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Quel avenir pour le monde du travail ?

Par Laurent Delattre, publié le 13 décembre 2019

Sur la base de signaux faibles déjà perceptibles dans notre société, Colliers International et Futuribles ont cherché a anticipé l’évolution de l’environnement du travail en France en 2030. Les différents scénarios envisagés doivent inspirer les DSI dans l’évolution de leur rôle au sein de l’entreprise.

Si 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore (*), on sait quand même déjà à quoi ressemblera le poste de travail de demain. Enfin, pas exactement.
Le spécialiste des services immobiliers Colliers International s’est associé au cabinet Futuribles spécialisé dans la prospective stratégique pour essayer de cerner les grandes tendances de demain.

Ils ont ainsi donné naissance à cinq scénarios qui modélisent l’évolution du monde du travail dans le secteur tertiaire en France. Regroupés dans une fascinante étude « 2030 L’Odyssée de l’espace de travail », ils balaient des futurs possibles allant de l’évolution simple du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui à des ruptures drastiques.

Scénario 1 : Statu quo

Ainsi, dans son premier scénario baptisé « Statu Quo », l’étude estime que la France en 2030 ressemblera à celle d’aujourd’hui avec des entreprises « conduites plus que jamais par la recherche de rentabilité et du profit financier » et dont les actions sociétales seront plus guidées par un souci d’image que par de réelles convictions, ce qui engendrera encore plus de défiance des citoyens.
Tandis que la 5G se généralise, les salariés « s’accommodent de toutes les pratiques totalement dématérialisées, notamment en mobilité […] ».
Dans l’entreprise comme au domicile, les interfaces tactiles se diffusent, tout autant que les interfaces vocales.

Scénario 2 : Transition écologique

Dans son second scénario, gouvernements, entreprises et citoyens se mobilisent autour des enjeux climatiques, donnant naissance une nouvelle organisation en entreprise, plus respectueuse de la qualité de vie de ses salariés.  La recherche d’une bonne qualité de vie et la préservation de l’environnement représentent deux valeurs partagées par la majorité des actifs. Il en découle une forme de nouvelle démocratie au sein même des entreprises qui prennent conscience que leurs collaborateurs représentent à la fois un enjeu sociétal mais également un levier de performance.

Scénario 3 : Exode vers les territoires

Troisième hypothèse, les salariés quittent massivement Paris pour améliorer leur qualité de vie et, par nécessité, les entreprises suivent le mouvement, s’implantant dans les grandes métropoles régionales à travers des lieux de travail en propre ou via des espaces de coworking. Au passage, pour reconquérir des collaborateurs et attirer des talents, elles font évoluer leurs organisations vers ce que l’étude appelle « une nouvelle démocratie » d’entreprise :  beaucoup plus participative, l’organisation s’adapte aux attentes des salariés en recherche de sens, d’autonomie et de responsabilité.

Scénario 4 : L’ère des castes digitales

Dans son quatrième scénario, les états prennent des mesures drastiques contre le réchauffement climatique qui entraînent de véritables scissions entre le centre des grandes métropoles (infrastructures technologiques performantes, mobilité douce et fluide) et les zones périurbaines au faible déploiement technologique comme les réseaux 5G. Celles-ci pâtissent également d’un trafic dense de véhicules traditionnels donc polluants. Antichambre de Blade Runner pour certains, ce scénario prévoit également un développement de la précarisation sans précédent, avec des salariés en CDD ou CDI de projet hébergés dans des espaces de travail bas de gamme.

Scénario 5 : En totale indépendance

Enfin, le dernier scénario de l’étude décrit une société très dépendante du numérique avec la même précarisation au niveau de l’emploi et des grandes entreprises localisées principalement sur le Grand Paris et dont les salariés se détournent. Selon Colliers International et Futuribles, les salariés préféreront les PME ou devenir indépendants, deux options offrant davantage synonymes de liberté, d’ouverture et de transparence. Dans cette hypothèse, les grandes entreprises sous-traitent une part importante de leurs missions aux petites structures, à travers des plateformes collaboratives virtuelles. Parallèlement, le télétravail prendrait son envol, favorisant au passage le développement du corpoworking, de coworking voire de coliving.

Partant du principe que tous ces scénarios sont bâtis à partir de signaux faibles déjà perceptibles dans notre société identifiée par les auteurs de l’étude, aucune hypothèse n’a à priori plus de chance qu’une autre de se réaliser. Mais force est de constater qu’à l’exception du scénario numéro deux, tous les futurs anticipés mettent une évidence une défiance chronique des salariés, et plus généralement des citoyens, vis-à-vis des grandes entreprises.

Source :
2030 L’Odyssée de l’espace de travail

(*) étude Dell et du think tank californien “Institut du futur” de 2017

 

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