Une IT plus green

Green IT

Feu vert pour une IT plus green

Par La rédaction, publié le 16 décembre 2022

Une IT motrice de la responsabilité environnementale

Synonyme de sobriété et de frugalité numérique, la notion de green IT ne traduit pas l’impact positif de certaines technologies sur l’environnement. Ces dernières sont pourtant de plus en plus au cœur de nombreux projets, contribuant de façon positive et mesurable à l’effort de réduction de l’empreinte environnementale de l’entreprise.

«Si on arrête l’informatique, la planète ira beaucoup mieux, c’est une réalité. Dit autrement, si l’on veut éviter le greenwashing, il faut regarder les problèmes dans leur ensemble. À quoi rime un logiciel éco-conçu avec des matériels recyclés et une excellente ACV (*), si c’est pour faire tourner une centrale à charbon ? Il faut se poser la question du sens de l’informatique que nous faisons. » Très engagé sur l’urgence climatique, Olivier Renaud, président d’Impakt, illustre son propos par un exemple concret : « La voiture autonome peut avoir un impact positif sur la planète dès lors qu’elle instaure un système de mutualisation. Mais si on remplace les véhicules existants par une voiture autonome dans un modèle un pour un, son impact sera catastrophique. Dit autrement, la plateforme technologique sera la même dans les deux cas, mais c’est le business model qui déterminera si l’impact est positif ou non pour la planète. »

La frugalité n’est pas une fin en soi

Ces dernières années, green IT a souvent rimé avec frugalité et sobriété. À titre d’exemple, l’ancienne génération d’onduleurs de Schneider Electric de 500 kW pesait une tonne. Aujourd’hui, la nouvelle génération pèse 690 kg, soit 310 kg de ressources de la planète économisées. Mais dans son étude « La frugalité numérique : une stratégie viable ? Un horizon désirable ? », Jean Leviste, de Sopra Steria Next, met également en avant les limites de cette démarche portée par la frugalité quand elle est appliquée de façon systémique : « La frugalité apparaît surtout comme un recentrage sur les enjeux, et invite les entreprises à reconsidérer l’essentiel, le superflu, et in fine à redéfinir leur proposition de valeur. » Et d’ajouter : « En miroir du solutionnisme technologique, un solutionnisme frugal charrierait les mêmes défauts : automaticité de la réponse en dehors de toute prise en compte du contexte, discours séduisant plutôt que méthode de travail. Recentrage, recherche de l’épure, la frugalité ne peut être qu’une stratégie de niche. Bien que désirable, elle ne peut donc être généralisable. »

Encourageant les DSI à réduire toujours plus leur consommation d’électricité, de matériaux rares ou encore d’eau, certains pionniers du secteur ont oublié que, sous contrôle, l’innovation technologique pouvait aussi être bénéfique à la planète, ainsi que l’illustre Fabrice Coquio, directeur général d’Interxion France : « Les clients américains de nos datacenters renouvellent leurs équipements tous les deux ans en moyenne, tandis que certains de nos clients français, des entreprises du CAC 40, hébergent des serveurs chez nous qui n’ont pas changé depuis 2012. Je suis convaincu que la problématique est assez similaire à celle des balladurettes, jupettes et autres primes à la casse pour remplacer les voitures polluantes. Si du jour au lendemain, on devait tous renouveler nos machines au profit d’équipements moins polluants, l’effet immédiat serait catastrophique pour la planète. Mais à moyen et long terme, l’impact est forcément bénéfique parce qu’on remplace des voitures qui consomment 15 litres aux 100 km par de nouvelles qui n’ont besoin que de 3 litres aux 100 km. » Et d’ajouter « avec un volume de données qui va augmenter de l’ordre de 140 % par an, heureusement que l’efficience du matériel, du logiciel, des datacenters et des systèmes intelligents est là pour absorber une telle croissance »

L’innovation technologique au service d’un business plus green

« Je suis convaincu qu’il existe aujourd’hui une formidable opportunité pour les DSI de se positionner en tant que solution aux enjeux environnementaux de l’ensemble de l’entreprise, et pas seulement en tant qu’acteurs de la réduction de l’impact environnemental de leur IT, estime Côme Perpère, directeur du développement durable et de la transformation de Microsoft France. Les solutions qui vont nous permettre de résoudre ces enjeux environnementaux de manière globale n’existent pas encore à l’échelle où elles devraient exister, mais nous y travaillons. » Microsoft a ainsi investi dans Climate Innovation Fund, une initiative ayant pour objectif d’accompagner des entreprises travaillant sur des innovations de rupture dans les domaines du carbone, des déchets, de l’eau et de la biodiversité. Parallèlement, la société a aussi donné naissance, il y a deux ans, à Planetary Computer, une base mondiale open source hébergée sur son cloud qui regroupe des pétaoctets de données environnementales. Accessibles via une API, elles sont destinées à toutes les entreprises souhaitant développer des applications en faveur du développement durable. 

Microsoft ne fait toutefois pas cavalier seul sur le domaine de « l’IT for Green ». Beaucoup d’innovations proviennent de start-up qui travaillent notamment sur le secteur de l’agriculture, à l’instar de Chouette qui a mis au point une détection automatisée des problèmes dans les vignes, en combinant drone et intelligence artificielle. De son côté, e-Lichens a investi dans l’analyse de la qualité de l’air pour proposer des services et des solutions de mesure locales et déployer des purificateurs. Sélectionnées dans le cadre du programme gouvernemental « French Tech-Green20 », Deepki collecte et analyse les données des acteurs de l’immobilier pour les aider à réduire leur empreinte carbone, tandis que Metron a développé une solution SaaS pour accompagner les groupes industriels dans la gestion de l’énergie. 

En réalité, le numérique durable a donné naissance à une multitude de solutions portées aussi bien par des start-up que par de grands groupes. Eramet, par exemple, a remplacé les déplacements en Jeep pour surveiller ses mines par des drones. FM Logistics, pour sa part, monte en puissance sur l’analyse de données pour optimiser sa logistique et réduire le nombre de camions sur les routes. Ceci sans compter bien sûr, les solutions portées par les acteurs de l’énergie.

L’IA pour mieux identifier les leviers d’optimisation

Tous ces projets ont un point commun : ils utilisent les données et l’intelligence artificielle pour identifier les leviers d’optimisation de la politique de développement durable de l’entreprise. Pour Charlotte Degot, directrice associée au BCG Gamma et co-auteure du rapport « Use AI to Measure Emissions-Exhaustively, Accurately, and Frequently », seule la technologie, et particulièrement l’intelligence artificielle, peut changer la donne, notamment dans le domaine de la mesure et du suivi des initiatives de green IT : « Ces nouveaux outils technologiques assistés par l’IA jouent un rôle crucial pour faire passer les entreprises au niveau supérieur de la mesure et du reporting, et finalement les accompagner dans la réduction massive de leurs émissions. Nous estimons que l’IA permet de réduire les émissions d’une entreprise jusqu’à 40 % grâce à l’identification des meilleures initiatives, au suivi des résultats et à l’optimisation des opérations de l’entreprise. » 

Typiquement, Google utilise un modèle IA pour limiter la charge énergétique de ses datacenters, ce qui lui a permis de réduire de 40 % le coût énergétique de leur refroidissement. Autant dire qu’en l’état actuel, un numérique raisonné contribue plus au développement durable qu’un numérique trop frugal. Marie Varandat

(*) L’ACV, ou analyse du cycle de vie, est une méthode d’évaluation normalisée (ISO 14040) permettant de réaliser un bilan environnemental multicritère et multi-étape d’un système sur l’ensemble de son cycle de vie.

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