Gouvernance

Jean-Christophe Lalanne (Air France-KLM)

Par Adrien Geneste, publié le 20 janvier 2014

Spécialiste des grands projets, le DSI d’Air France-KLM en a déployé plusieurs tout au long de 2013.

Hop ! C’est presque à l’unanimité que les membres du jury ont choisi de récompenser Jean-Christophe Lalanne pour sa conduite de la DSI Groupe d’Air France-KLM. Tant sur le plan de l’innovation que de la transformation, dans un contexte social pas toujours propice au changement. Jean-Christophe Lalanne est un homme de grands chantiers. Avant d’entrer chez Air France, il affiche une expérience d’une quinzaine d’années en grands projets, menés chez des clients prestigieux, alors qu’il travaille pour Sema Group puis Capgemini Ernst & Young (ex-Ernst & Young Consulting). C’est en œuvrant à la gestion du compte Air France, alors qu’il est en poste chez Capgemini Ernst & Young, qu’il se rapproche de la compagnie aérienne. Nous sommes début 2004 et celle-ci s’apprête à fusionner avec KLM. Son profil apparaît idéal pour mener, au poste de DSI adjoint, la conduite du programme de convergence des systèmes d’information des deux compagnies. Nommé, huit ans plus tard, DSI Groupe des deux compagnies unifiées, il pilote une DSI qu’il qualifie de fortement centralisée, même si, en pratique, celle-ci est géographiquement répartie entre Orly, Roissy, Valbonne, Toulouse et Amsterdam. L’enjeu pour Air France-KLM, en cette année 2012, est de conjurer les effets de la crise de 2008 et de redresser la barre, grâce au plan Transform 2015. La contribution de Jean-Christophe Lalanne à ce programme est double. D’une part, il doit participer aux efforts d’économie : son budget est réduit de 8 % entre 2011 et 2013. D’autre part, il doit soutenir les métiers en les dotant des applications et des outils dont elles ont besoin pour relancer la machine. Qu’à cela ne tienne ! Le DSI gère au mieux la période, réduisant ses coûts de production de plus de 6 % pour garder une part de budget supérieure à 30 % pour les projets d’innovation, tout en améliorant la qualité de service. L’une des recettes ? La mise en place avec les Métiers d’un « plateau digital », regroupant l’ensemble des compétences, ainsi que le recours aux méthodes agiles et au déploiement en continu, notamment pour les projets liés aux sites. 

Ces méthodes de développement permettent notamment de déployer quatre fois plus de releases pour les sites Air France et KLM en 2013, notamment dans un souci de qualité de service. Cette accélération tombe à point nommé : nous sommes à l’ère des réseaux sociaux et la compagnie lance son offensive low cost Et les résultats sont au rendez-vous. Les réservations effectuées sur le site augmentent rapidement pour atteindre 25 % du chiffre d’affaires total, tandis que la compagnie peut désormais s’enorgueillir de 2 millions de fans sur Facebook et de 400 000 followers sur Twitter. Ce n’est toutefois pas le projet le plus important à mener. Pas plus que celui concernant l’équipement en tablettes iPad des personnels navigants, qui sera pourtant le plus médiatisé. Terminé les kilos de manuels à transporter à chaque vol : sur leur iPad, les pilotes consultent désormais leur plan de vol, visualisent le terrain d’atterrissage, affichent les différentes documentations techniques… Les chefs de cabine disposeront, quant à eux, d’un outil de CRM à bord pour choyer les passagers. Changement d’horaire, de porte d’embarquement, solution de contournement d’un incident : chacun peut être alerté par SMS ou au sein d’une application qui permet aussi le réenregistrement. Si d’importants moyens ont été débloqués pour satisfaire le client et donc, au final, augmenter le chiffre d’affaires, un des grands challenges de la DSI était aussi d’améliorer les processus internes et de les rendre moins coûteux. Un énorme Programme a été entamé en ce sens, depuis quelques années et est actuellement en phase terminale de déploiement. Il s’agit du projet Altea DC (Departure Control), qui vise à remplacer des applications vieilles de 30 ans par un nouveau système, assurant aussi bien la gestion du client que celle du vol ou celle des opérations au sol. 20 000 utilisateurs sont concernés sur plus de 200 aéroports.

Mais, finalement, le projet le plus remarqué par le jury est encore d’une autre nature. Son nom : Karma, pour KLM Air France Revenue Management. D’un coût de 100 M€ en développements spécifiques internes, il doit améliorer d’autant les revenus du groupe. Son objectif : être capable d’affiner les analyses prédictives quant aux demandes de réservations, aux annulations, aux niveaux de surbooking, etc., sur plus de 48 000 liaisons hebdomadaires. Une application stratégique qui s’appuie notamment sur la technologie Hadoop (big data) et des interfaces utilisateur très sophistiquées, le tout nécessitant une puissance de calcul importante. Après une année cruciale qui a vu la mise en œuvre de la base de données et constaté l’efficacité des algorithmes et son acceptation de la part des utilisateurs clés, le projet sera déployé vol par vol à partir du mois de février.

Jean-Christophe Lalanne n’aura toutefois pas le temps de s’endormir sur ses lauriers en 2014 : aux échéances déjà programmées s’ajoutent de nombreux projets tout juste amorcés, notamment dans les activités industrielles, commerciales et cargo d’Air France-KLM. 

Par Pierre Landry

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