Développeurs et IA : vers du développement durrable

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Développeurs et IA : le développement durable

Par La rédaction, publié le 20 juillet 2023

Dans un monde où l’IA et l’automatisation remodèlent le paysage technologique, le rôle et l’importance des développeurs sont fréquemment remis en question. Loin d’être menacés, ces professionnels du numérique sont en pleine réinvention : le métier de développeur évolue ainsi vers un rôle plus stratégique et visionnaire.


Par Nicolas Lenglet, Professional Service Manager chez Prodware


Automatisation, Intelligence Artificielle, No-Code ou Low-Code… Si le progrès technologique n’a jamais autant fait parler de lui, ni occupé à ce point les conversations et les tribunes d’experts, la main-d’œuvre humaine cherche, de son côté, à trouver de nouveaux repères au milieu d’innovations qui semblent pouvoir facilement se passer d’elle.

C’est un débat continu, permanent et de plus en plus aigu, que celui de la place de l’humain dans son environnement technologique. Car, tout en étant créée par lui, la technologie acquiert une forme d’indépendance. Le rythme toujours plus accéléré de son évolution participe à ce mouvement. Défiant toute prétention à la stabilité ou à la permanence, elle fabrique une inlassable remise en question de tout ce qui semblait acquis ou durable. Elle reconfigure ainsi en profondeur les champs d’activité dont elle bouleverse les organisations, toutes engagées dans des processus d’adaptation perpétuelle. 

Le développeur n’échappe pas à cette règle. Il doit remodeler son rôle et ses compétences à des technologies de plus en plus précises et efficaces pour compléter ses missions. Si la maîtrise du langage informatique lui fournissait jusqu’alors un pré-carré confortable – et un pouvoir non négligeable –, la démocratisation des applications No-Code et Low-Code ou la présence de plus en plus intégrée de l’Intelligence Artificielle redéfinissent aujourd’hui le territoire d’expression de sa véritable compétence. 

Bien qu’elles se situent bien loin des problématiques de l’IA en théorie, trois fonctions sont éclairantes quant à la nécessaire adaptation d’un métier finalement loin d’être menacé.

L’architecte

L’évolution du métier de développeur suit logiquement celle de la technologie qu’il utilise. Dans la programmation classique, l’algorithme définit une façon de faire, une action à exécuter, de manière finie. De son côté, le développeur comprend une demande, la traduit en langage informatique, et trouve une solution A à un problème A. L’Intelligence Artificielle générative apporte désormais une dimension supplémentaire : les modèles d’apprentissage. C’est une nouvelle façon de coder. Le logiciel interprète la demande, la traduit, et offre une réponse qui prend en compte quantités d’éléments complémentaires, comme le contexte, ou l’historique des demandes similaires pour apporter une solution toujours plus pertinente et appropriée.


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De la même façon, le développeur s’empare de plus en plus des problématiques métiers et de leurs contextes pour trouver la meilleure solution non plus grâce à une réponse strictement technique, mais par une vision plus générale de l’ensemble du sujet. Il ne se contente plus d’exécuter, il analyse, il projette. Les outils qu’il utilise pouvant la plupart du temps le remplacer sur les dimensions strictement opérationnelles, il préfigure plus qu’il ne conçoit. Cette prise de hauteur évoque celle habituellement dévolue à l’architecte. Ce dernier doit maîtriser l’ensemble des paramètres, la conception des plans, l’ingénierie, mais surtout proposer un ensemble cohérent, un projet aussi précis qu’intelligent. Il ne conçoit pas tous les plans, ne vérifie pas la juste mise en place de chaque pente d’écoulement des eaux, mais assure la supervision de l’ensemble pour s’assurer que le projet préalablement imaginé suit son cours et tient la route.

Le chef d’orchestre

Les avancées successives de l’Intelligence Artificielle et du développement ont tout d’une partition musicale qui s’enrichit de nouveaux instruments, en devenant à la fois plus complexe et plus harmonieuse par la magie de la virtuosité. En rendant les technologies accessibles à des néophytes, les solutions de développement Low Code et No Code ou l’automatisation du développement d’applications illustrent ce constat. Elles symbolisent l’alliage de la précision technique et des compétences technologiques en même temps qu’elles associent facilité et logique intuitive.

Dans ce contexte, le développeur passe du rôle de musicien virtuose à la technique irréprochable à celui de chef d’orchestre. Il n’en perd évidemment pas la maîtrise (tous les chefs d’orchestre vous le diront) mais s’éloigne de la partition individuelle pour assurer la cohérence de l’orchestre. Il devient le garant du tempo, que l’on peut associer dans le registre de la programmation à l’identification de la solution la plus pertinente à un enjeu précis. Il est responsable de l’harmonie et de la mélodie, soit la juste utilisation de chacune des solutions proposées par les outils mis à sa disposition. Il est aussi la caution émotionnelle de l’œuvre jouée, l’apport nécessaire de la rencontre entre intention initiale et résultat final. Cette appréhension de ce qui est entre les lignes, du non verbal, de la vision à moyen terme, est précisément ce dont la machine est dénuée. Chaque partition jouée est alors d’une précision chirurgicale, ainsi chaque instrument s’efface au profit de l’œuvre collective. Les frontières entre les tâches de chaque membre de cet ensemble se font plus poreuses, plus floues, mais la musique n’en est que plus riche. 

Le directeur sportif

Dans n’importe quel sport, le club est l’institution, le joueur la partie émergée de l’iceberg, et le directeur sportif le maillon essentiel qui assure le bon fonctionnement de tous les rouages de cette mécanique de précision. Il s’assure de l’optimisation de chacune des ressources à sa disposition, les choisit, les accompagne dans leur développement, crée du lien entre elles, et fixe le cadre commun à toutes pour garantir le succès du collectif. Le développeur a de nombreux points communs avec le directeur sportif. Il est doté de toujours plus de compétences stratégiques, de missions d’anticipation et de prospective. Plutôt que de réagir en temps réel à une situation, il doit l’avoir anticipée, et avoir imaginé une réponse appropriée, potentiellement automatisée. 


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Cette évolution témoigne d’un changement fondamental dans l’approche de ces métiers du point de vue du rapport à la temporalité. D’un temps présent immuable, dans lequel un problème doit être résolu, le développeur agit en effet désormais sur une échelle temporelle plus diffuse, plus étalée. Pour s’assurer de l’utilisation optimale des bons outils, il doit être en mesure d’estimer parfaitement son périmètre de responsabilité, d’en connaître les objectifs, les enjeux, mais aussi les failles potentielles ou « zones à risque ». Il doit également organiser la surveillance en continu pour optimiser ses outils en temps réel. Un bon directeur sportif est capable de faire en sorte d’optimiser son équipe sur de longues périodes, tout en mettant en place des processus, outils de gestion, recrutements qui donneront leurs fruits bien plus tard. Cet équilibre entre présent et futur est la nouvelle frontière temporelle du développeur contemporain.

Chacune étant une allégorie de l’évolution nécessaire du métier de développeur, le point commun de ces trois métaphores est la qualité de coordinateur, de visionnaire, de penseur au sein d’une organisation globale. C’est dans cette capacité de projection que l’avenir de ce métier semble assuré, dans cette nouvelle frontière en perpétuel mouvement que s’inscrit son nouveau territoire. En abordant son rôle comme une dimension en constant ajustement, dépendant sans cesse d’un environnement en mutation, le futur des développeurs ne sera vraisemblablement jamais menacé, et leur rôle toujours plus prépondérant. 

Du reste, avec l’universalité potentielle des solutions proposées par l’Intelligence Artificielle, des jumeaux numériques aux développements Low Code ou No Code en tête, ne sommes-nous pas déjà tous des architectes, des chefs d’orchestre et des directeurs sportifs qui s’ignorent ?


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