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Fini l’ERP monolithique : bienvenue dans l’ère du composable !
Par La rédaction, publié le 21 octobre 2025
Finies les usines à gaz ERP : l’approche composable redéfinit les règles du jeu. Avec ses briques modulaires, sa logique cloud et son focus métier, elle transforme la manière de concevoir la performance digitale. Une évolution à la fois technologique et humaine.
Par Jean-Christophe Klarer, Head of SAP Global Practice chez Nagarro
« Hier armoire normande, aujourd’hui meuble Ikea« . Ce n’est pas (seulement) une histoire de mobilier, mais bien une manière radicalement différente de penser le système d’information ! Car l’époque du logiciel d’entreprise tout-en-un, monolithique et lourdement paramétré pour épouser à la lettre les habitudes internes, touche à sa fin. Désormais, place au composable : l’ERP devient modulaire, “assemblé sur place”, cloud, agile, orienté métier et aligné sur les ambitions business. Un virage stratégique autant que culturel, qui prouve son efficacité sur le terrain.
Un double déclic : cloud + modularité
L’ERP composable, c’est bien plus qu’un passage dans le cloud. Il exploite évidemment cette lame de fond déjà bien engagée, motivée par des arguments connus (flexibilité, CAPEX, scalabilité…). Mais ce qui change fondamentalement, c’est la manière de concevoir l’ERP : fini les développements spécifiques pour recréer des standards existants. On part désormais d’un référentiel modulaire de bonnes pratiques métiers, de processus modélisés, que l’on sélectionne (plutôt que de reproduire à l’identique le passé) et que l’on connecte. Et on complète par du spécifique uniquement là où la valeur métier l’exige.
C’est cette philosophie qui rend l’ERP composable si puissant : l’architecture devient évolutive, orientée usage. Elle se connecte au SI élargi via des plateformes comme SAP Business Transformation Platform (ou SAP BTP pour les initiés). Mais surtout, elle se révèle bien plus lisible pour les métiers.
Retour au métier : l’ERP doit être un accélérateur, pas un carcan
Un vrai recentrage stratégique est en train de se jouer. Longtemps, les projets ERP ont été menés par la technique. On paramétrait, on surparamétrait… jusqu’à perdre les métiers en route. L’ERP composable inverse la logique. on démarre sur tableau blanc avec les opérationnels, on redéfinit ce qui génère de la valeur dans leur coeur de métier (ce que l’on doit conserver ou enrichir), et on le dissocie de ce qui est standardisable. Résultat : une meilleure appropriation, une conduite du changement plus fluide, et une adoption accélérée.
Le cas d’un fabricant industriel comme Eurokera (joint venture formée par Corning et Saint-Gobain afin d’exploiter le savoir-faire et l’expertise de la production de vitrocéramique) est révélateur. Après quelques mois d’un projet SAP en cloud public, les équipes ne comprenaient plus l’objectif. Un électrochoc. En repartant du métier et en concevant des supports ludiques d’appropriation, comme des serious games autour des processus procure-to-pay ou order-to-cash, il a été possible de réengager les utilisateurs. Cette approche est désormais systématiquement intégrée dès l’amont du projet pour garantir que la solution ne soit pas seulement déployée… mais réellement adoptée.
Un modèle scalable pour tous, y compris les PME
Contrairement aux idées reçues, cette approche n’est pas réservée aux grands groupes type CAC40. Récemment, une start-up de la cleantech l’a mise en œuvre avec succès ; avec une forte pression sur la scalabilité (déploiements multiples, croissance rapide) et peu de ressources IT internes, la solution a été co-construite à partir de briques cloud pré-packagées, composées sur mesure. L’entreprise n’a eu qu’à valider l’architecture cible et se concentrer sur la formation et la conduite du changement.
C’est là que réside la promesse du composable : un “ time-to-value” réduit, une architecture modulaire pérenne, et une capacité à accompagner la croissance – y compris internationale – en s’appuyant sur des modèles de référence et des indicateurs harmonisés.
Le rôle stratégique des DSI… et des intégrateurs
Dans ce nouveau paradigme, les DSI voient leur rôle évoluer. Les directions métier sont désormais au centre. Les DSI doivent se réinventer en architectes du changement, garants de la cohérence d’ensemble. La complexité ne disparaît pas : elle change de nature. Le “meuble Ikea” nécessite toujours un accompagnement solide pour être bien monté et bien intégré.
Ce virage vers des ERP composables implique aussi une transformation du rôle des intégrateurs : moins de développement spécifique, davantage de modélisation, de recomposition métier, et surtout d’accompagnement du terrain. L’intégrateur devient facilitateur du changement, au service des utilisateurs finaux comme des objectifs stratégiques de l’entreprise.
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