Data / IA
« En sept mois, vous ne faites pas un développeur opérationnel en IA »
Par Thierry Derouet, publié le 22 mai 2023
Volonté des pouvoirs publics, accompagnement d’entreprises partenaires, titre RNCP reconnu par l’État : la formation en alternance aux nouveaux métiers de l’IA nécessite d’être avant tout comprise comme une démarche d’insertion professionnelle. Pour passer à la vitesse supérieure ?
C’est à Montreuil que se nichent les bureaux historiques de Simplon.co et son vieux poêle à bois autour duquel se réunissaient les premiers apprenants en 2013. Dix ans plus tard, on y fête les cinq ans de l’École IA Microsoft by Simplon, dont près d’un millier de développeurs sont désormais sortis avec un titre reconnu par l’État.
Frédéric Bardeau, président et cofondateur de l’établissement, rappelle le caractère d’exigence de cette formation : « Pour former une personne, nous devons en voir trois à cinq fois plus ! » Avec comme connaissance préalable, celle d’un langage de programmation.
Et notre hôte d’insister : « Cela ne veut ni dire être développeur, ni être diplômé d’une école. Mais avoir déjà compris ce qu’était la syntaxe, la grammaire d’un langage de programmation. Et disposer d’un niveau solide en maths. »
Ensuite, il faut être motivé et montrer, même si la formation est gratuite, que l’on dispose des moyens matériels pour ne pas être en situation de décrocher.
Les apprenants viennent de tous types d’horizons, « avec parfois des personnes qui ont travaillé dix ans dans la logistique », détaille Céline Corno, directrice de la philanthropie et responsable des écoles pour Microsoft France.
5 % en situation de handicap et 31 % de femmes
Cette formation dispensée par des experts du métier dans toutes les régions de France – dans les Outremer comme en ruralité et dans des endroits parfois surprenants – affiche un panel diversifié : « 905 apprenants, dont l’âge moyen est de 31 ans, ont composé les 50 premières promotions des Écoles IA Microsoft by Simplon, dont 31 % de femmes. 25 % des apprenants ont intégré l’école IA avec un niveau bac ou inférieur, et 5 % étaient reconnus travailleurs handicapés (RQTH). »
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Une démarche pour apprendre à apprendre
Pour Céline Corno, il ne s’agit pas de tromper son public : « Nous formons des artisans, des techniciens de l’IA avec équivalence Bac +2/+3. » La formation est plus pratique que théorique : « On y met les mains dans le cambouis », rappelle-t-elle. Mais l’école Simplon est aussi là pour « apprendre à apprendre ». Avec succès : 98,45 % des élèves passés par la formation à l’IA sont aujourd’hui en poste, souligne avec fierté Frédéric Bardeau, tout en reconnaissant que « nos élèves font sept mois en intensif, avant de partir en alternance. Mais en sept mois, vous ne faites pas un développeur opérationnel en IA ».
Construites conjointement avec Microsoft, les fondations de cette formation sont d’abord celles qui consistent « à former à la compréhension, au nettoyage, à la classification, à l’utilisation de la donnée au profit d’algorithmes d’IA déjà créés pour les intégrer dans différents projets d’entreprises. Et de manière complémentaire avec les data scientists ou autres professionnels de l’IA ».
La formation continue d’évoluer dans sa définition en concertation avec Microsoft et ses 320 partenaires-recruteurs, au rang desquels figurent principalement des ESN. Les IA génératives arriveront probablement au programme. Déjà, GitHub Copilot est utilisé dans les formations depuis la rentrée dernière.
Chez Simplon, comme chez Microsoft, on rêve d’atteindre le chiffre de 10 000 alternants formés pour un prochain rendezvous dans cinq ans.
« Permettez-moi ce petit coup de gueule : en France, 70 % des alternants sont des Bac +5. Ce n’est pas normal ! »
Frédéric Bardeau, président et cofondateur de Simplon.co
Le cofondateur de l’École Simplon n’en décolère pas quand il constate la dérive prise par le système de l’alternance : « Que des bac +5 ou des HEC soient en alternance, je veux bien. Mais normalement, ce n’est pas fait pour eux ! ».
Rappelant que « en 2018, il n’y avait que 2 % d’alternants dans le numérique ; aujourd’hui, nous sommes passés à 4 % », il souligne que la démarche conjointe de Simplon et Microsoft est à vocation « d’insertion professionnelle », grâce à un accompagnement financier « comme jamais » de l’État : « Chez Simplon, nous ne travestissons pas le caractère “insertion” de l’alternance ! »
Cette formation, comme bien d’autres, est un marchepied où, au sortir de l’école, c’est à l’entreprise partenaire de prendre le relais, y compris sous la forme d’un tutorat.
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