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La gendarmerie nationale à l’heure des expertises high-tech

Par La rédaction, publié le 27 juin 2013

[Cybersécurité 2/5] – A Rosny-sous-Bois, les gendarmes prennent la lutte contre la cybercriminalité à-bras-le-corps. De l’analyse physique d’un disque dur à une veille approfondie sur la Toile, ces experts veillent au grain pour notre sécurité.

Ce sont plus de 1 000 gendarmes dits N-Tech, (chargés des nouvelles technologies) qui luttent aujourd’hui contre la délinquance informatique. “ Initiée dès les années 80, cette action s’inscrit désormais dans la sécurité des réseaux et des territoires numériques, au côté des victimes – particuliers et entreprises –, de la justice et de tous ses partenaires. ” Pour la renforcer, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) initie en 1992 un département informatique électronique, “ chargé d’analyser la preuve numérique au sein des enquêtes judiciaires ”, explique Eric Freyssinet, chef de la division de lutte contre la cybercriminalité au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, installé à Rosny-sous-Bois (93). Puis, en 1998, une cellule de veille internet est créée au sein du service technique de recherche judiciaire et de documentation (STRJD), devenu en 2005 un service d’enquêtes à compétence nationale. Enfin, cette année, est mis en place “ un plateau d’investigation appelé Cybercriminalité et analyses numériques, dont l’objectif est de faire coopérer le département électronique et celui chargé de la veille, pour travailler plus efficacement, notamment sur la question des escroqueries à la carte bancaire ”, précise Eric Freyssinet.

Les entreprises hésitent à porter plainte

Les banques et les commerçants en ligne sont les entreprises qui font le plus appel à ce service. “ Les autres secteurs portent assez peu plainte. Car, pour un dirigeant, cette démarche n’est pas anecdotique. En plus de la contrainte de la procédure, cela touche à l’image de la compagnie ”, raconte Eric Freyssinet. Qui rappelle que la cybercriminalité concerne désormais tout le monde, et que nous sommes passés à une “ délinquance numérique du quotidien ”. Et que toutes les sociétés sont concernées, leur système d’information étant exposé à travers les pratiques professionnelles autant que privées de leurs collaborateurs.

Le 11 janvier dernier, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et Fleur Pellerin, ministre chargée des PME et de l’Economie numérique, sont venus sur place, prouvant ainsi leur intérêt pour la lutte contre la cybercriminalité. Un signe encourageant, mais pour Eric Freyssinet, l’important est de ne pas baisser les bras sur les moyens investis dans la formation, primordiale pour favoriser le recrutement des futurs N-Tech.

Pour débusquer les criminels, certains gendarmes investissent la toile anonymement ou recherchent une personne disparue à partir d’une photo retrouvée chez un suspect. D’autres analysent des informations récupérées sur un disque dur quitte pour cela à réparer la tête de lecture endommagée ou toute autre pièce défectueuse. Ils vont aussi chercher les données stockées dans les mémoires en dessoudant des composants par chauffage. Lors de certaines missions, ils utilisent un camion mobile aménagé pour étudier les éléments (corps, balistique…) d’une scène de crime classique mais aussi analyser les appareils numériques tels que des téléphones portables. Ils ont ainsi la possibilité d’y dupliquer des composants ou de les réparer.

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