

Data / IA
De plus en plus agentique, Claude AI sait générer et éditer des fichiers bureautiques
Par Laurent Delattre, publié le 10 septembre 2025
Les assistants IA franchissent un nouveau cap : Anthropic intègre des fonctions agentiques capables de générer, modifier et convertir directement des fichiers bureautiques dans Claude AI. De quoi profondément impacter le quotidien des collaborateurs… et des DSI !
Depuis la sortie de ChatGPT, les assistants IA n’ont cessé de se multiplier et de s’imposer (malheureusement très souvent en Shadow IA) sur les ordinateurs de tous les collaborateurs des entreprises. Et chaque jour qui passe, ces assistants s’ancrent un peu plus dans nos habitudes de travail. D’autant qu’ils ont désormais dépassé le stade de simples assistants conversationnels. Ils sont de plus en plus capables d’agir grâce à des fonctionnalités agentiques de plus en plus étendues. Des capacités comme l’analyse de données approfondie, la recherche documentaire avancée (Deep Research) ou la prise de contrôle de certaines actions informatiques (Computer Use) permettent à ces outils de dépasser le simple cadre conversationnel pour exécuter des tâches complexes de manière plus ou moins autonome afin de nous faire gagner toujours un peu plus de temps.
La dernière mise à jour de Claude s’inscrit dans cette mouvance et doit interpeler les DSI autant par son potentiel que par les risques cyber qui peuvent en découler. En effet, Claude peut désormais créer et modifier des documents, des feuilles de calcul ou des présentations directement à la demande de l’utilisateur ! Plus besoin de passer par différents services IA tiers ou de multiplier les copier/coller entre Claude AI et les outils de bureautique.
Une édition de documents autonome par l’IA
Concrètement, il est maintenant possible de fournir à Claude des données brutes et de lui demander de produire une analyse complète dans une feuille de calcul, formules et graphiques inclus, données nettoyées et insights ajoutés. De la même manière, il est possible de transformer un long rapport PDF technique en une présentation PowerPoint synthétique et claire à destination d’un comité de direction, ou de convertir des notes de réunion prises à la volée en un compte-rendu Word structuré, identifiant les décisions clés et les actions à suivre. La création de contenu ex nihilo est également facilitée : la description d’un nouveau projet peut ainsi générer un premier planning sous format tableur, avec tableaux de bord ou modèles budgétaires. L’assistant peut aussi convertir un format en un autre : par exemple extraire les enseignements d’un CSV pour livrer un rapport PDF prêt à partager.

« Cela change complètement votre façon de travailler avec Claude AI : au lieu de recevoir uniquement des réponses textuelles, vous pouvez décrire précisément vos besoins, importer les données pertinentes et obtenir en retour des fichiers prêts à l’emploi » explique la startup dans un billet de blog.
Anthropic précise que pour l’instant, Claude peut éditer des fichiers “.xlsx” (Excel), “.pptx” (PowerPoint), “.docx” (WORD) ainsi que les PDF et peut créer des visualisations au format PNG et analyser des fichiers CSV et TSV.
De nouveaux risques cyber à adresser
Pour y parvenir, l’IA a accès à un environnement informatique sécurisé et privé (dans le Cloud d’Anthropic) où elle peut écrire et exécuter du code pour produire les livrables attendus. Cette évolution transforme fondamentalement l’interaction avec l’outil. Comme le souligne Anthropic, cette fonctionnalité fait passer Claude « d’un conseiller à un collaborateur actif », réduisant drastiquement le fossé entre une idée et sa réalisation concrète. Des projets qui nécessitaient auparavant des compétences multiples et plusieurs heures de travail peuvent maintenant être initiés et substantiellement avancés en quelques minutes.
Ce gain d’automatisation s’accompagne de sujets de sécurité et de gouvernance. Anthropic prévient explicitement que cette capacité donne à Claude un accès Internet pour créer et analyser les fichiers, « ce qui peut exposer vos données à des risques », et l’éditeur recommande de « surveiller de près les conversations ». Des analyses externes ont d’ailleurs souligné les risques de fuite liés à ce mode de fonctionnement si les garde-fous et la supervision font défaut.
Dit autrement s’il est essentiel pour les organisations d’opter pour le choix des plans Enterprise/Team avec SSO, gestion des identités et journaux d’audit, cela ne suffit pas. Il faudra aussi des politiques d’usage claires mais également des systèmes de surveillance des usages de l’IA à travers l’entreprise.
L’activation se fait dans les réglages (« Upgraded file creation and analysis »), avec possibilité d’export direct vers Google Drive. La fonction est actuellement en « preview » pour les abonnés aux plans Max, Team et Enterprise, et doit arriver « dans les semaines à venir » pour les abonnés Pro.
Cette capacité à interagir avec d’autres formats et applications ouvre des perspectives considérables. Au-delà du gain de productivité immédiat, l’émergence de telles fonctionnalités au cœur des très populaires assistants IA (que sont Claude AI, ChatGPT, Microsoft Copilot, Google Gemini ou Mistral Le Chat) préfigure une rapide redéfinition des flux de travail en entreprise. Leur potentiel à automatiser des processus à plusieurs étapes, à agréger des informations de sources diverses et à interagir avec les outils métiers existants promet de nouvelles optimisations et la création de cas d’usage jusqu’alors inexplorés. Un DSI averti en vaut deux…
Microsoft s’ouvre un peu plus encore aux modèles d’Anthropic
Jusqu’ici, le nom et les modèles d’Anthropic étaient plutôt associés à AWS et Google Cloud. Mais selon différentes sources américaines dont The Information, Microsoft prévoit d’intégrer les modèles IA d’Anthropic, en particulier Claude Opus et Claude Sonnet, dans certaines fonctions de Microsoft 365 Copilot, tout en continuant à utiliser ceux d’OpenAI. Cette décision, motivée par de meilleures performances d’Anthropic dans des tâches complexes comme l’automatisation financière dans Excel ou la création de présentations PowerPoint, vise à améliorer la qualité et la fiabilité de l’outil sans modifier son prix de 30 $ par utilisateur et par mois.
Voilà une étape qui marque un peu plus les trajectoires de plus en plus divergeantes entre Microsoft et OpenAI, alors que Microsoft vient d’introduire son premier modèle frontière « MAI-1-Preview » (également utilisé dans certains cas par Copilot) et qu’OpenAI marche ouvertement sur les platebandes de LinkedIn en préparant son OpenAI Jobs Platform, un service de recrutement propulsé par l’IA, destiné à mettre en relation entreprises et candidats.
Ces indiscrétions confirment le changement de stratégie chez Microsoft qui cherche désormais à apparaître comme un partenaire multimodèle plus qu’un partenaire OpenAI. L’éditeur avait d’ailleurs déjà ouvert son GitHub Copilot aux modèles d’Anthropic et même choisi d’utiliser par défaut Claude Sonnet pour animer son nouvel outil GitHub Spark.
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