Un rapport Serena analyse la dynamique des éditeurs qui intègrent des composants open source dans leurs logiciels et de leurs investisseurs

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L’open source plaît aux DSI… et aux investisseurs

Par François Jeanne, publié le 14 juin 2024

Un rapport de la société de venture capital Serena analyse la dynamique des éditeurs qui intègrent des composants open source dans leur offre logicielle. S’ils séduisent toujours plus les investisseurs, ils offrent surtout une alternative aux DSI qui ne veulent pas s’enfermer avec des solutions propriétaires.

Notre rapport s’adresse aux trois publics concernés légitimement par cette partie de l’offre logicielle, à savoir les investisseurs, les créateurs d’entreprise et, bien sûr, les clients finaux de ces solutions.
C’est ainsi que Matthieu Lavergne, partner chez le venture-capitalist européen Serena, présente le nouveau rapport COSS (commercial open source software) de Serena. Il a tout de même une cible principale naturelle, à savoir les détenteurs de capitaux à la recherche du bon cheval sur lequel miser.

Mais son intérêt rejoint aussi celui des DSI, dont la plupart ont aujourd’hui intégré des composants open source dans leurs architectures logicielles ou dans leurs chaînes de développement et se posent des questions naturelles : quelle est la pérennité de ce composant et dois-je prendre le risque d’investir en formation et en recrutement pour l’intégrer à ma stratégie ? Quelle est la pérennité d’un éditeur qui me propose une offre basée sur ce composant ?

Le rapport de Serena ne répond pas à ces interrogations, mais donne des clés de lecture intéressantes pour comprendre l’évolution du capital risque dans ce segment de la tech.

Basé sur l’analyse de 400 sociétés ayant une offre open source et ayant réussi une levée de fonds dans les trois dernières années, il permet d’abord de constater que

* Les trois quarts (74 %) des sociétés open source étudiéessont de droit américain et que la région EMEA accueille la quasi-totalité des autres (22 %).

* En termes de taille, plus d’une sur cinq (21 %) compte au moins une centaine de collaborateurs.

* La moitié exactement a réussi à attirer plus de 20 M$ lors de ses tours de table.

* Enfin, même s’il est difficile d’en déduire une conséquence sur leur pérennité, un tiers d’entre elles ont plus de six années d’existence.

Matthieu Lavergne argumente sur l’alignement des planètes entre les communautés et le business : « Si l’éthique open source a été déterminante, c’est la fusion de cette éthique avec l’ingéniosité commerciale qui assure la pérennité de l’ensemble. »

Mais les DSI ne sont pas forcément sensibles à ce refrain, et encore moins leurs développeurs qui participent aux communautés open source. Le mélange des genres n’est pas toujours très bien vécu : on se rappelle la controverse qui avait duré lorsque Red Hat était devenue une société commerciale d’abord, avant d’entrer en bourse en 1999 !


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Certes, de l’eau a coulé sous les ponts, et c’est bel et bien Microsoft qui se retrouve aujourd’hui parmi les sponsors principaux du salon parisien Open Source Experience, reflet de ses contributions majeures au sein des communautés du logiciel libre.

Reste que les entreprises ont bien des raisons de rester prudentes. Prudentes mais pas inactives car forcément intéressées. Comme le rappelle Bertrand Diard, cofondateur de Talend et aujourd’hui partner chez Serena, « l’open source commercial se distingue, pour les acheteurs d’entreprise, par sa capacité à s’intégrer harmonieusement dans les organisations sans nécessiter un processus d’achat traditionnel, au moins jusqu’à un certain seuil de création de valeur ».

L’étude permet tout de même de relativiser le phénomène : les entreprises commerciales ne représentent en effet qu’une partie modeste (9,5 %) du paysage global de l’open source.

On comprend ainsi d’autant mieux la faible corrélation entre des indicateurs tels que la visibilité d’une communauté (par exemple, les étoiles GitHub, le nombre de contributeurs) et le potentiel économique (par exemple, le financement). Une vraie fragilité quand on sait que les sociétés soutenues financièrement par le capital-risque – ce qui leur assure un modèle commercial durable – sont celles qui proposent des offres les plus proches des utilisateurs finaux.

Les piles logicielles fondamentales qui sous-tendent les infrastructures critiques sont, elles, souvent gratuites, et ont de ce fait du mal à intéresser les investisseurs. Une piste de réflexion pour des DSI qui peuvent aussi choisir de soutenir directement des communautés ?


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