plus d’un Français sur deux envisage de démissionner pour des raisons de valeurs

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Démission consciente : 68% des Français y pensent

Par Marie Varandat, publié le 02 mai 2023

Une enquête réalisée par le cabinet de conseil indépendant en design, co-conception et réalisation d’espaces de travail Génie des lieux révèle que plus d’un Français sur deux envisage de démissionner pour des raisons de valeurs. Une vague de démission consciente après la grande démission ?

Fut un temps – pas si lointain – où l’on démissionnait parce qu’on ne s’entendait pas avec son chef ou parce qu’on était mal payé. Fut un temps où l’on ne démissionnait pas à moins d’avoir déjà signé ailleurs par crainte du chômage. Mais depuis la pandémie – et ses confinements à répétition – les salariés démissionnent tout simplement parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans les valeurs de leur entreprise.

Si le raz-de-marée du « Big Quit / Great Resign », ou la Grande Démission, qui a frappé les États-Unis ne submerge pas la France, la vague de départ est néanmoins bien réelle, symbole d’un monde du travail en pleine mutation. Et c’est loin d’être fini : une étude réalisée auprès de 2 258 salariés par Génie des lieux, cabinet de conseil indépendant en design, co-conception et réalisation d’espaces de travail révèle que plus d’un Français sur deux y pense.

Quand les valeurs personnelles façonnent la carrière

« Fin 2021 et début 2022, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Le record précédent datait du 1er trimestre 2008, avec 510 000 démissions, dont 400 000 pour les seuls CDI », rappelle la DARES ou Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion.

Une Grande Démission post crise pandémique bien visible sur les chiffres (Source DARES)

De fait, depuis 2021, travailler pour une entreprise dont l’éthique ne correspond pas à celle de ses salariés est devenu un vrai motif de démission : selon l’étude 68 % des Français ont déjà fortement pensé à quitter une entreprise non respectueuse de leurs valeurs.

De plus en plus de Français attendent même de leur entreprise qu’elle ait un impact positif sur le monde, tant du point de vue environnemental (73%) que « moral » (65%).

Mais le premier critère cité par les salariés interrogés par Génie des lieux est social (89%): ils veulent que leur entreprise ait une politique respectueuse des genres, des origines, etc.

La défense des valeurs, nouvel enjeu RH des entreprises (Source DARES)

De l’envie au passage à l’acte…

Fort heureusement pour les responsables RH, entre l’envie de démissionner et le passage à l’acte, il y a un fossé : seulement un Français sur trois (34%) a franchi le cap en quittant sa société « consciemment pour une question d’incompatibilité de valeurs », estime l’étude.

Enfin, l’enquête révèle aussi que 76% des Français aimeraient avoir des bureaux aménagés de façon plus durable et responsable. On peut juste regretter le biais des questions qui induisent des réponses évidentes, là où des questions moins orientées auraient pu nous apprendre plus sur les attentes des salariés. De fait, qui oserait se permettre de dire à l’heure de l’urgence climatique qu’il n’a pas envie d’un bureau respectueux de l’environnement ?

Tout le monde veut un environnement de travail durable et respectable (Source DARES)… Mais voilà des questions à remettre en question…

Dit autrement, après avoir du gérer le phénomène “Grande Démission”, les RH doivent désormais s’apprêter à affronter un phénomène plus ancré dans la durée, le “Conscious Quitting”. Une tendance de fond qui impacte la culture même du travail. Elle s’inscrit dans la quête de sens des salariés, une quête qui pourrait toutefois être remise en cause par la crise économique si celle-ci s’intensifie et commence à impacter le marché de l’emploi.

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