

Data / IA
L’IA entraîne un besoin massif de formation des salariés du numérique
Par Xavier Biseul, publié le 23 septembre 2025
Selon l’observatoire de la branche Syntec, il sera nécessaire de former à l’intelligence artificielle près de 290 000 salariés du numérique et du conseil d’ici 2030. Pour l’heure, seul un quart de l’effectif a bénéficié d’une formation ou d’une sensibilisation.
À la fois utilisatrices et prescriptrices, les ESN, les sociétés de conseil et autres cabinets d’études sont doublement concernés par le développement de l’intelligence artificielle. L’Opiiec, Observatoire paritaire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’événement, a fait le point sur la transformation en cours de ces métiers dans un long rapport de 115 pages.
L’IA est tout d’abord une réalité économique pour neuf prestataires sur dix. En 2025, 258 000 salariés participent au développement, à l’intégration ou à l’accompagnement de solutions d’IA, soit 19 % des effectifs de la branche. 17 % du chiffre d’affaires du secteur est désormais lié à l’IA, marquant une transition économique majeure de ce marché de la prestation.
Les sociétés de services utilisent aussi l’IA pour leur besoins propres. 64 % d’entre elles recourent à des solutions dédiées dans leur quotidien et seulement 2 % ne prévoient pas de le faire pour des raisons avant tout financières et de confidentialité des données. Aide à la décision et à la planification, création de contenus, génération de code, renforcement de la cybersécurité… Les cas d’usage sont connus.
Un mouvement pour l’heure positif en matière d’emploi
La balance est pour l’heure positive. 28 % des entreprises ont créé des postes dédiés à l’IA et 21 % ont augmenté leurs effectifs, tandis que 7 % les ont réduits. À horizon trois ans, cette dynamique autour de l’IA pourrait créer 45 000 emplois, dont 31 600 dans le seul secteur du numérique.
Selon l’étude, 53 % des métiers ont une majorité de tâches faiblement impactées par l’IA, tandis que 5 % sont exposés à un risque d’automatisation élevé. L’IA a surtout vocation à « augmenter » les collaborateurs. Un quart de ces métiers ont un potentiel de transformation important, « c’est-à-dire que la réalisation des tâches (les constituant) pourrait être réellement aidée par l’utilisation d’IA. »
Le rapport de l’Opiiec cite l’analyste SOC qui pourrait détecter plus rapidement les menaces en laissant à l’IA le soin d’analyser les journaux de logs. Le data scientist devrait, lui, confier à l’IA le nettoyage des données ou la modélisation prédictive, pour se concentrer sur l’interprétation des résultats et la formulation des recommandations. Cette montée en compétences suppose des besoins de formation massifs. Actuellement, seulement 26 % des salariés ont été formés ou sensibilisés à l’utilisation de l’IA, révélant un écart important entre les promesses attendues et la réalité du terrain. Pour le réduire, l’Opiiec estime que 287 000 salariés additionnels devront être formés d’ici 2030.
Parmi les salariés déjà formés ou sensibilisés, 76 % estiment qu’ils auront besoin d’une formation complémentaire pour augmenter ou améliorer l’utilisation de l’IA dans leur travail. L’étude pointe des inégalités d’accès à la formation liées à l’âge et au genre.
Si 68 % des moins de 25 ans utilisant l’IA ont suivi une formation, seuls 42 % des plus de 55 ans en ont bénéficié. De leur côté, les femmes expriment un plus fort besoin de formation (86 % contre 61 % des hommes).
L’offre de formation initiale est jugée globalement satisfaisante. L’observatoire a recensé 1 200 formations dédiées. En ce qui concerne les formations continues sur l’IA, un peu plus de la moitié des prestataires (51 %) les jugent satisfaisantes au regard de leurs besoins. Pour améliorer encore la situation, l’Opiiec préconise de référencer sur son site les contenus pédagogiques favorisant l’autoformation et de créer une plateforme de micro-learning constituée « de modules de formation courts et ludiques sur l’usage de l’IA ».
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