Le secteur public français se passionne pour l’IA générative, mais l’enthousiasme masque des fragilités.

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L’IA générative séduit les services publics mais bute sur les infrastructures cloud et la souveraineté

Par Laurent Delattre, publié le 24 septembre 2025

L’État veut capitaliser sur l’IA générative pour améliorer l’efficacité des services et la satisfaction des usagers. Mais derrière l’accélération, une urgence : renforcer infrastructures, compétences et sécurité. Les DSI se retrouvent en première ligne pour piloter cette double mutation, technologique et souveraine. Deux études soulignent l’étendue des défis à relever malgré un élan certain.

D’après deux études récentes menées séparément par Nutanix et NumSpot, le secteur public français se trouve à un carrefour stratégique, tiraillé entre une adoption accélérée de l’intelligence artificielle générative et des défis critiques en matière d’infrastructure, de sécurité et de souveraineté. Ces travaux dressent le portrait d’un service public ambitieux mais confronté à la nécessité de moderniser en profondeur ses fondations numériques pour concrétiser ses ambitions.

L’IA générative séduit, mais l’infrastructure publique n’est pas prête

L’engouement du service public pour l’IA générative est indéniable. Selon le rapport Enterprise Cloud Index de Nutanix, 94 % des organisations du secteur public utilisent déjà ces technologies et 83 % ont mis en place une stratégie dédiée, dont 54 % sont en cours de déploiement actif.
Leurs DSI y voient un levier majeur pour améliorer la productivité, l’efficacité et l’automatisation, avec une perception optimiste du retour sur investissement à long terme, sur un horizon de 1 à 3 ans. Les cas d’usage se concentrent aujourd’hui sur les chatbots d’assistance aux usagers et aux employés, ainsi que sur la génération de contenu.

Cependant, cette dynamique d’innovation se heurte à une réalité infrastructurelle handicapante. Une large majorité, 76 % des répondants de l’étude Nutanix, estime que leur infrastructure informatique actuelle nécessite des améliorations, au moins modérées, pour supporter pleinement les applications modernes et les conteneurs à grande échelle. Ce constat fait de la modernisation une priorité absolue pour garantir la résilience, l’intégrité et la sécurité requises par l’IA.

Sans surprise ce challenge technologie s’accompagne aussi d’un défi humain : seulement 51 % des organisations du secteur public pensent disposer de toutes les compétences nécessaires pour soutenir leurs projets d’IA générative, faisant de la formation la première zone d’investissement requise. Si 70 % recrutent déjà sur ces profils, formation et montée en compétences des équipes existantes deviennent vitales.

Sécurité et souveraineté : conditions sine qua non de l’IA publique

Parallèlement, la question de la sécurité et de la souveraineté des données s’impose comme un prérequis non négociable. L’étude Nutanix révèle que 92 % des dirigeants du secteur public considèrent que leur organisation doit renforcer la sécurité de ses modèles et applications d’IA générative. Cette inquiétude est si prégnante que 96 % d’entre eux affirment que l’IA a rehaussé le niveau de priorité accordé à la sécurité et à la confidentialité.

Le baromètre réalisé par NumSpot et l’Ifop confirme cette tendance de fond. La sécurité des données est le premier critère de choix d’un fournisseur cloud pour 71 % des décideurs publics.

Cette exigence de maîtrise se traduit par une orientation massive vers le cloud souverain. De manière spectaculaire, 81 % des administrations qui optent pour un cloud public exclusif se tournent vers une solution souveraine. Ce choix est motivé par la volonté de ne pas être exposé aux lois extra-européennes (un critère pour 43 % des répondants) et par la recherche de certifications de confiance comme SecNumCloud (40 %).

L’imbrication entre IA et souveraineté est totale : 80 % des décideurs publics considèrent comme crucial ou important l’hébergement souverain des données et l’utilisation de modèles souverains dans leurs projets d’IA. Malgré cette orientation claire, le baromètre NumSpot souligne une maturité encore hétérogène, puisqu’un tiers des organisations n’a toujours pas de stratégie cloud définie.

Pour les DSI du secteur public, le défi consiste donc à orchestrer une double transformation : moderniser l’infrastructure technique tout en bâtissant un cadre de confiance souverain, seule fondation solide capable de supporter durablement la révolution de l’intelligence artificielle.



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