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Le marché mondial du PC poursuit sa bonne dynamique au troisième trimestre 2025
Par Laurent Delattre, publié le 29 octobre 2025
Le marché mondial du PC confirme son redressement, soutenu par la fin imminente de Windows 10 et le renouvellement des parcs installés. Les grands constructeurs capitalisent sur cette transition, tandis que l’essor des PC « AI ready » amorce une nouvelle ère.
Après un deuxième trimestre marqué par un net rebond, le marché mondial du PC a confirmé sa trajectoire positive au troisième trimestre 2025. Selon les différents instituts d’analyse, les ventes ont progressé de 7 à 9 % par rapport à l’an dernier, avec des volumes oscillants entre 70 et 76 millions d’unités selon les méthodologies retenues.
Bien évidemment, cette croissance s’inscrit dans un contexte particulier : l’échéance de fin de support de Windows 10, officialisée le 14 octobre 2025. Celle-ci semble avoir accéléré les cycles de renouvellement, tant chez les particuliers que dans les entreprises. En outre, le marché arrive à 5 ans de la crise Covid qui avait vu les ventes de PC exploser et certains utilisateurs commencent à renouveler leur matériel.
Une chose est sûre, c’est bien la demande de renouvellement qui reste le moteur principal du marché. Omdia (ex Canalys) relève que les livraisons de PC de bureau ont bondi de 17 %, portées par les besoins de migration, tandis que les ordinateurs portables progressent plus modestement.
L’EOL de Windows 10 porte le dynamisme
« Alors que l’ensemble du marché poursuit sur une très bonne année, alimentée par la transition vers Windows 11 et la nécessité de remplacer une base installée vieillissante, les résultats par région racontent des histoires différentes » explique de son côté Jean-Philippe Bouchard, vice-président de la recherche chez IDC Worldwide Mobile Device Trackers. Il souligne ainsi que l’Asie-Pacifique, et en particulier le Japon, a connu une croissance à deux chiffres, stimulée par les programmes éducatifs et la nécessité de remplacer un parc vieillissant. En revanche, l’Amérique du Nord apparaît en retrait, freinée par les incertitudes macroéconomiques et l’impact des droits de douane américains, ce qui y limite la hausse à un rythme bien inférieur à la moyenne mondiale.
De son côté, Gartner, par la voix de son directeur de recherche, Rishi Padhi, constate que « la demande des consommateurs est restée modérée aux niveaux de prix inférieurs, influencée par des vents contraires géopolitiques et macroéconomiques persistants. Les consommateurs continuent de faire preuve de prudence en matière de dépenses, retardant les achats de PC et recherchant des offres promotionnelles ».
La fin de vie de Windows 10 a bien été un catalyseur de croissance pour le marché mais peut-être pas autant que ce les analystes avaient pu anticiper. Il reste une certaine défiance du public face à Windows 11 mais aussi face à la stratégie de Microsoft souvent perçue comme une forme d’obsolescence programmée pour relancer les ventes.
« Alors que Microsoft et ses partenaires ont considérablement intensifié leurs efforts pour sensibiliser les entreprises, en particulier auprès des PME et des consommateurs, une partie importante de la base installée mondiale de Windows reste soit sur Windows 10, soit sur un PC âgé de cinq ans ou plus » explique néanmoins Ishan Dutt, directeur de recherche chez Omdia. « Pour Microsoft et ses partenaires OEM et de distribution, cela représente un nombre important d’utilisateurs qui nécessitera un ciblage continu pour la sensibilisation et le soutien à la transition ». Mais c’est aussi un important pool d’acheteurs potentiels pour l’an prochain.
Toujours le même podium
Côté constructeurs, la hiérarchie reste désespérément stable. Lenovo consolide sa première place avec près de 19,4 millions d’unités écoulées, soit une croissance supérieure à 16 % selon les estimations. HP suit avec environ 15 millions de machines livrées, en hausse d’une dizaine de points. Dell complète le podium avec une progression plus modeste, autour de 3 % qui interroge sur l’efficacité de la refonte de sa gamme en janvier dernier avec l’abandon des marques historiques (XPS, Latitude, Precision, Optiplex…). Apple et Asus affichent également des gains notables, dépassant respectivement les 6 et 5 millions d’unités. Pour le premier, le succès de la génération des Mac en processeurs Apple M1/M2/M3/M4/M5 ne se dément pas. Quant au second, il semble avoir désormais réussi à distancer Acer et s’impose en 2025 comme le vrai cinquième larron du Top 5. Dans l’ensemble, tous les grands acteurs profitent de cette vague de renouvellement, même si les écarts de dynamique régionale demeurent marqués.
L’ère des AI PC a commencé
Au-delà de l’effet Windows 10, les analystes soulignent l’émergence d’un nouveau facteur de stimulation : l’arrivée des PC dits « AI ready » (aussi appelés AI PC par Intel et Copilot+ PC par Microsoft), intégrant des processeurs dotés de NPU spécialisés pour l’intelligence artificielle. Gartner estime que ces machines représenteront déjà près d’un tiers des ventes en 2025, contre 15 % un an plus tôt. Les annonces récentes de Qualcomm (avec ses très prometteurs Snapdragon X2) et d’Intel (avec ses Panther Lake qui doivent marquer le grand renouveau de la marque) laissent entrevoir une intensification de la concurrence sur ce segment stratégique et porteur.
Il faudra suivre avec intérêt les ventes au quatrième trimestre pour vérifier si les consommateurs se laissent tenter par le renouvellement pour les Copilot+ PC malgré des conditions économiques peu favorables. D’autant qu’Intel lance une grande attaque. Jusqu’ici les machines Copilot+ PC en Lunar Lake ne ciblaient que le haut du panier avec des machines à plus de 1000 voire 1200 euros. Mais le fondeur a décidé de simplifier son discours et de baisser ses prix pour faire du Copilot+ PC « Lunar Lake » à 800 euros le nouveau « standard » du marché PC.
D’ailleurs les analystes anticipent que la bonne dynamique du marché se prolongera au-delà du quatrième trimestre, porté par les entreprises et administrations encore en retard dans leurs migrations. Difficile de savoir si une fois cette vague passée, le marché saura maintenir son élan grâce à l’innovation matérielle et aux usages liés à l’IA ou s’il retombera dans une phase de stagnation comme il en a connu ces 10 dernières années.
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