Green IT

Sobriété numérique – La Banque de France entend maitriser son impact environnemental

Par Marie Varandat, publié le 16 août 2023

Mise en place dès 2019, la démarche numérique responsable de la Banque de France est aujourd’hui très structurée. Grâce à la mesure, la banque centrale peut identifier les axes de progrès à réaliser.

Convaincue de son devoir d’exemplarité, la Banque de France a placé le développement durable, et plus particulièrement l’empreinte du numérique, au cœur de sa stratégie. Dès 2019, l’institution bancaire adoptait l’économie circulaire pour la gestion des postes de travail et lançait ses premières expérimentations sur la sobriété numérique. « Nous avons commencé par la sensibilisation autour de la messagerie, se souvient Agnès Comte, spécialiste Sobriété numérique à la Banque de France. L’impact est certes modéré, mais la messagerie reste l’outil le plus utilisé par nos collaborateurs et donc un excellent levier pour présenter le sujet et sensibiliser. »

99 % de taux de réemploi des postes de travail
52 % de réduction du parc des imprimantes (d’ici 2024)
9 % de réduction de la consommation des datacenters (d’ici 2024)

Pour aller plus loin, la banque s’est dotée en 2021 d’un pôle de trois personnes pour piloter un plan orienté autour de trois grands axes : sensibilisation des collaborateurs, professionnalisation de la mesure, et éco-conception. « Nous avons pris le parti de commencer avec une équipe ramassée mais qui, grâce à son positionnement, a la capacité et la légitimité à mobiliser les ressources de toute l’organisation », explique Delphine Lescarcelle-Evin, directrice à la DGSI.

La méthode rodée de la Banque de France

Mise en place dès 2019, la mesure de l’empreinte du SI a été facilitée par un inventaire particulièrement bien renseigné qui s’enrichit tout en prenant en compte l’évolution des normes, des facteurs d’émission et du périmètre considéré. « Nous avons dû émettre des hypothèses plausibles pour pallier le manque de certaines données, précise Agnès Comte. Depuis, nous sommes entrés dans un processus d’amélioration continue en nous appuyant sur des regards externes pour limiter les risques de biais. » Après trois bilans consécutifs, la Banque de France dispose aujourd’hui d’une méthode rodée qui s’appuie sur l’analyse du cycle de vie (ACV) et la norme ISO 14040/44, préconisées par la Commission européenne dans le cadre du Product Environmental Footprint (PEF).

Tout au long de sa démarche, la banque s’est fait accompagner, notamment par le Club Green IT lors du benchmark qui lui a permis d’identifier l’éco-conception comme l’un des principaux leviers d’action. « Elle est en cours de déploiement dans tous nos projets, y compris dans nos choix d’architecture et de solutions applicatives », note Agnès Comte.


Au sein de la Banque de France, Delphine Lescarcelle-Evin est directrice à la DGSI et responsable du projet stratégique de Sobriété numérique

« La DSI porte la responsabilité de l’action, mais nous embarquons toutes les directions dans notre démarche »

— Delphine Lescarcelle-Evin (directrice à la DGSI et responsable du projet stratégique de Sobriété numérique)

Chacun peut suivre son emprunte environnementale

« La responsabilité de l’action est portée par la DSI parce qu’elle a le savoir du SI et les moyens en termes d’inflexion dans les orientations à prendre, ajoute Delphine Lescarcelle-Evin. Mais le numérique responsable est un sujet d’entreprise et nous faisons en sorte d’embarquer toutes les directions dans notre démarche. » Parmi les outils de sensibilisation employés : campagnes de collecte des téléphones personnels non utilisés ; conférences par des experts ; actions de « gamification » ; et même développement d’un profil numérique qui permet à chacun de suivre l’empreinte environnementale de ses usages.

Grâce à cette démarche très structurée, la Banque de France a déjà réalisé des progrès, mais se préoccupe de sa trajectoire à moyen terme. « C’est compliqué car nous évoluons dans un environnement très mouvant. Typiquement, les ratios d’équipement par utilisateur ont évolué entre l’avant et l’après-Covid. On ne peut pas non plus ignorer les enjeux de numérisation ou d’usage de la donnée dans nos missions. Le sens de l’histoire fait que le SI ne cesse de croître. Toute notre démarche consiste à contenir l’impact environnemental de ces évolutions », conclut Delphine Lescarcelle-Evin.


L’ORGANISATION

Activité : Banque centrale
Résultat avant impôt : 6,5 Md€ (2021)
Effectif : 9 857 salariés


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