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5G, IoT et connectivité : les nouveaux piliers de la mobilité intelligente en entrepôt
Par Laurent Delattre, publié le 10 septembre 2025
La promesse d’un entrepôt mobile, réactif, interconnecté, se heurte encore trop souvent à des limites techniques structurelles. La combinaison de la 5G, des objets connectés (IoT) et d’une infrastructure de connectivité avancée offre aujourd’hui une opportunité unique : transformer ces zones logistiques en hubs intelligents, capables de réagir en temps réel aux aléas, d’optimiser chaque mètre parcouru et de garantir une continuité opérationnelle totale. Mais encore faut-il penser la connectivité comme un fondement stratégique du pilotage logistique.
Par Cyril Vernet, Directeur associé et CTO, HRC Software
En 2018, nous imaginions une explosion de l’IoT avec des prévisions allant jusqu’à 50–80 milliards d’objets connectés dès 2020. Aujourd’hui, les chiffres de 2025 sont plus nuancés : environ 27 milliards d’objets actifs, voire 30 milliards, selon les sources les plus fiables – certains estiment jusqu’à 50 ou même 75 milliards si l’on inclut les appareils installés ou inactifs. Cette évolution, bien que légèrement différée, valide une progression réelle et massive du parc IoT. Pour les entrepôts logistiques, cela signifie que la connectivité ne peut plus être un simple accessoire : elle doit être conçue comme une colonne vertébrale capable de soutenir des dizaines de milliards de capteurs et d’acteurs – un rôle que seule la 5G, renforcée par des architectures edge-native, est aujourd’hui en mesure de jouer efficacement.
L’entrepôt, dernier bastion à connecter intelligemment
Alors que les usines s’automatisent, que les véhicules deviennent autonomes et que les ERP dialoguent avec l’ensemble des fonctions de l’entreprise, les entrepôts restent souvent des « zones grises » du système d’information. La raison ? Une connectivité inadaptée, morcelée, souvent limitée à un réseau Wi-Fi hétérogène, incapable de supporter les exigences de réactivité et de mobilité croissantes du secteur logistique.
Dans ce contexte, la 5G se présente comme un véritable catalyseur, capable d’absorber une densité de connexions bien supérieure à la 4G, avec des latences extrêmement faibles (inférieures à 10 ms), et une bande passante permettant d’envisager, par exemple, la vidéo temps réel pour le contrôle qualité ou le guidage des opérateurs par réalité augmentée. Selon une étude Capgemini, 74 % des industriels estiment que la 5G jouera un rôle critique dans leur logistique d’ici 2026.
IoT et capteurs intelligents : l’œil et l’oreille du SI en entrepôt
La forte progression des capteurs connectés – de la palette RFID aux caméras thermiques, en passant par les tags de géolocalisation ultra-wideband – transforme la gestion de l’entrepôt en une science des données en temps réel. Chaque mouvement, chaque variation de température, chaque vibration devient une donnée exploitable.
Prenons l’exemple d’un entrepôt pharmaceutique gérant des médicaments thermosensibles : grâce à des capteurs IoT combinés à une connectivité 5G, les responsables logistiques peuvent être alertés instantanément d’une rupture de la chaîne du froid, déclencher des procédures de contingence, voire recalibrer automatiquement les trajets pour minimiser le risque. Résultat : une réduction significative des pertes de produits et une amélioration de la conformité réglementaire.
La connectivité comme socle de l’automatisation et de la continuité opérationnelle
Ce n’est pas seulement la rapidité du réseau qui fait la différence, mais sa capacité à garantir une disponibilité continue dans un environnement souvent complexe : structures métalliques, fortes interférences, zones sans couverture… Les solutions traditionnelles montrent ici leurs limites. Or, le coût de l’interruption des flux logistiques peut s’élever à 20 000 € par heure pour certaines industries, selon l’IFR (International Federation of Robotics).
La 5G privée (Private 5G) couplée à une architecture réseau pensée pour la résilience (redondance, slicing, segmentation des flux critiques) offre une alternative robuste. Ce type de déploiement devient le socle de l’automatisation à grande échelle : AGV (véhicules autoguidés), drones d’inventaire, robots pickers ou encore exosquelettes connectés peuvent ainsi évoluer dans un écosystème stable, sûr et piloté.
Connectivité intelligente = ROI logistique
Loin d’être un gadget technologique, la connectivité avancée est aujourd’hui un levier stratégique de performance. Une étude de Deloitte estime que les entrepôts intégrant des technologies avancées comme la 5G et l’IoT enregistrent jusqu’à 30 % de gains de productivité sur leurs opérations de picking. À cela s’ajoutent des bénéfices moins quantifiables mais tout aussi décisifs : réduction des risques, amélioration de l’ergonomie au travail, meilleure satisfaction client grâce à la précision des délais.
Vers une architecture « edge-native » des entrepôts
La prochaine étape réside dans l’hybridation du cloud et du edge computing. En rapprochant le traitement des données au plus près des capteurs, on supprime les goulots d’étranglement, on réduit encore les latences, et surtout on gagne en robustesse. C’est cette approche « edge-native » qui permettra demain à l’entrepôt d’atteindre un niveau d’autonomie décisionnelle jamais vu — un impératif alors que les volumes logistiques explosent et que les ressources humaines se raréfient.
Connectivité, capteurs et 5G ne sont plus de simples auxiliaires techniques : ils deviennent des fondations de l’agilité logistique. Le défi pour les entreprises ? Ne pas penser ces briques en silo, mais les intégrer dans une stratégie IT et opérationnelle cohérente, alignée avec les ambitions business. L’entrepôt intelligent commence par une infrastructure intelligente.
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