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DSI & innovation : 6 entreprises témoignent

Par François Jeanne, publié le 24 avril 2023

La Sacem fait rimer architecture du SI et stratégie d’innovation

C’est à un architecte du SI qu’a été confiée la responsabilité de l’innovation de la vénérable société des auteurs. Un choix pas si surprenant tant le digital a bouleversé la production et la diffusion de la musique depuis des décennies. Et qui produit déjà des résultats concrets, par exemple autour de la blockchain ou des NFT.

En tant qu’architecte du SI, je suis aux premières loges pour percevoir les besoins futurs des métiers, et imaginer des réponses. Soit de manière incrémentale sur les solutions existantes, soit en trouvant des applications aux innovations de rupture qui pourraient les impacter. » Julien Lefebvre, responsable Stratégie Digitale et Innovation, ne manque pas d’arguments pour expliquer pourquoi la Sacem (créée dès 1851 !) a décidé de loger l’innovation au sein de la DSI : « Notre métier a connu bon nombre de ruptures, que ce soit dans la manière de produire ou de diffuser de la musique. Et il est de plus en plus intimement lié à la production et au traitement de la data », justifie-t-il.

Son département a vu le jour il y a trois ans et connaît une forte expansion avec une nouvelle direction générale qui a notamment renforcé le rôle de son comité Stratégie & Innovation. Celui-ci se réunit tous les mois et comprend des membres du conseil d’administration. Et les sujets de discussion n’y manquent pas, depuis les applications de la blockchain pour la production de certificats de paternité sur les œuvres, en passant par l’utilisation des NFT pour mieux les appréhender et créer de nouvelles sources de revenus pour les créateurs et éditeurs (voir encadré).

Un lieu d’échange naturel entre pros de l’innovation et pros de l’IT

L’équipe de 25 personnes comprend un mix de professionnels de l’innovation, issus d’écoles de commerce ou de cursus spécialisés, et de profils plus orientés IT, parmi lesquels il se range d’ailleurs. « C’est un lieu d’échange naturel, où les visions que l’on peut avoir de l’évolution d’un domaine métier sont aussi questionnées au regard des grands projets de transformation IT en cours. » Au sein de ses collaborateurs, il y a pour cela des architectes d’entreprise, des spécialistes de l’intégration CI/CD, des product managers…

Cette organisation, qui embarque systématiquement les métiers dans ses réflexions, mais tient compte également des contraintes liées à l’IT, est un rempart efficace contre « l’innovation hors sol, celle qui finit par ne produire que des POC sans jamais parvenir aux phases d’industrialisation ». Pour autant, l’exploration de nouvelles technologies – par exemple de reconnaissance de musique –, doit rester aussi libre que possible et reposer sur des partenariats : « Ce n’est pas à la DSI de se lancer là-dedans. Cela peut venir ensuite mais, dans un premier temps, l’innovation doit rompre avec les habitudes et “collaborer” avec l’écosystème. » Et permettre aussi d’aller vite, « pour ne plus subir les transformations, mais les regarder dans les yeux. Nous sommes les premiers dans notre secteur à avoir signé un accord avec Pianity, plateforme référente sur le marché des NFT musicaux », se réjouit Julien Lefebvre.

Innovation et DSI - Julien Lefebvre,
responsable Stratégie Digitale et Innovation à la Sacem
« Le pilotage d’une cellule innovation est aussi une affaire de personnalité. Il faut que les soft skills trouvent leur place. “The right person at the right place”, en somme. »
Julien Lefebvre,
responsable Stratégie Digitale et Innovation à la Sacem

« Le pilotage d’une cellule innovation est aussi une affaire de personnalité. Il faut que les soft skills trouvent leur place. “The right person at the right place”, en somme. »

Mettre l’innovation digitale en musique(s)

Tout un symbole d’appartenance ? La Sacem a choisi le MaMA, principal rendez-vous français de la filière musicale pour présenter deux innovations marquantes. D’abord MusicStart, un service qui utilise les technologies de blockchain pour permettre aux créateurs de prouver l’antériorité de leurs créations. Il a été développé par le Sacem Lab, en collaboration avec une start-up pour l’interfaçage avec la plateforme de registres Tezos.

Ensuite sa première collection gratuite de NFT, en lien avec la prochaine cérémonie des Grands Prix Sacem, mi-décembre. Les détenteurs ont pu acquérir des jetons plus ou moins rares, donnant accès à des récompenses dans la sphère musicale (billets de concerts, abonnement à une plateforme de streaming, etc.). « Nous voulons mesurer l’appétence du marché à cette nouvelle forme de diffusion de la musique », explique Julien Lefebvre.

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