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François Enaud (Steria) : « Non, toutes les SSII ne se ressemblent pas »

Par La rédaction, publié le 08 juin 2011

[Interview]. PDG de Steria, François Enaud revient sur la reprise de l’activité sur le marché des services et sur les tensions qu’elle génère sur le front de l’emploi.

A l’image des autres ténors du service, Steria a connu un bon premier trimestre avec une hausse de 3,5 % de son chiffre d’affaires. Avec des prises de commandes en hausse de 25,6 %, son carnet d’affaires représentait, au 31 mars, plus de deux fois et demie le chiffre d’affaires annuel estimé. Du coup, la SSII confirme un objectif de croissance organique compris entre 3 et 4 % pour l’ensemble de l’exercice 2011.

En France, l’activité (+ 5,5 %) a notamment été marquée par le démarrage de la maintenance de Chorus, « un des plus importants chantiers SAP en Europe » et du projet de service desk chez BNP Paribas. La SSII a du coup accéléré ses recrutements. Steria prévoit d’embaucher deux fois plus de collaborateurs que l’an passé. Interview de Francois Enaud, son PDG depuis 1998.

01net Entreprises : Comment expliquez-vous la reprise de l’activité ?

François Enaud : L’accélération de la croissance organique remonte à fin 2010. Toutefois, la situation n’a rien à voir avec l’euphorie qui prévalait dans les années 90. Nous ne sommes plus dans une informatique de conquête mais dans une informatique de transformation. La crise a montré que les systèmes d’information étaient à la fois trop coûteux et trop lourds.

Les grands chantiers actuels visent à réduire les coûts tout en gagnant en flexibilité. Il s’agit notamment de transformer les infrastructures par des opérations de virtualisation et de rationalisation. Les clients n’ont pas vu à quel point leur parc serveurs a explosé. Ce qui pose des problèmes de fiabilité et d’hébergement. Sans parler de l’impact sur l’environnement.

Des sociétés jusqu’alors réticentes à toute forme d’externalisation – à l’image des opérateurs télécoms dont SFR – ont compris qu’il était aujourd’hui trop compliqué de gérer son infrastructure en propre. Le cloud, et notamment le cloud privé, participe de ce mouvement. Chez Steria – 20 000 employés dans 16 pays – la moitié de nos applications sont sur le cloud.

Pourquoi la croissance est-elle plus soutenue en France ?

FE : Elle rattrape son retard sur le marché de l’outsourcing, qu’il s’agisse de l’externalisation des infrastructures ou des applicatifs. Par le passé, la tierce maintenance applicative (TMA) était souvent de type « mouroir ». Le prestataire assurait la maintenance d’applications en voie d’extinction en instillant des correctifs au fil de l’eau.

Aujourd’hui, la TMA fait corps avec les nouveaux projets. On le voit avec Chorus. A peine le projet terminé qu’il passe en externalisation. Chrous va évoluer en permanence, en même temps que les règles comptables.

Comment appréhendez-vous le secteur public ? Est-ce que le surendettement des Etats est une bonne ou une mauvaise chose pour la IT ?

FE : Je pense que les politiques de désendettement génèrent plus d’opportunités que de risques. Au Royaume-Uni, Steria a mis en place un modèle innovant. Nous venons de signer un contrat de services partagés (CSP) avec le ministère de la Justice pour le déploiement d’Oracle et reconduit celui avec le service de santé publique (NHS).

Elu meilleur fournisseur de l’année par l’Administration britannique, notre joint-venture avec le NHS a permis d’engager un programme de transformation en profondeur dans les services financiers et comptables, la paie, la gestion (BPO).

En France, Steria a aussi mis en place des CSP avec le ministère de la Défense pour la paie, les ressources humaines. Il y a un principe de réalité. Mieux vaut entreprendre ces transformations sereinement qu’en arriver à privatiser des pans entiers de l’économie.

Comment allez-vous recruter 1 500 collaborateurs cette année, en France, alors que le marché se tend ?

FE : Nous pourrions même en recruter davantage mais nous souhaitons rester vigilants et ne pas aller au-delà des canaux habituels, comme dans les années 90, avec des emplois qui n’ont pas toujours été durables. Vu de l’extérieur, rien ne ressemble plus à une SSII qu’une autre. Dans une industrie aussi fragmentée que la nôtre, il y a toujours de vilains petits canards.

Vivre « green » est aussi un enjeu de première importance. Nous essayons, dans nos déplacements comme dans la gestion de nos centres de données, de diminuer notre empreinte carbone. Cet été, Steria France déménagera près de Vélizy dans le premier immeuble de bureaux à énergie positive.

Au final, nous voulons que notre entreprise soit perçue comme une alternative aux grands acteurs globaux. Notre modèle de delivery nous permet de faire jeu égal avec eux sur les contrats de premier plan tout en maintenant notre différence de style, de monter en puissance sans renoncer à notre identité.

 

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