2024, année du Flex Work, la flexibilité entre télétravail et bureau

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Télétravail en 2024 : après l’âge d’or, le reflux ?

Par Xavier Biseul, publié le 02 janvier 2024

Près de quatre ans après le début de la crise Covid, la vague du télétravail se brise sur le rocher de la réalité. Si les salariés s’arcboutent sur ce droit qu’ils considèrent comme acquis, leurs employeurs plaident pour un retour progressif au bureau, quitte à exercer une forme de pression. Et cette pression pourrait s’intensifier en 2024.

Comme tout phénomène sociétal d’ampleur, le télétravail connaît un mouvement de balancier. Alors que nombre de salariés avaient gagné en autonomie et trouvé un nouvel équilibre vie professionnelle – vie personnelle depuis la visite inopinée d’un virus venu de Chine, les modalités du travail à distance sont actuellement remises en cause.

Depuis quelques mois, les géants américains de la Tech, les plus en pointe dans le domaine, qui étaient allés jusqu’à proposer le « full remote » à leurs employés, font marche arrière. Apple, Amazon, Google, Meta, Salesforce, et même Zoom, un comble, ont sonné le rappel de leurs troupes pour qu’elles reviennent sur site au nom de la productivité.

Avec un temps de décalage, les entreprises françaises suivent la même tendance. Après une adoption assez large du travail en mode hybride, censé associer le meilleur du présentiel et du distanciel, elles demandent à leurs employés de revenir plus souvent au bureau, quitte à leur imposer un nouveau rythme de travail.

Une étude OpinionWay pour Slack France portant sur un peu plus de mille « travailleurs du savoir » met en évidence plusieurs lignes de fracture. Ainsi, et alors que 62 % de ces « cols blancs » disent vouloir travailler à distance au moins la moitié de la semaine, ils font face à une réalité plus difficile : 68 % travaillent majoritairement sur site et seuls 13 % peuvent télétravailler une grande partie de la semaine.

Une aspiration des employés inverse à celle des employeurs

Quel que soit leur âge, les Français interrogés s’accordent sur un nombre idéal de trois jours par semaine en distanciel. Un idéal qui contraste avec les nouvelles consignes de leurs employeurs. 82 % des entreprises ont émis des directives ou des encouragements pour un retour au présentiel. 71 % d’entre elles ont donné des jours de présence obligatoire à respecter.

Et déjà 30 % des employés font un lien entre ce retour au bureau imposé et une baisse de leur productivité. Ce travail en présentiel est synonyme, pour 60 % des répondants, de 5 à 15 minutes de plus passées sur une tâche d’une heure, sans compter les aléas des trajets.


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Selon une autre étude, cette fois européenne, menée par SAP Concur en juillet dernier, deux tiers (70 %) des salariés seraient prêts à accepter une réduction de salaire pour pouvoir « travailler de n’importe où » en permanence. 10 % disent même avoir télétravaillé en cachette de leur employeur au cours des douze derniers mois.

IA et télétravail, même combat ?

Mais qu’est-ce qui pourrait motiver ces salariés à retrouver leurs collègues à la machine à café ? La principale motivation est financière pour 70 % des sondés de l’étude de Slack, qui citent la prise en charge intégrale des titres de transport et des repas ou un service de conciergerie. La réduction de la distance séparant leur domicile du lieu de travail consisterait également un élément décisif pour 66 % des travailleurs du savoir.


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Les collaborateurs se font aussi une autre idée de l’espace de travail à l’ère du mode hybride. Le bureau d’antan, statistique et austère, doit laisser place à un espace modulable selon les besoins de chaque projet (58 %) et un lieu de vie convivial permettant des moments de « team building » incluant des divertissements (58 %).

Faisant de façon plus ou moins directe la promotion de sa plateforme, Slack a aussi interrogé ces salariés sédentaires sur l’apport des nouvelles technologies dans leur activité professionnelle. 66 % pensent que l’IA pourrait booster leur productivité.

L’IA est en effet perçue comme utile pour améliorer la recherche d’informations (77 %), faire un résumé de réunions ou de conversations (72 %), analyser des performances en temps réel (67 %) ou créer des contenus de manière autonome (65 %).

En fait, CQFD : plus d’un Français sur deux (56 %) souhaite bien que leur entreprise intègre de l’IA… pour soutenir ce travail hybride.


2024 : L’année du Flex Work ?

Selon une étude d’Atlassian, qui a interrogé des cadres d’entreprises figurant au classement Fortune 500, les dirigeants des entreprises américaines s’inquiètent d’une faible productivité perçue comme l’un des principaux défis de 2024 alors que 91 % d’entre eux ont mis en place des politiques de retour au travail au bureau. Dit autrement, contrairement à leurs attentes, bien des dirigeants américains sont “forcés d’admettre” que leur politique “Back To Workplace” n’a pas stimulé la productivité comme attendu.

Selon le “Flex Report : 2024 Predictions” de Scoop, 2 entreprises américaines sur 3 vont en 2024 offrir une plus grande flexibilité à leurs employés en leur permettant de télétravailler quelques jours par semaine mais pas toute la semaine. Le rapport prédit que les entreprises qui autorisent des horaires et des lieux de travail plus flexibles surpasseront leurs concurrents de manière “spectaculaire” en 2024.

Un avis qui n’est pas partagé par les Européens notamment. La dernière étude mondiale KPMG “2023 CEO Outlook” confirme la tendance à la défiance envers le télétravail accusé d’impacter la productivité de 10 à 20% (s’il est pratiqué plus de 2 jours par semaine). Dans cette étude, les 1300 PDG interrogés sont au deux tiers convaincus d’un retour au bureau 5 jours par semaine, autrement dit d’un abandon du télétravail, d’ici 3 ans.

À moins bien sûr que les JO de 2024 et l’encouragement d’un retour au télétravail formulé par les autorités ne viennent finalement à nouveau influer sur les décisions des directions et faire de nouveau pencher la balance vers un travail vraiment flexible.



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