavers. Pour l’éditeur, le métavers n’est pas le futur de l’Internet à court ou moyen terme. Mais en revanche c’est un nouveau média sur lequel il faudra compter par ses capacités à rendre les expériences plus immersives.

L’éditeur lance un nouveau produit « Substance 3D Modeler » qui vient compléter les apps « Substance » de travail sur les matériaux et les textures (fruit du rachat de Algorithmic en 2019). En bêta depuis avril, Substance 3D Modeler est désormais disponible permettant non seulement de créer des scènes 3D complètes très simplement mais surtout de basculer instantanément de l’affichage sur Desktop à l’affichage VR sur un casque. Adobe a ainsi dévoilé sa version du Substance 3D Modeler pour le tout nouveau casque Quest Pro de Meta. Cette version permet d’ajuster la disposition des éléments directement avec les mains en portant le casque et en étant pleinement plongé dans l’univers 3D.

Substance 3D Modeler pour modéliser sur Desktop puis éditer et s’immerger en VR…

Et là encore, Adobe compte sur l’IA pour se démarquer dans l’univers 3D. L’éditeur travaille déjà sur plusieurs améliorations. Ainsi une fonction « Beyond the Seen » permet de créer des expériences immersives à 360° à partir d’images « flats » en 2D. L’IA est capable d’approximer les profondeurs et d’étendre une image panoramique en un environnement 3D immersif. De même le projet « Artistic Scenes » transforment des scènes 3D existantes en y appliquant des styles visuels issus d’œuvres 2D. L’idée est de permettre de créer des contenus 3D qui ont du style, plus exactement un style différent des rendus 3D traditionnels.

En attendant, l’IA œuvre déjà au sein de l’application Substance 3D Sampler. Cette dernière se voit enrichie d’une nouvelle fonction “Capture 3D” qui produit des modèles 3D très détaillés directement à partir de plusieurs photos.

Au final, même si Adobe a également présenté plusieurs fonctionnalités de co-édition et de partages collaboratifs autour de ses produits – dans un pur esprit de simplification du travail hybride – on retiendra surtout d’Adobe Max 2022 une évidence : l’IA n’en est qu’à ses prémisses et pourtant elle révolutionne déjà en profondeur le travail et le quotidien de tous les acteurs des arts graphiques.

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