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Le CNES libère sa productivité avec des lunettes connectées
Par Marie Varandat, publié le 31 octobre 2022
Pour améliorer leur assistance à distance par les experts, le Centre national d’études spatiales équipe ses opérateurs de terrain du mini PC Edge relié aux lunettes connectées de Dynabook. Il espère ainsi gagner un temps considérable en limitant les déplacements de ses experts.
Le Centre national d’études spatiales, ou CNES, emploie plus de 2 000 personnes réparties sur quatre sites : deux à Paris (75), un à Toulouse (31) et la base de lancement à Kourou (97).
Port spatial de l’Europe, le centre spatial guyanais occupe à lui seul plus de 700 km², soit l’équivalent en légèrement plus grand de la ville de Paris.
Autant dire que quand un technicien sur le terrain a besoin de l’assistance d’un expert situé dans les bureaux à l’autre bout du site, il peut attendre longtemps ! « Se déplacer au sein du centre spatial peut prendre jusqu’à 20 minutes, sans compter le retour. Les employés doivent souvent effectuer plusieurs allers et retours dans la même journée. On imagine donc aisément le nombre considérable d’heures qui sont ainsi perdues », souligne Antoine Barache, chef de projet et ingénieur systèmes d’information à la DSI du CNES. Sans compter que l’expert peut aussi se trouver sur un autre site, à des milliers de kilomètres.

Les lunettes connectées ont aboli les distances entre les opérateurs de terrain à Kourou et les experts qui les assistent pour leurs opérations de contrôle ou de maintenance.
C’est précisément pour éviter ces pertes de temps en déplacement, mais aussi faciliter le travail des collaborateurs intervenant en milieu contraint (avec un accès limité à quelques personnes, comme dans une salle blanche), que la direction informatique a souhaité mettre en place une solution de communication entre experts et opérateurs de terrain. Toutefois, comme le souligne Antoine Barache, « sans visuel, cela reviendrait à dépanner un ordinateur à distance sans savoir ce qui est affiché à l’écran, avec un opérateur qui tente tant bien que mal de vous expliquer la situation. Compte tenu de la complexité des équipements que nous gérons, les experts ont besoin de transmissions vidéo en haute définition et en temps réel pour avoir une vision précise du contexte d’intervention. Les techniciens, eux, ont besoin d’une solution qui ne gêne pas leur dextérité. »
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Des contraintes de sécurité particulières
Des lunettes connectées et le dispositif de communication associé apparaissent comme la meilleure solution. Mais, comme on peut aisément l’imaginer, l’industrie spatiale est un milieu hautement sécurisé. Toutes les solutions utilisées par le CNES doivent donc être préalablement certifiées. « Résultat, aucun appareil Android ne peut aujourd’hui se connecter à notre réseau, précise le chef de projet du CNES. De la même façon, nous n’utilisons pas de solution de cloud public à ce jour. »
À l’heure du choix, le Centre national d’études spatiales a donc cherché une solution compatible avec ses environnements sous Windows et qui réponde à ses contraintes de sécurité. Fort étrangement, il n’a pas retenu les Hololens ou encore Teams, deux solutions de Microsoft qui semblaient pourtant logiques dans son contexte. À cela deux principales raisons : dotés d’écrans translucides, les Hololens n’offrent pas une visibilité optimale en extérieur et, comme Teams, elles supposent un compte Azure pour se connecter, approche incompatible avec la politique actuelle du CNES qui exclut toute utilisation du cloud public.

Antoine Barache,
chef de projet et ingénieur systèmes d’information à la DSI du CNES
« Pensé pour l’assistance à distance de l’opérateur de terrain par un expert, ce système va nous faire gagner un nombre d’heures considérable. »
Procédant par élimination, le CNES est finalement arrivé au combo Dynabook + Teamviewer. Composée du Mini PC Edge DE100/DE200 et de lunettes à « réalité assistée » AR100 de Dynabook, la solution dynaEdge AR a été couplée à la suite de logiciels Frontline de TeamViewer.
Au-delà de la compatibilité Windows, ce choix a été motivé par un ensemble de raisons dont la présence du kit mains libres de dynaEdge AR et la solidité des lunettes : en Guyane, la température atteint facilement les 38 degrés Celsius et les précipitations annuelles dépassent 3 300 mm, ce qui suppose un matériel adapté.
Parallèlement, le mini PC Edge se comporte comme n’importe quel périphérique équipé d’un Windows. De la taille d’un smartphone, il est suffisamment puissant pour héberger la solution de communication, mais également tout logiciel pouvant être utile au technicien de terrain, par exemple un VPN utilisé en situation de nomadisme pour permettre à un opérateur de se connecter via le réseau 4G. « En réalité, l’opérateur a son environnement de travail accroché à la ceinture avec un écran sur un œil, explique Antoine Barache. J’exagère à peine, mais s’il veut ouvrir un PDF, il peut. Et le dispositif est pensé de telle sorte qu’il reste entièrement libre de ses mouvements et peut s’interfacer avec n’importe quelle configuration réseau du CNES. »
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Des flux bien catégorisés
Côté logiciel, le CNES a testé d’autres solutions de communication compatibles Windows, mais Frontline s’est distingué notamment par sa capacité à prioriser les flux : si la connexion faiblit, l’image est dégradée pour donner la priorité au flux audio par exemple. « Il faut bien comprendre que Frontline n’est pas un outil de réunion à plusieurs, mais un outil pensé pour la relation expert-opérateur. Quand une caméra s’active, c’est uniquement celle de l’opérateur de terrain. De la même façon, l’expert peut écrire sur l’écran de l’opérateur pour lui donner des consignes en direct par exemple. De fait, la suite logicielle est truffée de fonctionnalités, comme la possibilité d’annoter une photo prise avec la caméra des lunettes. Cela correspond parfaitement à nos besoins », précise Antoine Barache.
Accompagné par Dynabook, le CNES a débuté il y a environ un an une phase de tests rigoureux pour valider la compatibilité et la conformité aux exigences strictes de sécurité, ou encore pour vérifier la résistance et le bon fonctionnement des équipements en conditions climatiques extrêmes. La solution est certifiée depuis janvier et prête pour être déployée auprès des collaborateurs qui en feront la demande.
LE PROJET EN QUELQUES CHIFFRES
700 km² : Taille du site guyanais
20 minutes : Temps parfois nécessaire pour rejoindre un opérateur sur le terrain
4 sites : distants de milliers de kilomètres reliés par le dispositif de lunettes connectées
L’ENTREPRISE
Activité : Agence spatiale française
Effectif : 2 357 collaborateurs
CA : 2,78 Md€ (2020)
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